«Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément.» Nicolas Boileau, poète, traducteur et critique littéraire français (1636-1711).
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Alors allons-y. Voici une pensée que j'estime claire: tous les humains ont des droits égaux, et tout ce qui entrave l'égalité des droits pour tous les humains doit être combattu et au besoin, proscrit. Avec une telle règle, on mettra au ban toute inégalité résultant du sexisme, du racisme, ainsi que toutes formes de discrimination fondées sur l'orientation sexuelle, l'âge, la langue, la culture, etc.
Voilà! J'ai tout dit. Aller plus loin ne servira qu'à mêler les cartes et à embrouiller le langage. Vous voulez un exemple? Selon le Journal de Québec, une ex-candidate-vedette de Québec solidaire avait affirmé sur Twitter qu'un internaute ne comprenait pas le féminisme intersectionnel en raison de son statut d'"homme blanc cisgenre"»...
Vous savez ce que signifient «féminisme intersectionnel» et «homme blanc cisgenre»? J'ai beau fouiller tous les tiroirs de ma mémoire, je n'avais jamais entendu ces expressions dans quelque conversation que ce soit, avec amis ou connaissances, et je ne m'y suis intéressé qu'en lisant les textes au sujet de l'échauffourée à l'Assemblée nationale et la zizanie qui a suivi le gazouillis de l'ex-candidate de QS (voir liens en bas de page).
Revenons au point de départ: l'égalité des droits pour tous les humains. Tous les humains, cela inclut les femmes et ces dernières ont subi historiquement différentes formes de discrimination. Le féminisme vise à promouvoir les droits des femmes pour mettre fin aux inégalités. Jusque là, c'est clair, net et précis. Mais voilà qu'on se chicane en opposant ce qu'on appelle le féminisme classique au féminisme dit intersectionnel...
Expliquez-moi ça... «Certains groupes de femmes "vivent à l’intersection de différentes oppressions, et vont rencontrer des obstacles au cours de leur vie que d’autres ne vivront jamais", dit Mélanie Ederer, de la Fédération des femmes du Québec (FFQ). C’est pour ça qu’on parle de féminisme "intersectionnel".» Je m'excuse mais je ne comprends toujours pas pourquoi on veut compliquer ainsi la notion limpide de féminisme.
Bien sûr des femmes ou groupes de femmes vivent des oppressions différentes les unes des autres. Celles qui habitent dans des démocraties ont plus de droits et libertés que celles qui subissent des régimes autoritaires ou des dictatures. La femme a été traitée en inférieure dans la plupart des grandes religions, et l'est toujours. Certaines discriminations ont une origine raciale. Et ainsi de suite. Le féminisme combat toutes ces inégalités sans avoir besoin d'être qualifié d'«intersectionnel». Le féminisme n'est-il pas par définition intersectionnel? Le point de départ vers le redressement des inégalités varie pour chaque femme ou groupe de femmes, selon le pays, la race, la culture, etc., mais l'objectif d'égalité reste le même pour toutes.
Cette querelle sémantique semble avoir pour objet principal de mettre en vitrine des féministes plus dogmatiques et radicales, qui ont érigé en bannière un mot très tendance, intersectionnel. Ceux et celles qui s'y opposent paraîtront rétrogrades ou pire, imbéciles. Un peu comme les militants qui tentent d'enfoncer l'expression «racisme systémique» dans nos gorges. Vraiment combattre le racisme ne suffit plus. Si on n'ajoute pas, si on n'embrasse pas le mot systémique, soit comme aveu de culpabilité, soit comme accusation, on devient suspect... Embrouiller ce qui est clair est devenu une stratégie courante...
Alors si j'ai bien saisi l'astuce, ne pas comprendre cette notion de féminisme intersectionnel semble une tare plus fréquente chez les «hommes blancs cisgenre». Les hommes seraient-ils moins intelligents, voire inférieurs, ou ne vise-t-on ici que les hommes de race blanche? Ou peut-être seulement les mâles blancs «cisgenre»? J'ai dû vérifier la définition de cisgenre. Statistique Canada, qui s'y intéresse, l'explique ainsi: «Cette catégorie comprend les personnes qui indiquent que leur sexe assigné à la naissance est identique à leur genre actuel.» Quoi? On nous «assigne» un sexe à la naissance? Et moi qui croyait qu'on le constatait, tout simplement... Et que pour un humain, les mots «sexe» et «genre» étaient interchangeables...
Quoiqu'il en soit, le sexe des humains reste d'ordre biologique, Un homme c'est un homme. S'il change de sexe volontairement, ce n'est plus un homme. Et pour les fins de cette définition, l'orientation sexuelle ou le rejet d'un «genre» (dans le sens de «non-genrés»...) n'ont aucune importance. Tous les hommes doivent être libres d'assumer ou de choisir leur orientation sexuelle ou de se définir comme non-genrés s'ils le veulent Mais ils restent biologiquement des hommes, peu importe l'orientation sexuelle ou l'identité de genre qu'ils réclament. Sur le plan de l'utilité et de la clarté du langage, le qualificatif cisgenre ressemble un peu à intersectionnel... On peut, je crois, s'en passer...
Quant au ciblage des hommes blancs en particulier, faut-il alors comprendre que les hommes «racisés» de la planète auraient tendance à comprendre beaucoup mieux que les visages pâles le concept de féminisme intersectionnel? C'est de la bouillie pour les chats...
Revenons à la grille de départ. Pourquoi devrait-on discuter sérieusement d'une notion qui vient embrouiller le concept très clair du féminisme en attaquant l'intelligence ou l'intégrité de la quasi-totalité des hommes blancs? On les infériorise parce que ce sont des hommes (c'est sexiste), des Blancs (c'est raciste) et parce la quasi-totalité d'entre eux n'ont pas changé de sexe ou ne s'identifient pas aux courants «non-genrés»... Délirant!
Au risque d'être qualifié de béotien, je persiste à croire que l'égalité de tous les humains et le féminisme qui en découle sont des concepts à la fois simples, englobants, n'ayant pas du tout besoin d'être redéfinis à coups d'adjectifs savants dans les tordeurs idéologiques à la mode...
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Mon sourire du jour: les questions du recensement fédéral de 2021 sur le sexe et le genre. On a un sexe à la naissance et un genre après? À n'y rien comprendre...
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