lundi 26 septembre 2022

Mon pays n'est pas à vendre!


En lisant Le Devoir ce matin*, j'ai appris que l'identité québécoise se marchande. Le prix actuel? 10 milliards $ par année en beaux billets du Dominion... Quand François Legault parle fédéralisme, il revêt ses habits d'homme d'affaires... Si Ottawa paie le prix, Québec restera soudé à la fédération canadienne. Ni amour ni divorce... Une froide transaction commerciale...

Le cynisme d'un tel calcul me renverse. Pour une dizaine de milliards, notre premier ministre met tout, absolument tout sur la table. Y compris notre identité nationale. Il l'avoue lui-même dans l'entrevue accordée au quotidien montréalais. «On peut choisir de se priver de ce montant-là parce que c’est important de défendre notre identité, je trouve que c’est un combat légitime». dit-il. Mais c'est un combat que François Legault ne mènera pas. Notre identité, l'âme de notre peuple, a de toute évidence moins d'importance pour lui que les paiements de péréquation.

Comme journaliste, je m'étonne que l'équipe éditoriale du Devoir n'ait pas poussé M. Legault dans les câbles. L'adhésion à la fédération est-elle simplement un calcul monétaire? A-t-il d'autres arguments pour inciter les Québécois à partager leur lit avec les Canadians? Si les milliards n'étaient pas au rendez-vous, ou pire, si Ottawa accaparait plus de milliards qu'il en donne, redeviendrait-il souverainiste? 

Comme indépendantiste, l'attitude du premier ministre et donc, de la CAQ, me désole. Non, me révolte. À la limite, me donne la nausée. Rien n'est plus précieux que l'âme d'un peuple. Comme d'un individu. J'ai beau avoir renoncé depuis longtemps à la pratique religieuse, j'ai immédiatement songé à ce passage de l'évangile de Mathieu: «Et que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perdait son âme?» Troquer «l'être» pour «l'avoir» n'est jamais rentable.

Par ailleurs, si j'étais un Anglo-Canadien de Toronto, Winnipeg ou Moose Jaw, je serais un peu dégoûté. Pendant des décennies, on leur a opposé un combat axé sur les valeurs, sur l'identité, sur la langue, sur la culture. Et voilà que le premier ministre québécois leur annonce qu'en fin de compte, ce n'est qu'une question de sous. Nous sommes à vendre si vous êtes prêts à nous acheter. Notre prix: disons, 10 milliards $ par année. Pas de noble cause, pas de grands principes à défendre jusqu'au bout. Les poches pleines, on s'accommodera... Être un anglo, je nous botterais le derrière.

Alors M. Legault, ne venez plus nous parler de laïcité, de protection de la langue française, d'autonomie... Quand les tribunaux fédéraux auront dépecé vos lois au nom du multiculturalisme constitutionnel Canadian, il ne restera qu'une voie si vous êtes sincère. Refuser que des juges nommés par Ottawa, agissant au nom d'une Charte imposée par Ottawa, remettent constamment le Québec à sa place. Et vous savez ce qu'un tel refus entraînerait. Mais vous avez déjà exclu l'indépendance. Ça nous coûterait trop cher. Ottawa fermerait le robinet à dollars. Nous étions à vendre. Et Ottawa nous a achetés... Et on dirait une vente finale...

Aujourd'hui, j'ai voté fièrement pour le Parti québécois. Mon pays n'est pas à vendre!

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* texte du Devoir à https://www.ledevoir.com/politique/quebec/758781/legault-souligne-que-le-federalisme-rapport-10-milliards


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