mardi 30 août 2022

N’a-t-on rien appris?

N’a-t-on rien appris? L’arbitrage découlant des griefs déposés après la suspension injustifiée (et injustifiable) de Verushka Lieutenant-Duval en septembre 2020 a débuté ce lundi 29 août 2022 et tous les mauvais souvenirs de cette affaire ressurgissent… intégralement!

L’Université d’Ottawa continue de défendre les sottises publiques du recteur Jacques Frémont qui, en plus de cautionner la suspension de Mme Lieutenant-Duval, l’avait traînée dans une boue médiatique qui a laissé des cicatrices permanentes. Quant aux médias, ils ont tous été, sans exception, coupables de complicité et d’autocensure.

Rappelons des faits que les journalistes semblent avoir oubliés. D’abord, la professeure francophone donnait un cours en anglais. Le mot en « n » qu’elle a employé - dans un contexte purement pédagogique - était « nigger » et non « nègre ». L’utilisation de ce mot raciste était parfaitement justifiable dans une discussion universitaire sur la portée dudit mot.

Non seulement Mme Lieutenant-Duval a-t-elle été lynchée sur toutes les plates-formes médiatiques (sa démission a été réclamée par plus de 10 000 étudiants) dans un élan de wokisme débridé soutenu par le recteur, mais le conflit a pris une tournure antifrancophone dont ont été victimes le groupe de profs qui s’étaient portés à la défense de leur collègue.

La liberté universitaire, au cœur du débat, a été soutenue principalement dans les milieux francophones québécois, y compris dans quelques grands quotidiens. Mais les journalistes et les directions des salles de rédaction ont commis une faute qui, faite à répétition, accrédite la censure réclamée par les pourfendeurs de Mme Lieutenant-Duval. Ils ont généralisé l’expression « mot en n » au lieu d’exercer, et ainsi protéger, leur liberté d’informer sans entrave la population.

Dans le cas de la prof de l’Université d’Ottawa, cette censure porte d’abord à confusion. Les articles et reportages publiés mentionnent rarement qu’elle enseignait en anglais. Lecteurs et auditeurs croient que le « mot en n » était nègre, alors que c’était en réalité nigger. Le sens et la portée de l’un et de l’autre sont tellement différents qu’une précision est ici essentielle.

Mais l’effet le plus pernicieux est de faire croire que ces mots ne peuvent être imprimés ou prononcés dans les médias. En les censurant, on accrédite la thèse voulant que ces mots doivent être en tout temps bannis du langage, parce qu’intrinsèquement mauvais et agressants. Cette censure médiatique donne raison à l’Université d’Ottawa et condamne la professeure Lieutenant-Duval.

Je ne sais pas ce que l’arbitre décidera, mais je trouve l’affaire mal partie. Une chose est sûre. Au tribunal des médias, l’emploi systématique de l’expression « mot en n » sonne non seulement le glas de la liberté journalistique, mais aussi celui de la vérité et du gros bon sens…

2 commentaires:

  1. En espagnol et en portuguais, 'noir' se dit 'negro'. Il y a en Amérique Latine des centaines de rivière Noire qui portent le nom de Rio Negro. Le mot latin niger (noir) est à la racine de toutes les variations de ce mot mal aimé.

    RépondreEffacer
  2. Aujourd'hui, le 31 août, était la deuxième séance d'arbitrage. Plusieurs médias, dont Radio-Canada, Le Droit, La Presse, étaient présents. Aujourd'hui Madame Verushka Lieutenant-Duval commençait son témoignage. Elle était calme et ses réponse démontrait qu'elle maîtrisait son dossier. Elle a démontré, faits à l'appuie que l'Université d'Ottawa n'a même pas suivie la procédure normale et que sa suspension était totalement injustifié. La prochaine séance sera le 1 décembre prochain et l'administration universitaire aura la chance d'interroger Mme Duval

    RépondreEffacer