mercredi 7 septembre 2022

Les chemins d'été (6e jour)

Samedi 9 juillet 2022

La seule fois dans ma vie où j’avais vu une baleine, c’était à Puerto Vallarta, à l'hiver 2013 je crois, alors que je déambulais sur la promenade riveraine en plein centre-ville. Une baleine à bosse, assez loin dans la baie de Banderas. Depuis, j’ai arpenté deux fois toute la côte ouest de Terre-Neuve, longé les rives gaspésiennes, scruté le Saint-Laurent à la hauteur des Escoumins ainsi qu’à un poste d’observation des baleines aux Grandes Bergeronnes, sans jamais apercevoir un seul des milliers de cétacés qui sillonnent les eaux du fleuve et du golfe…

Le grand jour était-il enfin arrivé? Pleins d'espoir en cette matinée du 9 juillet, nous avons mis le cap sur Tadoussac pour une croisière aux baleines en bateau, empruntant pour la première fois la route 172 qui longe la rive nord de la rivière et du fjord du Saguenay, jusqu'au fleuve Saint-Laurent. En chemin on traverse peu de localités entre Saguenay et Sacré-Coeur (non loin de Tadoussac), mais le paysage est magnifique, en particulier quand la 172 s'accouple au trajet sinueux de la rivière Sainte-Marguerite, un repaire de fosses à saumon fort fréquentées par les amateurs de pêche.

Le paysage aux abords de Sacré-Coeur, en 1971

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(première - et petite - parenthèse)

Le nom complet de Sacré-Coeur, la plus grosse bourgade de la moitié est de la 172, est, tenez-vous-bien, «Sacré-Coeur-sur-le-Fjord-du-Saguenay». 30 lettres et 6 traits d'union. Un peu long... Imaginez faire ça à Gatineau. Ça donnerait «Gatineau-sur-la-rivière-des-Outaouais-ainsi-que-sur-la-rivière-Gatineau-et-sur-la-rivière-du-Lièvre»...

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Une fois arrivés sur la 138 (qui longe la rive nord du fleuve), le temps d'un copieux déjeuner-dîner au restaurant Chant Martin, Tadoussac la fébrile nous attend. Après une centaine de kilomètres silencieux en forêt, la municipalité quadri-centenaire semble une véritable ruche d'activité, bondée de touristes venus voir le berceau de la Nouvelle-France et la faune marine abondante.

L'hôtel Tadoussac, vu du quai d'embarquement

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(seconde parenthèse)

Contrairement à la vallée du Saguenay et la plaine du Lac Saint-Jean, colonisées à partir du 19e siècle, la baie de Tadoussac a accueilli Jacques Cartier en personne dès 1535 et abrité un port de traite permanent à partir de l'an 1600. Le nom Tadoussac prend son origine dans le mot autochtone totochak, qui signifie mamelles. Apparemment les cimes au-dessus de la forêt à cet endroit ressemblent à des mamelles.  Ouais, à regarder nos photos, peut-être un peu... Selon les témoignages des premiers Français à s'y rendre, Tadoussac a toujours été un rendez-vous commercial des Autochtones. Vers 1560, on pouvait y voir en même temps jusqu'à 20 navires normands, bretons et basques...

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Descente vers le quai de Tadoussac
La plage de Tadoussac

Avant midi, les stationnements de Croisières AML ne débordent pas, mais les espaces se font de plus en plus rares. Dans la longue marche vers le quai d'embarquement, sous un soleil de quasi-solstice, se démarquent évidemment la silhouette emblématique de l'hôtel Tadoussac (photo ci-haut), où j'aimerais bien passer une nuitée, puis le cimetière, la chapelle de carte postale et enfin, devant l'achalandée rue Bord-de-l'eau, la grande plage où quelques estivaliers captent les rayons du soleil et osent peut-être patauger dans les eaux frisquettes du fjord (moins froides quand même que celles du Saint-Laurent).

Au bout du quai, la file prend doucement forme en vue de l'embarquement. Suffisamment de temps pour un coup d'oeil 360 degrés. On ne peut manquer d'admirer les voiliers et yachts amarrés à Tadoussac. Je n'ose même pas m'imaginer le coût de ces embarcations. 50 000 $? 100 000$? 200 000? Plus? On voit aussi ce type de bateau de luxe aux quais de Dam-en-Terre, au Lac Saint-Jean. Depuis mon enfance, je n'ai jamais connu de gens suffisamment riches pour pouvoir se payer des yachts ou voiliers pareils. Et pourtant, ils semblent nombreux...



Finalement, vers 13 heures, on descend la passerelle vers le pont inférieur du Grand fleuve, une embarcation à trois ponts où le hasard détermine, selon que les baleines apparaissent à babord ou à tribord, si vous aurez ou non la chance de les voir. À moins de courir de bord en bord avec votre appareil photo en fonction des cris des passagers... Une chose est sûre: il fait froid sur le fleuve, où les eaux salées à 4 ou 5 degrés combinées aux vents du nord-ouest vous obligent à porter des vêtements d'automne/hiver en plein mois de juillet. Cela contraste avec les eaux de surface du fjord du Saguenay, qui atteignent 18 degrés...

Claude, Jacqueline et Ginette au large de Tadoussac

Après un détour à Baie Sainte-Catherine pour cueillir d'autres passagers au sud de l'embouchure du Saguenay, nous voici enfin en mer vers 14 h 30, direction Grandes Bergeronnes. La voix du capitaine, ou de son porte-parole, dirige nos regards vers les endroits opportuns en utilisant les heures d'une horloge («phoques à 11 heures!), (bélugas à 4 heures!), haussant le ton un peu comme l'animateur d'un match sportif. Tout à coup, un rorqual à bosse est aperçu, du mauvais bord évidemment, et je le vois disparaître sous les vagues en traversant. Nous aurons eu plus de chances avec les petits rorquals et les bélugas (nous en verrons des dizaines), qui semblent affectionner notre champ de vision. 

Un petit rorqual, tout près du bateau

Après trois heures de navigation sans avoir ressenti le mal de mer, nous pourrons dire que nous avons effectivement vu des baleines - des dizaines même, surtout des bélugas mais aussi des petits rorquals (des frères ou des cousins de ceux qui sont allés saluer Montréal au péril de leur vie?) Le pilote nous a informés que deux baleines bleues avant été aperçues en aval la journée précédente, mais elles ne sont pas aventurées près de Tadoussac. Dommage... parce que la baleine bleue est l'animal le plus gros de la planète, atteignant 30 mètres de longueur et pesant jusqu'a 100 tonnes...

Avant de quitter Tadoussac, nous avons visité le Centre d'interprétation des mammifères marins (CIMM), une mine d'information sur les baleines et autres mammifères (phoques) du Saint-Laurent. On y loge une collection de squelettes de baleines unique en Amérique du Nord, ainsi qu'une boutique dont les profits servent entièrement à financer la recherche sur les baleines. Je n'avais aucune idée de la diversité et de la quantité des espèces de baleines qui s'aventurent dans les eaux du fleuve, y compris dans le fjord du Saguenay. Ginette s'est fait photographier avec une corne de Narval, plus grande qu'elle (voir photo ci-dessous). Le narval, une baleine des eaux arctiques, est aussi appelée licorne des mers.


Sur le chemin du retour, un bref arrêt au pittoresque village de Sainte-Rose-du-Nord, sur le fjord du Saguenay, qui sera le point de départ de notre seconde croisière, le 13 juillet, consacrée entièrement au fjord. Après un autre souper substantiel, cette fois à un restaurant St-Hubert de Chicoutimi, hop sur la 70 et la 170 vers Alma et Dam-en-Terre.

nos derniers kilomètres de la soirée, arrivés sur la plaine du Lac

Demain: Retour au Lac Saint-Jean et cap sur Saint-Prime...


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