dimanche 31 octobre 2021

L'obscur cimetière de Duclos...



En ce jour de l'Halloween, journée des fantômes par excellence, parler d'un cimetière semble tout à fait approprié. Il s'agit d'un petit cimetière caché en pleine campagne avec seulement quelques tombes identifiables et des traces à peine visibles de ce qui fut jadis un affront aux autorités catholiques du Québec... Un endroit somme toute un peu lugubre, surtout par journée sombre ou à la tombée de la nuit...

Enfin continuons... Depuis près de 50 ans, j'emprunte régulièrement la route qui s'appelle aujourd'hui «chemin Cléo-Fournier», entre le village de Ste-Cécile de Masham et le hameau d'East Aldfield. À quelques km au sud du carrefour de Duclos se situe un obscur cimetière qu'on passe en un clin d'oeil à 80 km/h et où l'on peut voir, l'espace d'une nanoseconde, quelques vieilles tombes au fond d'une clairière.

J'avais à l'occasion entendu dire qu'on y avait enterré là à la fin du 19e siècle des Canadiens français protestants - une rareté au Québec - et que l'endroit était depuis longtemps laissé à l'abandon. Mais je ne m'étais jamais arrêté assez longtemps pour voir, appareil photo en main, ces reliques d'une époque révolue. Jusqu'à ce lundi de septembre 2021.

Revenant vers 10 h 30 de notre petit chalet au lac Sinclair (au nord-ouest d'East Aldfield) et voulant ralentir notre trajet jusqu'à «La patate à Carlo», à Ste-Cécile, où les hot dogs moutarde sucrée et frites font toujours notre bonheur, mon épouse et moi avons garé la voiture à l'entrée plus ou moins clôturée du champ qui abrite les restes d'anciens habitants d'une communauté depuis longtemps disparue.

Au fond du cimetière, adossées à un boisé et délimitées par des clôtures de bois et de broche, trois pierres tombales se démarquent. Une première à la mémoire du couple Louis Giroux (mort à 71 ans en 1899) et Émeline Larche (décédée à 80 ans en 1914); une seconde où repose le corps d'Amédée Giroux (mort en 1907 à l'âge de 26 ans); et la dernière au nom de Margaret Muckle (décédée à 52 ans en 1889).

Dans notre demi-pays dont la devise demeure envers et contre tous «Je me souviens», ces tombes évoquent plutôt le royaume de l'oubli. Ni la municipalité ni quelque société historique n'ont jugé bon d'ériger un monument ou une plaque digne d'attirer l'oeil des passants. Une recherche Internet offre peu de renseignements et c'est dans le livre L'autre Outaouais de Manon Leroux que j'en ai appris le plus sur une communauté rurale qui a dû, à son époque, susciter la controverse!

Citons Mme Leroux: «Dans le Québec catholique du 19e siècle, il était inconcevable pour la plupart des gens qu'un bon catholique canadien-français puisse, de son plein gré et sans raisons cachées, abandonner sa foi pour devenir protestant». Or c'est justement ce qui s'est produit aux environs de Masham, village situé au nord-ouest de Gatineau, sous l'impulsion d'un jeune pasteur presbytérien venu de France (ou de Suisse?), Jean Gatignol, marié à une certaine Sarah Duclos (le hameau de Duclos, tout près, porte son nom de famille).

Comment un pasteur protestant a-t-il réussi à attirer hors de l'Église catholique des gens qui vivaient au moment où le clergé avait une ferme emprise sur le Québec français? On a évoqué des chicanes entre l'ouest et l'est de Masham, possiblement sur l'emplacement de l'église Ste-Cécile, mais qui sait. Toujours est-il qu'une paroisse protestante prend forme à partir de 1885. Des anglophones s'y sont joints. Une petite église et un presbytère sont construits en 1890, adjacents au cimetière de l'actuel chemin Cléo-Fournier.

La communauté protestante s'est maintenue jusque dans les années 1920, selon Manon Leroux. Les bâtiments, vendus et détruits dans les années 1930, ont sombré dans l'oubli. Jusqu'en 1998, alors que la municipalité, s'intéressant de nouveau comme tout le monde à son patrimoine, a redécouvert la valeur de ce témoin d'un passé mal connu. «En 2003, raconte Mme Leroux, une grande fête de réconciliation a lieu, réunissant les catholiques de Masham et les descendants des protestants, éparpillés à travers le pays.»

En 2021, on voit encore les fondations de l'église, ainsi qu'une maquette réalisée lors des fêtes de 2003. Dans le cimetière, on a dénombré un total de 47 sépultures. C'est un endroit fascinant à visiter mais le chemin Cléo-Fournier est étroit et il n'existe aucune aire de stationnement à proximité. Je me propose d'y retourner un de ces jours pour l'examiner de bord en bord. Mais pas un soir de l'Halloween... J'ai beau avoir une carapace de 75 ans, il y a encore des endroits qui, à certaines heures, à certaines dates, me donnent le frisson...



mercredi 27 octobre 2021

Gatineau 2021... L'enjeu invisible...

Des édifices fédéraux où l'on parle surtout l'anglais...


Dans les années 1970, quand je couvrais pour Le Droit le conseil municipal de l'ancienne ville de Gatineau (avant les fusions de 2002), je m'étonnais toujours de voir qu'on pouvait passer des heures et des heures à discuter des tuyaux d'égout, alors qu'un dossier culturel ne suscitait à peu près aucun intérêt...

Nous sommes maintenant en 2021 et je me demande à quel point les choses ont vraiment changé au cours des cinq dernières décennies. En prévision des élections municipales du 7 novembre, la société Radio-Canada a commandé un sondage sur les priorités des résidants de Gatineau (voir bit.ly/3pBA8Ot) et la culture rallait seulement 1% des répondants, loin loin derrière l'état du réseau routier, l'accès au logement, l'itinérance, les taxes et même le 6e pont vers Ottawa... 

Bien sûr, toutes ces questions méritent une place dans l'ordre des priorités. Ce qui déçoit, c'est que les enjeux linguistiques et culturels en soient absents! Des coins stratégiques de Gatineau, en particulier les quartiers riverains des secteurs Hull et Aylmer, s'anglicisent à vue d'oeil dans l'indifférence générale et la progression de l'anglais entraîne un glissement identitaire qui ne peut manquer d'avoir des répercussions sur la vie culturelle de la quatrième ville du Québec.

Mais c'est quasiment un sujet tabou. Il ne faut surtout pas en parler. La ville de Gatineau se comporte déjà, à plusieurs égards, comme une ville bilingue même si, avec plus de 75% de francophones, elle demeure une municipalité française en vertu de la Loi 101. La ville a eu recours aux tribunaux pour imposer la connaissance de l'anglais à un commis aux finances, faisant tomber au passage un pan de la Charte de la langue française en matière de langue du travail. Récemment, une conseillère du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Nathalie Blais, se plaignait qu'à Gatineau, on exigeait que «tous les fonctionnaires cols blancs aient une bonne maîtrise de l'anglais» (bit.ly/3lRN0fJ).

Le conseil municipal s'intéresse-t-il suffisamment à la protection et à la promotion de la langue et de la culture française? Y pense-t-on parfois, pendant que la proportion d'anglophones dépasse 40% dans certains quartiers en bordure de la rivière des Outaouais et que des acheteurs ontariens (plus souvent qu'autrement anglophones) entrent à pleines portes dans de nouveaux projets domiciliaires qui leur sont clairement destinés? La ville a-t-elle au moins brossé un portrait global de l'état actuel de la francophonie gatinoise, avec ses forces et faiblesses, pour se faire une idée précise des actions requises et, peut-être, sait-on jamais, amorcer une discussion publique?

Il ne faut pas trop compter sur les médias pour soulever cette question pendant la campagne électorale, car ils semblent généralement peu informés de la situation; de plus, leur propre sondage indique que seulement 1% de la population considère la culture comme prioritaire. Pourtant, l'état actuel des médias va au coeur du débat (présentement inexistant) sur l'avenir du français à Gatineau. Les anciens hebdos ont disparu, il n'y a plus de presse écrite quotidienne de langue française, et les salles des nouvelles restantes ont des effectifs nettement insuffisants. L'information, support de la démocratie municipale, est de plus en plus fragmentée dans la jungle numérique. Il y a de quoi s'inquiéter.

Déjà, en matière d'affichage, de nombreux commerces font fi de la Loi 101. Parfois on peine à se faire servir en français. À Gatineau, les anglos sont accueillis (et s'attendent à être accueillis) à peu près partout dans leur langue, pendant que sur l'autre rive, les Franco-Ontariens en arrachent à tous les coins de rue. Quand, un jour, nous serons minoritaires (ou assimilés) au centre-ville de Gatineau et dans les secteurs riverains (les plus convoités), le mal sera fait et il sera trop tard. Le temps d'en parler, c'est maintenant. Mais n'y comptez pas. Le sort de la langue et de la culture françaises ne font pas le poids face aux nids de poule...


samedi 23 octobre 2021

Le poids du Québec aux Communes...



La chicane fini toujours par «pogner» dans ce pays impossible. Cette fois, il s'agit de la représentation du Québec à la Chambre des communes fédérale, appelée à diminuer en vertu des dernières propositions d'Élections Canada. Le nombre total de députés passerait de 338 à 342, mais le Québec verrait son contingent diminuer, de 78 à 77.

Bien sûr, la question nous intéresse comme peuple dans la mesure où nous restons sous l'emprise de la constitution et des institutions du Canada, et que la majorité anglo-canadienne continue de prendre des décisions en notre nom, sans notre consentement au besoin. Mais au-delà de prendre acte de notre régression démographique dans l'ensemble canadien, et de ses conséquences pour le nombre d'élus aux Communes, faut-il pousser de hauts cris et lever les boucliers?

Le premier ministre québécois François Legault a immédiatement réagi en sortant les gros canons, mettant au défi Justin Trudeau d'accepter que reconnaître le Québec comme nation a des «conséquences» et que l'un de ces conséquences serait de conserver «une proportion garantie des sièges aux Communes "sans égard à l'évolution du nombre d'habitants dans chaque province"» (voir bit.ly/3B2Rypi).

Pour lancer une espèce d'ultimatum au gouvernement fédéral anglo-dominant, il faut s'appuyer sur un rapport de force. Mais ce rapport de force n'existe pas. Que fera le Québec si Ottawa l'envoie promener et guillotine un siège de député fleurdelisé? Rien d'efficace! François Legault a déjà fait une profession de foi fédéraliste, écartant la seule menace musclée dont il pourrait disposer. Et même en supposant qu'Ottawa accorde cette petite faveur (qu'on ne cessera de nous rappeler et qui renforce notre apparence d'enfant gâté chez les anglos), notre proportion de sièges aux Communes diminuera tout de même puis que le total passera de 338 à 342...

Le Québec ferait mieux d'accepter stoïquement cette perte d'un député, tout en en tirant les enseignements qui s'imposent et en laissant savoir au reste du Canada que la démocratie dont Élections Canada se réclame n'a pas toujours fonctionné par le passé, surtout quand cela aurait avantagé le Québec.

Une petite leçon d'histoire ne ferait pas de tort. Retournons, pour les besoins de la cause, en 1943. Oui oui, 1943. Le bureau fédéral de la statistique venait de publier les résultats du recensement de 1941. Depuis le recensement précédent, celui de 1931, la proportion de Québécois dans l'ensemble canadien avait augmenté, passant de 27,7% à 29,07% (c'était l'époque où nous faisions beaucoup, beaucoup de bébés) et en vertu de l'article 51 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, le nombre de sièges du Québec aux Communes devait augmenter en conséquence.

Mais le gouvernement canadien succombera aux pressions du Canada anglais, inquiet que les francophones du Québec grignotent des points de représentation à leurs dépens. Le grand maître de la Grande loge orangiste de l'Ontario Ouest, J.W. Carson, réclame aussitôt un flot d'immigration britannique pour arrêter ou retarder «le mouvement de domination française». L'immigration comme arme contre le Québec français? Il me semble avoir entendu des débats récents là-dessus...

Retour rapide à 1941... Dans la redistribution de 1943 d'Élections Canada, Québec conserve le même nombre de sièges mais le Manitoba en perd trois, et la Saskatchewan quatre. Arriva ce qui devait arriver: le premier ministre du Manitoba proteste auprès de son homologue fédéral Mackenzie King, et l'Assemblée législative de la Saskatchewan adopte une résolution pour protéger ses sièges de député. Qui décide en fin de compte? Une majorité de députés anglo-canadiens aux Communes. Et qui favoriseront-ils? Les leurs bien sûr.

Le gouvernement libéral de l'époque a fait adopter une résolution demandant à Londres de modifier la Constitution canadienne pour reporter à la fin de la Seconde Guerre mondiale tout redécoupage électoral. Et bien sûr Londres a dit oui les yeux fermés, en dépit d'un fort mouvement de mécontentement au Québec. Les Québécois ont eu beau crier à la trahison du «pacte» confédératif, modifié sans leur consentement (cela arrivera de nouveau en 1982), on vient de leur rappeler que même à 29,07% de la population, ils restent une minorité et qu'au fond, ils ne décident rien du tout à Ottawa1.

Avec une proportion similaire de la population canadienne, le Québec compterait aujourd'hui 98 députés, et non 78. C'est dire à quel point notre poids a diminué en 80 ans. Et de toute évidence, il poursuit sa régression. Si, à 29%, on nous tassait sans cligner de l'oeil, imaginez ce qu'Ottawa fera alors qu'on tombera sous le seuil des 23% et que la francophonie canadienne oscillera autour de 20%. Il ne nous reste qu'une porte de salut: nous gouverner nous-mêmes dans un pays souverain, sans avoir constamment à dire s'il-vous-plaît à une majorité qui ne nous aime pas, en espérant qu'elle tienne compte de nos priorités, de notre langue, de nos valeurs...

Alors si j'étais François Legault, j'encaisserais la perte au nom de la nation, en n'oubliant pas de rappeler au Canada anglais son passé d'injustices à notre endroit, même en matière de représentation aux Communes. Et je commencerais à gouverner comme chef de la nation, sans tenir compte de cette constitution que nous n'avons jamais signée. Ce qu'on fait a toujours plus de poids que ce qu'on dit...

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1 À l'élection fédérale de 1944, le Québec n'avait pas le poids qu'il méritait. Cette proportion a été rétablie en 1947, au moment où une immigration massive avait repris et à deux ans de l'arrivée d'une nouvelle province massivement anglophone, Terre-Neuve.

jeudi 21 octobre 2021

Sommes-nous des «allochtones»???


Cela devient exaspérant, à la longue, de se faire définir parce qu'on n'est pas... Ces jours-ci, j'entends, de gauche à droite, qu'«on» n'est pas autochtones mais allochtones, qu'«on» n'est pas chez soi (territoires «non cédés»), qu'«on» n'est pas vraiment une nation (peut-être une société un peu distincte?). À la limite, qu'«on» n'a même pas le droit de dire «nous»...

Ainsi, simplement affirmer notre existence comme peuple devient, dans plusieurs milieux, une irritation... Pour moi tout ça, c'est de la bouillie pour les chats, mais à force d'écouter dans les grands médias ces soi-disant «progressistes», chantres d'un multiculturalisme obsessif qui voit partout les vices de la civilisation occidentale, le racisme des Blancs, l'oppression des mâles, l'obscurantisme des religions chrétiennes et quoi encore, on finit par réécrire les livres d'histoire. Et les Québécois de langue française, peuple accueillant, ouvert et métissé depuis des siècles, deviennent tout à coup une collectivité raciste et xénophobe pour ces thuriféraires d'une anglicisation massive portant habits de «diversité».

Je ne connaissais pas le mot «allochtone», du moins pas dans le sens qu'on lui donne maintenant. C'est sans doute impardonnable pour un vieux journaliste, mais je l'ai entendu pour la première fois comme synonyme de non-autochtone dans un reportage récent de Radio-Canada. Ainsi, d'un océan à l'autre, il y aurait des «autochtones» (mot qu'on ne définit jamais) et des «allochtones» (les autres 35 millions d'habitants, toutes cultures, races et langues confondues). Cette gigantesque marmite d'allochtones orne bien une page de dictionnaire, mais sur le plan sociopolitique, elle n'a aucun sens. Elle n'existe pas. 

Commençons par le terme «autochtone». Au Québec et au Canada, il n'a pas le même sens qu'ailleurs sur la planète. La Loi constitutionnelle de 1982 (Charte canadienne des droits et libertés), qu'on nous a imposée sans notre consentement, précise que les «autochtones» sont les Indiens, les Métis et les Inuit du Canada. Oui oui, on les appelle toujours «Indiens» dans la constitution fédérale. Pour les fins du recensement fédéral, qui sert à les dénombrer de façon officielle, c'est un peu différent. Statistique Canada indique que l'identité «autochtone» désigne les personnes «s'identifiant aux peuples autochtones du Canada». Un autochtone qui s'identifie à la société non-autochtone est-il compté comme autochtone? Et un non-autochtone qui s'identifie aux peuples autochtones, comment est-il compté? Je ne sais pas.

Pourquoi c'est important? Parce qu'on définit «allochtone» comme ceux et celles qui restent après avoir identifié et dénombré les autochtones. «On» s'y trouve... Selon le recensement de 2016, il y aurait au Canada 1 673 000 personnes s'identifiant comme autochtones. De ce nombre près de 600 000 se disent Métis. Déjà la frontière se brouille. Par définition, le Métis a le choix: il peut se présenter comme Autochtone ou, s'il préfère, non-autochtone. Au Québec, il se pourrait que plus de 50% de la population francophone aient un ou plusieurs ancêtres amérindiens. Cela ne fait pas d'eux des Métis au sens de la loi, mais doit-on pour autant les inclure automatiquement dans la marmite des allochtones?

Arrivés il y a plus de 400 ans, les Français transplantés en Amérique du Nord ont cohabité jusqu'à la fin du 19e siècle avec les Amérindiens comme alliés et amis (pas comme conquérants) et cette cohabitation a donné naissance à la nation métisse, reconnue autochtone par la Constitution. Des centaines de milliers de Métis ont comme ancêtres des Amérindiens et des Canadiens français. Cette co-paternité devrait suffire à nous épargner l'appellation allochtone sans nuances. Ajoutant le fait qu'étant enracinés sur cette terre, devenue ancestrale pour nous aussi, conquise en 1760 par des anglos dont le racisme s'étendait à nous presqu'autant qu'aux autochtones, les liens ont été coupés avec la vieille mère-patrie européenne. Le seul chez-nous que nos parents, grands-parents et arrière-grands-parents aient connu, c'est ici. Et ce chez-nous, pas plus que les chez-soi autochtones, n'a pas été «cédé» par qui que ce soit d'ici... 

En 150 ans de régime français, moins de 15 000 colons et soldats de France avaient émigré au Canada/Québec alors qu'en 1760, les colonies britanniques de la côte américaine comptaient plus de 1,6 million d'habitants. Les Anglo-Américains occupaient et peuplaient, chassaient les Amérindiens de leurs territoires et les exterminaient au besoin. Des Canadiens français vivaient côte-à-côte avec les Amérindiens à travers le continent, en alliés, adoptant souvent leurs us et coutumes. Cette association a laissé, outre une descendance métisse abondante, une empreinte profonde sur la culture québécoise et canadienne-française, même contemporaine. Dans la mesure où les Britanniques et leurs héritiers nord-américains ont voulu dominer les peuples autochtones, au point de les tasser dans des réserves, ils sont demeurés profondément allochtones. Dans la mesure où nous avons cohabité le continent avec les Amérindiens, chaque peuple laissant son empreinte sur l'autre, nous ne sommes pas devenus autochtones, mais sommes-nous pour autant restés «allochtones»? Je ne crois pas.

Autochtone et allochtone, c'est blanc et noir... La réalité, du moins la nôtre, a toujours été en teintes de gris...


mardi 19 octobre 2021

Le passé fait partie du présent...

Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas amateur de théâtre. Mon épouse est abonnée à toutes les présentations théâtrales de la saison à la Maison de la culture de Gatineau. Moi pas. Cependant, ce 15 octobre 2021, j'ai fait exception après avoir appris que la pièce à l'affiche proposait comme personnages principaux Pauline Julien et Gérald Godin... J'en suis revenu un peu, beaucoup, bouleversé...

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Catherine Allard, Pauline Julien

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Je n'avais pas vraiment d'attente. Je connaissais l'engagement politique et les écrits de Gérald Godin, et j'avais acheté à l'époque plusieurs 33 tours de Pauline Julien. L'une et l'autre évoluaient au coeur de la trame québécoise des années 60 et 70, que j'avais vécue comme étudiant puis comme journaliste. J'ai aussi lu quelques textes médiatiques sur cette pièce intitulée Je cherche une maison qui vous ressemble, et sur sa conceptrice, Catherine Allard. Au carrefour du théâtre et de la politique, entre narrations, dialogues et musique, j'avais bon espoir d'être tout au moins diverti. 

Dire que je le fus serait une litote. Comme sans doute bien d'autres têtes blanches (des vieux, pas des Blancs...) dans cette salle aussi bondée que le permettent les règles pandémiques, j'ai été happé par un tourbillon de souvenirs et une palette d'émotions allant de la nostalgie à l'amour, de la joie à la colère, avant d'être relancé aux grands débats québécois de ce début de 21e siècle.

L'entrée en matière est conviviale. La comédienne Catherine Allard rappelle à l'auditoire que son père Gérald Allard était Franco-Manitobain et qu'après avoir entendu Pauline Julien à Winnipeg en 1967, il avait plié bagages et élu domicile au Québec pour goûter à l'exubérance qu'il avait ressentie au cours du spectacle.

À la même époque, j'étais Franco-Ontarien et je me souviens qu'à l'automne 1968, alors que les étudiants avaient occupé pendant plus d'une semaine la faculté des sciences sociales à l'Université d'Ottawa, nous passions une partie des nuits d'occupation à refaire le monde en écoutant, plus souvent que d'autres, la «Suite québécoise» de Pauline Julien sur un vieux tourne-disques. En 1975, j'ai traversé la rivière des Outaouais pour de bon et encore aujourd'hui, je garde précieusement ce vinyle de Pauline Julien dans ma collection.

Le fait qu'une de mes filles s'appelle Catherine Allard, elle aussi artiste, femme d'affaires, montréalaise, ne fait qu'enrichir le parallèle. L'une aurait pu grandir franco-manitobaine, l'autre franco-ontarienne, n'eut été l'irrésistible attrait pour leur papa de cette ébullition libératrice au Québec des années 60 / 70, une révolution pas toujours tranquille d'où jaillissait toute une littérature de combat doublée d'un vaste éventail de chansons militantes portées, entre autres, par la plume de Gérald Godin et la voix de Pauline Julien.

Aux premières notes de La Manikoutai (2e chanson de la pièce, (bit.ly/3aXhV5b), je suis envoûté, ému. La musique, plus encore que les textes, a cette capacité de nous faire voyager dans le temps. Les disques des chansonniers (Gilles Vigneault, Raymond Lévesque, Claude Léveillée, Claude Gauthier et bien d'autres) sont autant de capsules temporelles qui font ressurgir cet élan de liberté qui secouait le Québec tout entier. La flamme de l'époque s'est largement éteinte, mais clairement, il suffit parfois d'une seule chanson pour rougir des braises encore chaudes... et les yeux... 

En suivant la chronologie de la liaison Godin-Julien, les comédiens Simon Landry-Désy et Catherine Allard nous font revivre quelques grands moments de l'histoire du Québec, y compris la nuit du 16 octobre 1970 (les mesures de guerre) et la victoire du Parti québécois du 15 novembre 1976. Dans la grande rafle fédérale de la crise d'octobre, Gérald Godin et Pauline Julien avaient été arrêtés et emprisonnés pour aucun autre motif que leurs convictions indépendantistes. Et six ans plus tard, le premier ministre Bourassa, l'un des artisans de l'intervention militaire fédérale de 1970, était défait dans sa propre circonscription de Mercier par le poète-journaliste Godin!

Ceux et celles qui voient aujourd'hui dans le projet d'un Québec français et indépendant des relents de racisme ou de xénophobie auraient tout avantage à s'assoir une heure et demie dans un théâtre pour voir et mijoter Je cherche une maison qui vous ressemble. Il y a 50 ou 60 ans, la lutte pour l'indépendance, la langue française et la laïcité était étroitement associée aux luttes mondiales de décolonisation et de démocratisation. Notre combat était celui des Noirs américains contre le racisme, des Latino-Américains contre l'impérialisme états-unien, du peuple grec contre la dictature des colonels, des Tchèques contre la répression soviétique.

Les mêmes personnes à Ottawa qui ont imposé le multiculturalisme à l'anglo-canadienne, qui ont lancé l'armée et la police contre 500 innocents en octobre 1970, qui ont infiltré et saboté l'élan souverainiste sont celles, qui depuis quatre décennies, martèlent dans les grands médias une désinformation massive contre le Québec et le français. Ils ont réussi, dans de larges franges de l'opinion publique, à inverser les perceptions, au point où un authentique mouvement de libération est maintenant vu par plusieurs comme une forme d'oppression à combattre. La pièce de théâtre évoque cette transformation de l'opinion, et la gêne ressentie par de nombreux Québécois face à l'affirmation collective. Quand on a vécu l'époque et qu'on connaît la vérité, c'est dur à prendre...

Le couple Godin-Julien a connu une fin difficile. Gérald Godin est mort en 1994, à la mi-cinquantaine, d'un cancer au cerveau sans avoir vu l'aboutissement de ses efforts. Pauline Julien, atteinte d'une maladie dégénérative, s'est enlevé la vie en 1998. Les échecs successifs ont aussi miné la santé du mouvement indépendantiste, qui peine à rallier les nouvelles générations. «La flamme peut-elle être ravivée?», demandait un spectateur à la Maison de la culture, vendredi soir, lors de l'échange avec les comédiens et musiciens après la pièce. C'était plus l'expression d'un espoir qu'une question à laquelle personne ne peut répondre de toute façon...

Mais tout n'est pas perdu. Les textes de Gérald Godin et la voix de Pauline Julien habitent toujours notre monde. Cette pièce de théâtre en témoigne. Et à Gatineau, territoire hostile s'il en fut pour les méchants «séparatistes», nous étions, ce 15 octobre 2021, plusieurs centaines d'indépendantistes dans la même salle à applaudir les chansons, les images... et ces textes rédigés par Marie-Christine Lé-Huu, une artiste née de père vietnamien et de mère québécoise, porteuse d'un Québec contemporain où de nouveaux métissages s'ajoutent, comme cela se fait depuis 400 ans, à la vieille souche française et l'enrichissent.

Quand Catherine Allard a chanté L'âme à la tendresse (paroles de Pauline Julien, musique de François Dompierre) vers la fin de la présentation, des larmes ont coulé dans la salle. Nostalgie, regret d'un temps et d'une cause perdus? La preuve, en tout cas, que le passé fait toujours partie du présent, et que chaque nouvelle expérience en colore nos perceptions. Et que la vie continue. Et que l'espoir demeure. Et qu'une étincelle peut une fois de plus enflammer les braises...


jeudi 14 octobre 2021

Élections Calgary et le rejet du français...

Dans son guide à l'intention des électeurs municipaux, Élections Calgary avait inclus - au-delà de l'anglais - des renseignements en dix langues: le chinois simplifié, le chinois traditionnel, l'arabe, le persan, le coréen, le vietnamien, le pendjabi, l'espagnol, l'ourdou (Pakistan) et la tagalog philippin. Pas un mot de français...

À quelques francophones qui s'en étaient plaints au début d'octobre, la ville a répondu: «Nous aurions voulu inclure plusieurs autres langues dans le guide, mais l'objectif principal était de communiquer avec la majorité des communautés calgariennes qui n'ont pas l'anglais comme langue première. Pour la plupart, les personnes qui parlent le français parlent aussi l'anglais et seront donc capables d'obtenir l'information contenue dans le guide.»

Je n'en reviens pas. Quelle clarté. Quelle concision. Toute la dynamique anglo-canadienne résumée en un paragraphe! Je n'aurais pu faire mieux. Tout, vraiment tout y est! Ce petit message d'Élections Calgary illustre à merveille le rejet fondamental du fait français au Canada anglais, et clarifie le besoin de freiner la «bilinguisation» collective du Québec qui mine l'esprit de la Loi 101. Passons en revue les deux éléments de l'argument avancé par Élections Calgary:

1. «Nous aurions voulu inclure plusieurs autres langues dans le guide, mais l'objectif principal était de communiquer avec la majorité des communautés calgariennes qui n'ont pas l'anglais comme langue première.»

On aurait voulu inclure «plusieurs autres langues»... Ainsi le français fait partie, au-delà de l'anglais langue commune et des dix autres précitées,  de ces «plusieurs autres langues» qui traînent ça et là dans le décor linguistique calgarien. Rien de plus. Une langue étrangère, lointaine, que l'on compte de la même manière que celles de toutes les minorités n'ayant pas l'anglais pour langue maternelle ou d'usage.

Par ailleurs, le critère déterminant pour le choix des langues tierces dans le guide électoral était «le souci de communiquer avec la majorité des communautés calgariennes qui n'ont pas l'anglais comme langue première». Ainsi on doit comprendre que l'on choisit les langues (autres que l'anglais) ayant le plus grand nombre de locuteurs, jusqu'à ce qu'on atteigne ou dépasse la majorité des électeurs. Comme on a identifié dix langues dont le français ne fait pas partie, on doit supposer que le français ne fait pas partie du palmarès des 10 langues «premières» à Calgary...

S'ils sont de bonne foi, ils ont commis ici une erreur. S'ils ne sont pas de bonne foi, alors ils ont fait exprès. Parce que le français, peu importe le critère, langue maternelle ou langue d'usage à la maison, fait partie des 10 langues les plus parlées après l'anglais à Calgary selon le recensement fédéral de 2016 (le plus récent disponible). Au chapitre de la langue maternelle, le français, avec plus de 20 000 locuteurs, occupe la 7e position, devant le persan et le coréen qui sont incluses dans le guide électoral. Pour ce qui est de la langue d'usage, le français fait moins bonne figure mais s'accroche toujours à la 9e place, devançant encore le persan et le coréen.

Une chose est sûre. Les Franco-Albertains, pourtant membres d'une collectivité de langue officielle du Canada, se retrouvent sur le même pied que les locuteurs de l'ourdou ou du tagalog. Cela se produit également dans d'autres grandes villes anglo-canadiennes y compris Toronto, Vancouver, Windsor et bien d'autres. On se souvient du maire de Windsor, Ontario, en 2016, laissant entendre que la connaissance de l'arabe pouvait avoir plus d'importance que le français dans sa ville...

2. «Pour la plupart, les personnes qui parlent le français parlent aussi l'anglais et seront donc capables d'obtenir l'information contenue dans le guide.»

Cet argument est le plus insidieux, et si on l'accepte, sa portée est catastrophique, même pour le Québec. D'abord il est vrai qu'à Calgary, l'immense majorité des francophones parlent aussi l'anglais. Mais attendons. Cela est aussi vrai pour l'ensemble des collectivités linguistiques autres que française et anglaise. Il y a à Calgary environ 380 000 personnes ayant une langue maternelle non officielle, et seulement 30 000 d'entre elles ne connaissent pas l'anglais. C'est moins de 10%. Sans aucune traduction, Élections Calgary aurait facilement rejoint plus de 90% des électeurs allophones. Mais c'est un argument qu'on a réservé aux seuls francophones... Hmmm...

Le message central est odieux, et dangereux. On nous dit que le fait pour un francophone d'être bilingue français-anglais constitue une justification pour lui offrir des services en anglais seulement. Il comprend l'anglais. Alors de quoi se plaint-il? C'est un argument difficile à contrer, surtout quand le bilinguisme collectif devient une simple étape vers l'assimilation totale à l'anglais. Il y a de plus en plus d'acceptation, de moins en moins de résistance dans la collectivité.

S'il se répandait, cet argument justifierait l'abolition des services en français dans des villes comme Ottawa, Sudbury, Moncton, Cornwall où des minorités francophones plus nombreuses sont bilingues à plus de 90%. Selon Statistique Canada, Ottawa compte à peine 12 000 unilingues français sur une population de 925 000 (chiffres de 2016). Et les Franco-Ontariens s'assimilent à la vitesse grand V. De l'autre côté de la rivière des Outaouais, à Gatineau, 4e ville du Québec, la majorité des francophones sont bilingues aussi. Peut-être bien à Montréal, également, et la proportion de bilingues y augmente sans cesse. Quand les Franco-Québécois seront bilingues à 90% - et cela viendra - l'argument de Calgary refera surface... chez nous! Et nous n'y pourrons rien!

Voilà pourquoi ce qui se passe à Calgary doit intéresser le Québec. Un jour, peut-être pas si lointain, nos Rhodésiens s'en serviront contre nous si nous n'établissons pas fermement au Québec un territoire où il est possible, pour la majorité des citoyens, de vivre en français seulement. Si on laisse progresser cette idée (fausse) que l'anglais est essentiel pour tous les Québécois, on se retrouvera un jour en train de lutter pour figurer parmi les 10 langues à traduire dans un dépliant électoral de langue anglaise...

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NB Élections Calgary a mis en ligne une traduction française de son guide électoral il y a quelques jours. La situation était embarrassante.


mardi 5 octobre 2021

Racisme systémique. Ça veut dire quoi?

Capture d'écran, La Presse, octobre 2021

Définition de «racisme systémique» dans l'édition 2021 du «Multi dictionnaire de la langue française» de Marie-Éva de Villers, le seul grand dictionnaire québécois et, de ce fait, bien documenté sur l'usage qu'on fait de cette expression en terre nord-américaine:

«Racisme systémique»: Discrimination à fondement racial résultant des objectifs, des procédures ou des pratiques des organisations, des institutions ou des États.»

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Pour ceux et celles qui voient du racisme partout sans vraiment savoir ce que c'est, «racisme systémique» est devenu l'expression passe-partout servant à débusquer tous ces racistes qui refusent de l'avouer et en particulier ceux et celles qui persistent à contester l'application mur à mur du concept de «racisme systémique».

Cet acharnement est particulièrement agaçant quand il vient du Canada anglais et s'adresse au Québec. On a vu récemment, avec le débat fédéral en anglais et ses séquelles, qu'une vaste majorité des Anglo-Canadiens considèrent (de toute évidence) le Québec raciste et certaines de ses lois, discriminatoires. Alors on n'a pas fini de harceler François Legault dans l'espoir de lui arracher le mot «systémique»...

Dans un climat médiatique et sociétal injurieux où n'importe quoi devient n'importe quoi, revenir au dictionnaire constitue un excellent moyen de ramener le débat au rang de dialogue sensé. Et si je propose le Multi dictionnaire, c'est parce qu'il a bonne réputation dans l'ensemble de la francophonie et qu'il est conçu ici, au Québec.

Il s'agit donc, en acceptant la définition ci-haut, d'une discrimination à base raciale «résultant des objectifs, des procédures ou des pratiques des organisations, des institutions ou des États». Pas d'une infirmière ou d'un groupe d'infirmières. Pas d'un policier ou d'un groupe de policiers. Pas d'un prof ou d'un groupe de profs. «Des organisations, des institutions ou des États». Des systèmes, quoi. On dit bien «systémique»...

Un exemple facile? L'esclavage aux États-Unis et les lois «Jim Crow» qui l'ont remplacé jusqu'aux années 1960 dans les États du Sud, c'est du racisme systémique. La discrimination résulte «des objectifs, des procédures ou des pratiques» des États.

Au Canada, les injustices découlant de la Loi sur les Indiens, ou encore l'enlèvement des jeunes Autochtones pour les placer dans des pensionnats où plusieurs ont été maltraités, c'est du racisme systémique. Elles résultent de l'application de décisions gouvernementales fédérales.

Au sens élargi (mais accepté) du mot racisme, les persécutions des minorités canadiennes-françaises et acadiennes dans les provinces à majorité anglaise constituent une forme de «racisme systémique». Elles émanent de lois, ou encore de directives ou règlements organisationnels et institutionnels.

Mais de nos jours, sauf pour la Loi sur les Indiens qui tarde à être abrogée ou modifiée, nos constitutions et lois interdisent formellement le racisme et la discrimination raciale. Nous «systèmes» sont même devenus officiellement antiracistes. Après la mort de Joyce Echaquan à Joliette, le «système» a condamné les comportements, réprimandé les coupables, mis en place des enquêtes et des mesures pour éviter qu'une telle tragédie se reproduise.

Personne ne peut nier l'existence du racisme ou la présence de racistes dans nos sociétés, ainsi que l'urgence de les dénoncer et de mettre fin à leurs pratiques. Mais la présence de racistes au sein d'une organisation, d'une institution ou d'un État ne rend pas l'ensemble raciste. Dans la mesure où les «systèmes» combattent le racisme, on ne peut les taxer de racisme systémique.

À force d'employer l'expression racisme systémique comme synonyme de racisme tout court, ou de discrimination, ou de xénophobie, ou d'autre chose, le débat n'a plus de sens. Quand on ne s'entend plus sur la définition des mots, il n'y a plus de dialogue possible. On peut être antiraciste et refuser l'application ad nauseam de «racisme systémique». 

Alors à la soi-disant gauche qui nous sermonne et aux Anglos qui nous jugent de très, très haut, je dis: assoyons-nous devant un dictionnaire. Après, nous parlerons.