Vendredi 8 juillet 2022
Pour celui ou celle qui voyage au Lac Saint-Jean, le Zoo sauvage de St-Félicien trône toujours près du sommet, au palmarès des endroits à voir. C'était déjà un incontournable en 1971 à ma première incursion au Lac-Saint-Jean. Avec le sentiment d'urgence accru en matière de protection des espèces animales et de la biodiversité en général, il l'est encore davantage en 2022...
Ginette, Claude et Jacqueline à l'entrée du zoo
Et pourtant, ce vendredi, roulant de nouveau sur la 169 vers l'ouest, en direction de Saint-Félicien, on n'a pu résister à l'attrait d'un endroit bizarre qui suscitait une ou deux interrogations à chaque fois qu'on passait devant - les Antiquités du Ranch. Ainsi, avant d'arriver au Centre de conservation de la diversité boréale (c'est ainsi que le zoo se présente), nous voici immergés dans un méli-mélo de bric-à-brac qui s'apparente - à sa façon - à un centre de conservation d'objets témoignant du vécu des humains d'ici.
C'est un endroit magique. Ceux et celles qui ont visionné Harry Potter et la coupe de feu se souviendront de cette minuscule tente où en y entrant l'on se trouve, par magie bien sûr, dans une pièce immense pouvant loger toute une famille. Voilà un peu les Antiquités du ranch. De l'extérieur, on dirait un modeste local où s'entassent sans doute le plus d'«antiquités» possible. Puis on entre. Une pièce de dimension quand même appréciable, remplie à craquer d'objets de tous genres, au plafond, sur des tablettes, sur des tables, sur le plancher, qui débouche sur une seconde pièce tout aussi capharnaüm, puis une troisième encore plus encombrée, et ça continue. À un certain moment, on se demande si l'on n'est pas empêtré dans un passage temporel sans fin...
Si j'avais pu, j'aurais passé une journée entière à fouiller les recoins des multiples pièces, véritable coffre à trésor (pour moi du moins), à la recherche d'objets plus fascinants et évocateurs les uns que les autres. Notre passé pêle-mêle, rassemblé par un collectionneur avide d'en faire son gagne-pain. La vie quotidienne de notre enfance, de nos parents et grands-parents. Radios, boîtes de tabac, cendriers, vaisselles, verres et coupes, outils, lampes, disques, affiches, globe terrestre, valises, chaises, bouteilles, horloges, plaques d'immatriculation, livres, cabanes d'oiseau... Enfin, la liste serait interminable. Chaque objet porte en lui une histoire, des personnes, des années de service. Et pour moi, qui affectionne le désordre, c'est un peu, beaucoup, le paradis.
Non, je n'ai rien acheté (seule Jacqueline a utilisé son portefeuille). Notre destination du jour était ailleurs. Et à 76 ans, les chances que j'y revienne s'amenuisent de jour en jour. Enfin, si jamais l'occasion se présente, j'apporterai mon lunch, quelques sacs vides et passerai des heures et des heures à épousseter le passé...
J'ai retrouvé cette vieille photo dans mes souvenirs de 1971...
Retour à la voiture où notre pilote Claude roule à travers Desbiens, Chambord, Roberval (où Samuel Girard devait parader la Coupe Stanley en fin de semaine), Saint-Prime (nom attachant pour un ancien journaliste défenseur des journaux qui s'impriment), pour finalement déboucher sur Saint-Félicien qu'on ne verra pas vraiment parce que la route 169 le contourne et qu'en bifurquant sur la 167 direction jardin zoologique, on s'éloigne de cette ville de 10 000 habitants. Enfin ce sera pour une autre fois j'espère...
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(première et seule parenthèse)
Saint-Félicien... Après les faux saints de St-Sévère et St-Gédéon, voici enfin un nom municipal qui commémore un vrai saint, Félicien, torturé et décapité à l'âge de 80 ans avec son frère Prime aux alentours de l'an 300 sous l'empereur romain Maximien. Je n'ai pas vraiment trouvé d'information sur les motifs qui ont pu pousser les fondateurs de Saint-Félicien à chercher un nom de paroisse dans cette époque de l'Empire romain, aux confins du 4e siècle.
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Nous voici enfin, en début d'après-midi, à l'accueil du Zoo sauvage. Un édifice à la fine pointe, avec salle de cinéma multi-sensorielle, qui n'a rien à voir avec les installations rudimentaires du jardin zoologique (c'est ainsi qu'on l'appelait en 1971 - voir photo ci-haut) que j'avais visitées il y a un demi-siècle. Mais le coeur de son attrait reste le même - c'est un zoo sans animaux en cage. En captivité, tout de même. Ils vivent, de fait, dans des aires plus ou moins petites, plus ou moins vastes, à l'intérieur desquelles les animaux peuvent circuler et interagir librement, dans la mesure du possible. Pour le visiteur, cela donne l'illusion d'un quasi-safari, circulant à travers le zoo sauvage dans un train à l'épreuve des intrus ou à pied sur des sentiers protégés.
Traversé par le cours d'eau Philippe, lequel se jette dans la rivière Ashuapmushuan à la hauteur de l'île Allard (tiens, tiens, j'aurais de lointains cousins au lac?), le zoo sauvage est divisé en territoires thématiques, avec un accent sur la faune de la forêt boréale nord-américaine mais mettant aussi en vedette d'autres régions de la planète, telle l'Asie orientale et la Mongolie. Pour en savoir plus, allez faire un tour sur le site Web du Zoo de St-Félicien à www.zoosauvage.org. Il y a plein d'infos. J'imagine qu'on aurait pu facilement y passer une journée entière, mais nous nous sommes contentés d'un après-midi tout à fait divertissant et fort instructif.
Une question que je me pose à chaque fois que je vois (à la télé) ou que je visite (rarement) un jardin zoologique: d'où viennent ces animaux? Comment ont-ils été capturés? Pour les arracher à leur environnement naturel, engage-t-on des chasseurs professionnels? Évidemment, si l'on doit exposer au public des animaux sauvages en captivité, mieux vaut le faire à Saint-Félicien que dans des cages comme cela se produit trop souvent. Dans notre tournée du zoo en «train», j'ai noté, notamment pour les bisons et les cerfs, la présence de familles, avec des veaux et des faons. Plusieurs de ces animaux seraient-ils donc nés au jardin zoologique? Je suis fasciné par la beauté de ces bêtes mais mal à l'aise de voir ce que l'humanité leur inflige, même quand cela se fait, comme au Zoo sauvage de Saint-Félicien, en douceur...
Serons-nous l'une des dernières générations à pouvoir admirer ces espèces dont l'habitat rétrécit et dont l'activité humaine menace déjà la survie? Je le crains tout en espérant que non. Voilà pourquoi il est impérieux, si l'on va au Lac, de passer par Saint-Félicien.
Retour d'une heure vers Dam-en-Terre pour un souper maison et une soirée tranquille, en attendant de prendre pour la première fois la route du Saguenay. Vers Tadoussac, le fleuve et les baleines...
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