lundi 12 septembre 2022

Les chemins d'été (7e jour)

Dimanche 10 juillet 2022

La journée du Seigneur, septième de notre périple au Saguenay-Lac-Saint-Jean, nous a amenés dans une localité - Saint-Prime - dont le nom commémore un ancien martyr de la foi chrétienne. J'y reviendrai. Son histoire est intéressante. Mais notre destination, c'était Saint-Prime et la vieille fromagerie Perron, avec son cheddar de renommée mondiale.


Ceux et celles qui me connaissent bien savent que j'ai toujours tenu les produits laitiers à distance. Le fromage en particulier, dont je n'aime ni le goût ni l'odeur, en général. Je me suis adouci avec l'âge cependant et depuis quelques années, j'ai même pris goût aux pizzas et lasagnes. Alors j'ai volontiers suivi Claude, Jacqueline et Ginette dans une découverte fascinante de l'unique survivante des fromageries québécoises traditionnelles d'époques révolues.

------------------------------------------
(première parenthèse) 

Bon, avant de plonger dans la fabrication du fromage, parlons un peu de Saint Prime. Pas de la municipalité, fondée dans la seconde moitié du 19e siècle, mais du saint appelé Prime, frère de Félicien (celui qui a légué son nom à la ville voisine, Saint-Félicien). Emprisonnés pour avoir refusé de vénérer les idoles romains, Prime, âgé de 90 ans, et Félicien ont été jetés ensemble dans la fosse aux lions, qui ne leur ont fait aucun mal. Selon la légende, les spectateurs ébahis se sont convertis au christianisme. Pour en finir, l'empereur romain Maximien a ordonné qu'ils soient décapités. Le nom de la municipalité honore aussi le premier curé de la paroisse, Prime Girard, vers 1884.

------------------------------------------



Fondée en 1890 par Adélard Perron, la fromagerie qui porte son nom et celui de ses descendants faisait partie d'un vaste réseau de fromageries artisanales au Québec. En 1897, il y en avait 1266! Aujourd'hui, seule celle de Saint-Prime a survécu. Son caractère unique lui a valu d'être classée monument historique exceptionnel en 1989 par le gouvernement québécois. Les locaux de la vieille fromagerie ont été transformés en musée en 1992 et mettent en valeur les outils, instruments, processus et accessoires d'époque. On y découvre l'importance de l'industrie laitière et fromagère, tant pour la région du Lac Saint-Jean que pour le Québec tout entier, et bien sûr le prestige des cheddars Perron, primés ici et ailleurs. En 1972, la Grande-Bretagne avait cessé d'importer des cheddars canadiens, épargnant toutefois la fromagerie Perron à cause de la qualité exceptionnelle de ses produits!

Dans une fromagerie, apprendre à faire du beurre...

L'expérience du musée Perron se veut «participative». Je me méfie toujours de cette appellation, surtout si, à une fromagerie, cela implique de goûter à des fromages... Mais j'ai vite été rassuré. Une fois la visite fort instructive terminée, on voulait simplement nous enseigner à fabriquer du beurre avec de la crème 35% et un peu de sel dans un bocal. Il suffit de brasser le flacon contenant la crème et le sel jusqu'à ce que le contenu se transforme de liquide en solide. Ça prend environ 10 minutes et les poignets (les miens en tout cas) deviennent vite fatigués. C'aurait été plus facile, peut-être, en écoutant une chanson disco de la fin des années 1970... Pour le rythme du brassage...

Mais finalement, la crème se transforme... Soit en crème fouettée si le brassage n'est pas optimal, préférablement en beurre... Nous avons constaté avec soulagement que trois de nos quatre pots, à la fin, contenaient du beurre. L'autre, de la crème fouettée salée. Il ne nous restait alors qu'à passer le contenu des bocaux au tamis pour éliminer le liquide restant, et repartir avec un souvenir comestible de la fromagerie Perron. Petite fringale en sortant? Le restaurant Chez Perron attend, à une centaine de mètres, au bout de la rue Albert-Perron sur la 169. Non, je n'ai pas mangé de poutine. Plutôt un imposant (et excellent) hot dog avec 3000 calories de frites... 

Le restaurant de la fromagerie... personnes au régime s'abstenir!

Notre seconde destination, le Moulin des pionniers à La Doré, nous a permis encore une fois de voir du beau pays, mais vu l'heure tardive - fin d'après-midi - et les transformations qui limitaient l'accès au vieux moulin, nous avons dû rebrousser chemin. Le site a été transformé en parc d'attraction familial avec des jeux d'eau, des structures pour enfants et des sentiers en forêt. Quant au chalet d'accueil, disons qu'il nous a laissés tiède. On nous a informés qu'il y avait des toilettes à l'intérieur et à l'extérieur, mais qu'on préférait réserver au personnel la salle de bain intérieure... Bon, compris... Dehors tout le monde...


---------------------------------------
(deuxième parenthèse)

Une chose m'intriguait cependant. Le nom de la municipalité: La Doré. Pas La Dorée. Pourtant Doré, c'est masculin, et l'article «la» indique le féminin. C'aurait dû être Le Doré, non? Hop sur l'Internet, où j'apprends que le nom trouve son origine dans la Rivière-au-Doré, qui frôle la localité avant de se diriger vers le zoo sauvage de Saint-Félicien. Et là j'ai compris. En Outaouais, quand on parle de la rivière du Lièvre, on dit «la Lièvre». Cela doit paraître étrange parfois aux gens d'ailleurs. On a dû, de même façon, dire «la Doré» au lieu de la Rivière-au-Doré. Entre le «La» et «Doré» dans La Doré, il y a un mot invisible: rivière...

------------------------------------------


Sur le chemin du retour, un arrêt fortement recommandé à la charcuterie-chocolaterie de Métabetchouan-Lac-à-la-Croix, le genre d'établissement qu'on ne voit jamais, il me semble, dans la région de Gatineau... Enfin, en début de soirée, une épicerie au IGA d'Alma (une coopérative, bravo!) et retour aux conforts de Dam-en-Terre.

Demain: direction Jonquière et Chicoutimi...


Aucun commentaire:

Publier un commentaire