Lundi 11 juillet 2022
J'ai toujours associé le lundi au temps maussade. Quand j'étais petit et que nous habitions à Ottawa près d'une voie ferrée du Canadien Pacifique - quatre familles, chacune avec sa marmaille dans la même maison - le lundi était jour de lavage et les cordes à linge étaient pleines. Plus souvent qu'autrement il pleuvait, au grand déplaisir des quatre mamans. Et c'était pire quand un vent du sud transportait la fumée des trains à vapeur dans nos cours...
Enfin, en ce lundi 11 juillet 2022, le soleil ne serait pas au rendez-vous et d'une certaine façon, des averses, ça tombait bien. Nous allions visiter à Chicoutimi «la petite maison blanche» qui avait survécu, du 19 au 21 juillet 1996, à ce qu'on appelle désormais «le déluge du Saguenay». Un temps maussade pour remémorer une épisode sombre où plus de 250 millimètres de pluie avaient laissé dans leur sillage dix morts, 500 maisons détruites et 16 000 personnes évacuées.
Reprise en après-midi de nos explorations de Saguenay. Dès qu'on aperçoit «la petite maison blanche» (devenue musée) dans l'ancien quartier du Bassin, englouti par les eaux déchaînées de la rivière Chicoutimi en 1996, la vue est saisissante. S'impose d'abord à l'oeil l'ampleur de la dévastation - un quartier entier a été emporté - mais aussi, et peut-être surtout, le caractère quasi miraculeux de la résistance d'une si petite structure alors que tout s'écroulait autour d'elle. Difficile d'imaginer qu'elle avait des voisins, un jardin, une pelouse, une rue devant... Elle donne l'impression d'être érigée sur une presqu'île au milieu d'un cours d'eau (voir photo du haut).
À une centaine de mètres de la petite maison blanche, en aval, se dresse un autre bâtiment que les flots du déluge ont épargné: le magasin général «La Commère», facilement repérable avec sa structure en brique et les chaises berceuses alignées sur le perron. Dans cette structure de 1910, on a voulu recréer l'ambiance d'un ancien magasin général du début du 20e siècle. Ce qui frappe à prime abord, surtout par une journée de grisaille, c'est la couleur. Des tablettes, du plafond au plancher, remplies de bonbons dans des emballages multicolores. De quoi carier toutes les dents du Québec. J'avais l'impression de me revoir, à l'âge de 6 ans, médusé devant le comptoir de bonbons et autres friandises de notre épicerie de quartier... Je n'ai pas trouvé de petites boules noires qui changeaient de couleurs en fondant dans la bouche mais j'aurais volontiers passé quelques heures à examiner ces gâteries une à une dans l'espoir que quelque souvenir jaillisse de mon enfance...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire