lundi 18 mars 2019

Effectifs gonflés... Insécurité linguistique... L'assimilation maquillée

Une petite intro musicale appropriée avant de lire? Québécois de souche, par les Cowboys fringants bit.ly/2CubXbe...

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Le refus de voir la réalité de l'assimilation en face au sein des minorités franco-canadiennes (ah, tant qu'à y être, au Québec aussi) atteint de nouveaux sommets.

On a d'abord trafiqué les données linguistiques pour gonfler le nombre et la proportion de francophones dans les provinces à majorité anglaise. Délaissant les points de repère traditionnels de la langue maternelle et de la langue d'usage (langue la plus souvent parlée à la maison), trop pessimistes au goût de certains, nos cerveaux statistiques fédéraux et provinciaux ont concocté, entre autres, la PLOP (première langue officielle parlée), la DIF (définition inclusive de la francophonie) et, bientôt, une nouvelle définition de francophone, encore plus «généreuse», émanant de Mélanie Joly...

Alors faites votre choix. Examinons le nombre des Franco-Ontariens selon ces cinq critères*, en utilisant les données du recensement fédéral de 2016:

*Méthode Mélanie Joly - 767 000 (5,8%)
*DIF - 622 000 (4,7%)
*PLOP - 552 000 (4,1%)
*Langue maternelle - 528 000 (4,0%)
*Langue d'usage - 348 000 (2,6%)

Laquelle préférer pour bien saisir la réalité, la vraie? Je laisse la parole à la Commission d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme. Dans son rapport de 1967, après une vaste étude, les commissaires évoquaient la nécessité d'une nouvelle question linguistique au recensement, qui s'ajouterait aux deux questions de l'époque, celles sur l'origine ethnique et la langue maternelle.

«Nous ne suggérons pas de supprimer ces deux questions, écrivent-ils, mais d'en ajouter une. Cette question complémentaire porterait précisément sur la langue principale de chaque Canadien. Elle permettrait d'apprendre quelle langue il parle le plus, et de façon habituelle, à la maison et au travail. Quand on possédera ce renseignement, c'est sur lui surtout qu'on devra s'appuyer par la suite.»

Ainsi, selon la Commission B-B, la donnée la plus fiable pour évaluer la vitalité linguistique des collectivités était la langue d'usage, bien plus que la langue maternelle. André Laurendeau aurait sans sourcillé devant les notions de francoPLOP, de francoDIF et de francoJOLY. Et que dire de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), qui tente de faire passer pour francophones tous les anglophones bilingues... Cela ferait plus d'un million et demi de francophones en Ontario seulement... En plein pays des merveilles!

Ces jours-ci, cependant, il appert que ce maquillage quantitatif ne suffit plus. On a trouvé et propagé le concept de l'«insécurité linguistique» pour expliquer pourquoi tant de «vrais» francophones en situation minoritaire parlent surtout l'anglais. Que ce phénomène d'insécurité linguistique existe, je n'en doute pas. Ce que je crains, c'est qu'on lui mette sur le dos cette tendance, chez plusieurs francophones hors Québec (et même au Québec), à préférer l'anglais au quotidien, dans les loisirs, les médias, la musique, au travail et bien avec proches et amis.

Il faudrait d'abord comprendre ce qu'on entend par «insécurité linguistique». Dans son cahier du 16 mars 2019 sur la francophonie, Le Devoir cite à cet égard la sociolinguiste Phyllis Dalley de l'Université d'Ottawa: il s'agit, selon elle, d'un sentiment d'infériorité ou d'incompétence vécu par plusieurs francophones en contexte minoritaire lorsqu'ils s'expriment en français, même s'il s'agit de leur langue maternelle. Cette impression prend sa source dans l'idée que sa langue n'a pas la même valeur qu'une autre, par exemple l'anglais, ou que l'on ne s'exprime pas dans la bonne variété de la langue, comme certains francophones du Canada peuvent le ressentir à la rencontre de Québécois ou comme certains Québécois peuvent le ressentir à la rencontre de Français.

Ainsi, si je comprends bien, le fait de se sentir jugé (et possiblement critiqué) par un interlocuteur de même langue à cause d'un accent, ou encore de mots et expressions différents, découragerait un grand nombre de francophones qui, autrement, parleraient français plus souvent. Cela arrive à l'occasion. Je l'ai vécu et c'est frustrant. Mais il m'apparaît que c'est surtout un moyen commode de blâmer les autres pour des problèmes de compétence linguistique, liés à l'assimilation, qui n'ont rien à voir avec l'accent ou avec le jugement que pourraient porter d'autres francophones.

Les parlant français en milieu minoritaire, sauf dans certains coins de l'Acadie et de l'Ontario, sont largement immergés dans des milieux unilingues anglais. La majorité d'entre eux travaillent en anglais, consomment des médias de langue anglaise, font leur épicerie et leur magasinage en anglais, contractent des mariages exogames, fréquentent des amis unilingues anglais. La langue française ne sert pas à grand-chose dans plusieurs de ces collectivités. Même dans les cours et couloirs d'écoles françaises, la langue commune est plus souvent qu'autrement l'anglais. Pas surprenant qu'ils s'assimilent à un rythme plus qu'alarmant, quoiqu'on fasse dire aux statistiques.

Cette fixation sur les accents et l'insécurité ne sert qu'à détourner le débat des vrais enjeux. On ne compare pas ici l'accent du Saguenay à celui de Québec, le parler de la Gaspésie à celui de la péninsule acadienne, ou même l'accent de Montréal à l'argot parisien. Les uns valent les autres (même avec un accent anglais) à condition de posséder un vocabulaire suffisant et de respecter les structures de la langue française. Mais quand on entend dans une région entière un accent anglicisé chez des gens de langue maternelle française, avec un langage parsemé de mots, d'expressions et de structures anglaises, voire de pensée anglaise, c'est bien plus qu'une question de variétés de langage et d'accents régionaux. Ces collectivités jadis francophones sont en transition bilingue en attendant de léguer des générations en majorité unilingues anglaises.

Tenter de réduire ce phénomène à un problème d'insécurité linguistique ne fera que maquiller une situation qui, pour avoir des chances de se redresser, devra fonder toute attaque sur la vraie réalité, sur ce qui reste vraiment de forces vives francophones, individuelles et collectives, plutôt que sur des populations largement fictives, à l'image des statistiques linguistiques trafiquées.

Le 1er décembre 2018, environ 14 000 Franco-Ontariens sont descendus dans la rue pour clamer leur colère devant les mesures francophobes du gouvernement de Doug Ford. Il n'y avait pas ce jour-là de statistiques gonflées ou d'insécurité linguistique. Ces 14 000 francophones engagés ont, finalement, bien plus de valeur que toutes ces dizaines de milliers d'«insécures» (excusez l'anglicisme), de francoPLOP, de francoDIF ou de francoJOLY bien calés dans leurs divans.

Le mot de la fin. À mes compatriotes québécois qui pourraient regarder de haut les «accents» des francophones minoritaires, faites le tour des réseaux sociaux, écoutez la radio, la télé, nos politiciens, nos artistes, nos politiciens, les conversations autour de vous. Êtes-vous toujours fiers de ce que vous voyez, de ce que vous entendez? Cela paraît-il que nous sommes analphabètes fonctionnels à près de 50%? Une bonne majorité d'entre nous n'est-elle pas prête, désireuse même, de précipiter la prochaine génération de Québécois dans des programmes d'anglais intensif, voire un bilinguisme tous azimuts?

Quand on se compare, on ne se console pas toujours...

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«Un jour, prédit le dernier des Franco-Ontariens, il y aura peut-être le dernier des Québécois»... (Pierre Albert, Le Dernier des Franco-Ontariens, Éditions Prise de parole, 1992)

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* voir article «Les héritiers de Lord Durham», de Charles Castonguay, sur le site Web de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal à bit.ly/2Y6xvUH.








mercredi 13 mars 2019

Le PQ à l'agonie? C'est «évident»? Non?

caricature de Garnotte dans Le Devoir

Les citations suivantes ont été tirées d'éditions récentes du Devoir et du Journal de Montréal. En grattant davantage, en multipliant les médias, on pourrait en dénicher des centaines, voire des milliers de semblables.

«Il ne sert à rien de vouloir désespérément sauver le tronc ou les branches d'un arbre (le Parti Québécois) en train de dépérir. L'important, c'est d'en sauver les racines.» (Catherine Fournier, députée ex-péquiste de Marie-Victorin)

«La vie du PQ n'intéresse plus que les péquistes, et encore, ils sont de moins en moins nombreux. Le PQ semble appartenir à une époque révolue de notre vie politique.» (Mathieu Bock-Côté)

«Pour un jeune de vingt ans, le PQ, c'est non seulement un parti de perdants, mais c'est le parti de ses parents et de ses grands-parents. La marque de commerce est usée.» (Joseph Facal)

«Le discours permanent sur notre mort prochaine est un puissant poison qui nous coupe les ailes.» (Jean-François Lisée)

En politique, comme en journalisme d'ailleurs, et même peut-être surtout en journalisme, l'évidence a trop souvent été le pire ennemi du vrai.

Le Parti Québécois est à l'agonie? Moribond? Dépassé? Fini? Mais bien sûr, répondra-t-on sur toutes les tribunes. C'est évident, non?

Mais est-ce bien si évident? Ne devrions-nous pas nous retrousser les manches, collectivement, et prendre le temps de fouiller, de décortiquer, de vérifier ce qu'il en est réellement?

Pire, ces évidences s'accompagnent souvent de termes et expressions galvaudés au point d'avoir perdu toute précision. Gauche, droite, extrême-gauche multiculturelle, extrême-droite identitaire, ces mots-clics et d'autres ont été étirés dans tous les sens. Qui les comprend vraiment?

Il me semble que le temps soit davantage aux questions et aux investigations qu'aux réponses préfabriquées dans un capharnaüm de soi-disant évidences...

Retourner aux sources du Parti Québécois, fin années 1960, ne serait pas un mauvais point de départ. Les PQ s'est bâti sur trois piliers: l'indépendance du Québec, la défense de la langue française et une social-démocratie à l'image de la fusion du Mouvement Souveraineté-Association, du Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN) et du Ralliement national (RN).

Qu'en est-il aujourd'hui?

L'effritement graduel de la cohésion nationale a sapé chez plusieurs le désir d'indépendance.
L'anglicisation de la société québécoise menace, ici même, l'hégémonie de la langue française.
Des factions se sont retirées de l'alliance indépendantiste pour mener seules leur barque.

Affirmer que le PQ est responsable de ses déboires, c'est trop facile. Le Parti Québécois est le fidèle reflet de la nation dont il porte le projet de souveraineté depuis un demi-siècle.

La nation québécoise et/ou canadienne-française, ce «nous» francophone tissé et métissé depuis quatre siècles, titube sous les assauts d'un individualisme anglo-américain, multiculturel à l'excès.

La langue et la culture françaises d'ici, bijoux forgés sur les rives du Saint-Laurent, notre apport original à la richesse du patrimoine culturel mondial, se créolisent dans l'indifférence.

Des divergences idéologiques, exacerbées par un capitalisme débridé, par des débats identitaires, par les effets d'une technologie envahissante, ont brûlé les ponts des anciennes alliances.

Ainsi va la nation, ainsi va le vaisseau amiral. Si la conscience nationale continue de se disloquer, si l'on persiste à manquer du respect le plus élémentaire pour la langue française, si les Lévesque-Bourgault-Grégoire des années 1960 n'ont plus d'émules au 21e siècle, le Parti Québécois se retrouvera effectivement dans un cul-de-sac.

Ce cul-de-sac sera aussi celui de la nation québécoise tout entière, qui se décomposera.

Ajoutez cela à toutes les autres évidences !


















lundi 11 mars 2019

Quand on change d'idée six mois après un scrutin, on démissionne


Le débat entourant la défection de Catherine Fournier, qui quitte les banquettes péquistes pour siéger comme députée indépendantiste indépendante à l'Assemblée nationale, s'est vite embourbé dans un brouillard partisan qui ne mène à rien. Et qui ne mène surtout pas au fond du problème posé par un tel changement de veste six mois à peine après une élection générale.

Quelques minutes après la conférence de presse de Mme Fournier, ce matin à 10 heures, je n'ai pu m'empêcher de lancer cette opinion sur Twitter: «Catherine Fournier a été élue sous la bannière du PQ. Elle s'est engagée publiquement auprès des électeurs. Rien n'a foncièrement changé depuis octobre 2018. Ce genre de trahison est inacceptable. Elle n'aurait pas gagné comme indépendante». Et le débat s'est engagé... tout croche, surtout chez les sympathisants de Mme Fournier.

On m'a vite relancé sur le mot «trahison»... Un certain Nicolas (il ne révèle pas son nom de famille) déclare: «Ce n'est pas une trahison. Au lieu d'être députée péquiste, elle a décidé d'être la députée de tous les indépendantistes! Les traîtres ce sont plutôt ceux qui restent au PQ et ne font rien pour l'indépendance. Catherine Fournier c'est une grande patriote!»

Dans la même foulée, Tommy Hurteau affirme, toujours sur Twitter: «Le mouvement souverainiste doit être revu et refondé. Le Parti Québécois doit être revu et refondé. Que s'est-il passé pour l'instant? Rien et je ne pense pas que vouloir faire avancer la cause souverainiste fait de Mme Fournier une traître, loin de là.» Et il ajoute: «Je n'ai pas vu sa déclaration comme un retournement de veste quant à son opinion sur le PQ. (...) Si elle se dit souverainiste avant d'être simplement péquiste, elle n'aurait pas pu être lus honnête et transparente qu'en ce moment. Je ne vois pas de trahison ici mais quelqu'un qui est là pour des valeurs et non un parti.»

(Permettez-moi d'inclure ici une définition du mot trahison du dictionnaire Larousse: «manquement à la parole donnée, à un engagement, à un devoir de solidarité».)

Maurice Roussel, qui applaudit lui aussi Catherine Fournier, écrit: «Vouloir un pays, aimer sa langue, sa culture, c'est du patriotisme et non pas de la politique. Le patriotisme est l'affaire de tout un peuple. Quand ce peuple parlera assez fort, les chefs politiques, quelles que soient leurs couleurs, devront agir en sa faveur. Bravo!» Et les éditrices de la page Sisyphe.org d'jouter: «Si quelqu'un n'est plus à l'aise dans un parti, elle a tout de même le droit de le quitter.»

J'inclus cette dernière opinion, qui tourne toujours autour du même dilemme, à savoir si Mme Fournier a raison ou non de quitter le PQ. C'est signé Emmanuel Rannaud: «Jeune et intelligente, Catherine Fournier a vite compris que ça ne mène à rien de poursuivre avec un parti qui est aveugle devant ses propres faiblesses et incapable de faire une analyse cohérente et honnête de son déclin.»

Mme Fournier a invoqué des arguments somme toute similaires ce matin en annonçant son départ du PQ. Je cite ici le texte de La Presse (les journalistes ont tous rapporté les mêmes paroles): Mme Fournier croit qu'il «ne sert à rien de vouloir désespérément sauver le tronc ou les branches d'un arbre (le PQ) en train de dépérir. L'important c'est d'en sauver les racines pour repartir sur quelque chose de nouveau. À force de perdre le Parti Québécois est devenu perdant. Du coup, il a perdu beaucoup de sa pertinence.»

On pourrait en débattre jusqu'à épuisement total sans arriver à un consensus. L'argumentaire de Mme Fournier fait partie du débat souverainiste depuis au moins une quinzaine d'années, et des points de vue valables se font entendre des deux côtés de la clôture (ainsi que sur la clôture). Le problème, c'est que cela n'a rien à voir avec la légitimité du geste posé par Mme Fournier. Son changement de veste touche le coeur de notre processus démocratique.

Le fond de cette question, c'est qu'il y a à peine six mois, Mme Fournier briguait les suffrages sous la bannière du Parti Québécois dans la circonscription de Marie-Victorin. Elle défendait le programme du parti et sollicitait des électeurs le mandat de les représenter à l'Assemblée nationale jusqu'en 2022. Ce genre d'engagement est solennel. L'intégrité du candidat ou de la candidate est en jeu. Il ou elle demande à la population de croire en sa sincérité et de lui permettre d'être son porte-parole à la législature d'un futur pays, tout en défendant les promesses de son parti, le PQ.

Quand les gens sont allés voter et qu'ils ont déposé leur bulletin dans l'urne, ils ont exercé leur droit démocratique le plus important en se fiant à l'information disséminée par les partis et leurs porte-couleurs. Le plus grand nombre a voté pour Catherine Fournier, du Parti Québécois. Pas pour Catherine Fournier, souverainiste sans parti. Aurait-elle remporté la victoire comme indépendante? Je ne crois pas. Le PQ aurait-il remporté la victoire avec une candidature indépendante de Catherine Fournier pour diviser le vote? Je crois que non.

Toujours est-il que Mme Fournier a été élue comme membre du Parti Québécois et qu'en six mois, il ne s'est pas passé grand-chose pour bouleverser le contexte politique politique québécois, ni l'équilibre des forces entre le parti amiral et les autres partis et factions indépendantistes. Rien ne laisse croire qu'elle a tenté, ces derniers mois, de faire valoir ses options avec énergie et menaces appropriées à l'intérieur du parti, parce qu'on laissait entendre aujourd'hui qu'au sein du caucus du PQ, personne ne savait qu'elle quitterait le parti en début de semaine...

Dans les circonstances, on est en droit de s'interroger l'évolution de sa pensée face à une éventuelle défection. Elle y pense depuis des semaines, des mois, une année? Y songeait-elle déjà au moment de se faire élire? Personne ne semble l'avoir interrogée là-dessus. Si on compare sa situation à celle de la députée conservatrice Amanda Simard en Ontario, cette dernière a fait faux bond à son parti quand le premier ministre Doug Ford a lancé une attaque sauvage contre les Franco-Ontariens qu'elle s'était engagée à défendre durant la campagne électorale. Trahir son parti devenait une obligation.

Rien de tel ici, pour Mme Fournier. Les déclarations qu'elle a faites ce matin sur la nécessité de rassembler les forces souverainistes, au besoin ailleurs que dans le PQ, auraient pu être défendues à l'intérieur de son parti comme dans l'ensemble des formations indépendantistes. René Lévesque avait défendu son Option Québec au sein du Parti libéral (alors dans l'opposition) jusqu'à ce que la situation devienne intenable et qu'il soit au bord  de l'expulsion. Mme Fournier a aussi cette obligation en vertu du mandat qu'elle a sollicité et obtenu en octobre 2018. On ne peut tout simplement dire, au tout début d'un mandat, j'ai changé d'idée... Je ne veux plus siéger avec le parti pour lequel vous avez voté...

De plus, Mme Fournier ne représente pas seulement ses électeurs péquistes, ou tous les indépendantistes. Elle est députée de tous les citoyens, y compris ceux qui appuient Québec Solidaire, la CAQ et le Parti libéral. Toutes ces personnes qui ont voté le 1er octobre ont confié un mandat à une députée qui leur dit, six mois plus tard, ne pas avoir l'intention de l'honorer parce qu'elle vient de découvrir que son parti a des airs irrémédiables de perdant. La démocratie ne fonctionne pas de cette façon. Quand on change d'idée moins de six mois après un scrutin pour de telles raisons, on démissionne et on laisse les électeurs faire un nouveau choix.

C'est ça, le fond du problème. Mme Fournier a peut-être raison dans son analyse du PQ et des forces souverainistes. Peut-être pas. Cela pourrait et devra être l'objet d'une très longue discussion. Mais là elle se trouve à utiliser la crise (permanente?) au PQ pour changer les règles du jeu électoral. Vous pensiez avoir élu une députée péquiste? Bien, voyez-vous, je n'y crois plus et je siègerai désormais comme indépendante. Que répondra-t-elle à ceux et celles qui lui diront: oui c'est bien beau ça mais on voté PQ le 1er octobre. Nous avons le droit d'être représentés par une ou un député du Parti Québécois.

Il n'y a pas de bonne réponse.