lundi 28 novembre 2022

Serment d'allégeance... Les 122 autres députés seraient-ils dans l'illégalité?

Dans le dernier droit avant les élections du 3 octobre, le Parti québécois avait le vent dans le seul voile qui lui restait après une décennie de quasi-naufrages. Confronté à un déclin du français qui menace l'existence même de la nation québécoise, le PQ sous Paul St-Pierre Plamondon avait donné le coup de barre qui s'imposait et remis le cap droit sur l'indépendance.

Plus de 600 000 Québécois ont confirmé avec leur bulletin de vote leur adhésion à un engagement sincère, sans compromis. Finies les demi-solutions, finis les faux-fuyants. Un vague projet de souveraineté, ça ne passe plus. Le Parti québécois doit s'imposer comme porte-voix d'un peuple qui se voit déjà souverain. Et agir en conséquence.

En refusant de jurer fidélité au roi Charles III, les députés du PQ ont affirmé la primauté de la loi québécoise, qui exige des élus une seule allégeance - au peuple québécois. Le Québec a toujours été seul maître de ses rapports directs avec la monarchie britannique et, avec sa Loi sur l'Assemblée nationale de 1982, a effectivement rendu inopérant le serment de fidélité au roi prescrit dans l'AANB de 1867*.

Ainsi Paul St-Pierre Plamondon, Pascal Bérubé et Joël Arseneau n'ont pas seulement le droit de répudier le serment à Charles III, ils en ont le devoir en vertu de la Loi sur l'Assemblée nationale**. Jurer fidélité à un monarque de droit divin, chef religieux par surcroit, constitue une négation de l'allégeance au peuple et du caractère laïc de l'État. Et si c'étaient les 122 autres députés qui étaient dans l'illégalité pour ne pas avoir respecté l'article 15 de la Loi sur l'Assemblée nationale?***

Peu importe le dénouement de l'affaire du serment, le PQ n'aura pas la vie facile à l'Assemblée nationale. Le régime électoral étant ce qu'il est, seulement trois députés du Parti québécois ont été élus. Tout le monde connaissait les règles du jeu. Maintenant il faut vivre avec.  Les trois députés du PQ ont obtenu ce qu'ils pouvaient, tenant compte du fait qu'ils étaient à la merci des autres partis et que tous, sans exception, voudraient bien rayer le seul parti indépendantiste de la carte.

Inutile de continuer à s'en plaindre. Le PQ est condamné - comme il l'a été dans les années 1970 - à agir à l'extérieur du Parlement. Mais c'est un terreau fertile pour l'action, foisonnant de médias de tous genres, y compris les réseaux sociaux. Des images de députés dûment élus, s'étant dûment conformés à la Loi sur l'Assemblée nationale, éconduits par le service de sécurité en essayant d'occuper leur siège sans s'agenouiller devant Charles III feraient le tour du pays. Le faire huit jours d'affilée à partir du 29 novembre attirerait l'attention du monde entier.

Lancer une campagne de financement pour compléter le personnel du Parti québécois à l'Assemblée nationale constitue une excellente idée. Les membres doivent rester mobilisés, vu l'urgence de la situation, et  s'engager dès maintenant sur le terrain. La campagne électorale 2026 est déjà en cours et s'il veut mettre le Québec sur la voie de l'indépendance, le Parti québécois n'a plus de journée à perdre. Si on ne sort pas bientôt le Québec francophone de sa torpeur, il sera trop tard. Les données du plus récent recensement sont implacables.

Quoiqu'il advienne, que notre peuple ait un avenir... ou pas, la lutte pour un Québec indépendant, français et laïc mérite d'avoir comme porte-étendard une formation politique prête à se retrousser les manches en vue d'un affrontement qui aura été, en cas d'échec, notre ultime combat comme peuple. Il ne faut surtout pas que 400 ans d'histoire nationale se terminent sur une page blanche... 

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* Voir «M. Paradis, je m'estime trahi...» à https://lettresdufront1.blogspot.com/2022/11/m-paradis-je-mestime-trahi.html

** Voir «Tenez bon, M. Plamondon» à https://lettresdufront1.blogspot.com/2022/10/tenez-bon-m-plamondon.html

*** Voir le texte de la Loi sur l'Assemblée nationale à https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/lc/A-23.1

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122 députés dans l'illégalité?

Mon raisonnement est simple et relève du gros bon sens.

1. Charles II est le roi du Québec.

2. Le lien entre Charles III et le Québec est direct. Il ne fait pas de détour par Ottawa.

3. Le Québec est seul maître de sa constitution.

4. Son rapport avec le roi Charles III relève de sa constitution.

5. La Loi sur l'Assemblée nationale prescrit un seul serment de fidélité, au peuple québécois.

6. Le serment de fidélité au roi prescrit dans l'AANB de 1867 contredit le serment de fidélité au peuple dans la loi québécoise.

7. Le Québec, étant constitutionnellement maître de ses rapports avec son roi, a le droit de rédiger son propre serment d'allégeance. Ce qu'il a fait en 1982.

8. Ce serment québécois rend donc inopérant le serment de l'AANB.

9. Les députés qui jurent fidélité au roi après avoir juré fidélité au peuple violent l'esprit et la lettre de la Loi sur l'Assemblée nationale.

Échec et mat.


samedi 26 novembre 2022

Le très gros cube de béton...

Capture d'écran, journal Le Droit

«Gatineau 2», le Nouveau Centre d'archivage de Bibliothèque et Archives Canada, aura beau crouler sous les éloges des experts de la planète entière, on n'y voit de l'extérieur qu'un immense cube de béton monochrome dont le principal effet est de bloquer la vue des environs pour les résidants et passants dans ce secteur de la montée Paiement.

Après avoir autorisé des structures architecturales originales, tels le Musée de l'histoire tout en courbes (à Gatineau également) et le Musée de la guerre tout en angles, émergeant du sol (à Ottawa), voilà que l'accent entier d'un méga-projet de conservation des archives semble s'être fixé sur l'intérieur de l'édifice, qui s'attire de multiples superlatifs.

Quant à l'extérieur, à moins d'être un amateur de 416 panneaux de béton texturé en teintes peu variables de gris, il ressemble à un gigantesque cube déposé dans un champ, offrant comme seul attrait son gigantisme. Je sais que bien des gens sont prêts à payer cher pour l'ultra simplicité (on se rappellera le tableau Voix de feu), mais avec un bloc bétonné de plus de 18 mètres de hauteur devant soi, on ne voit qu'un bloc bétonné d'une hauteur de 18 mètres, et rien d'autre...

Dépendant de l'angle, il cache le magnifique centre d'archives avoisinant et réduit au nanisme (du moins en hauteur) d'autres constructions de ce secteur gatinois en croissance - la Maison de la culture, le Centre sportif de Gatineau, le nouvel aréna de hockey des Olympiques, le Cégep de l'Outaouais. Vrai, le quartier «fait dur» pour le moment mais qui voudra occuper les terrains voisins d'un monstre en béton qui bloque le soleil et obstrue le paysage?

Trop tard, dira-t-on avec raison. On ne peut maintenant le déconstruire. Mais il doit avoir moyen de l'améliorer. Si le Musée des beaux-arts du Canada était jadis prêt à payer 1,67 million de dollars pour trois colonnes verticales de couleur sur un grand tableau rectangulaire, ne reste-t-il pas quelques millions, quelque part, pour de grandes oeuvres colorées qui pourraient désennuyer l'éternité de béton de Gatineau 2?

Quel artiste refuserait de concevoir un visuel attrayant pour une immense galerie extérieure à quatre faces, visible à des kilomètres et fréquentée par des centaines de milliers de passants, résidents et visiteurs tous les ans? Les amateurs de béton texturé seraient sans doute perturbés mais la majorité des panneaux gris resteraient visibles...

Et pourquoi ne pas, comme touche finale, ajouter une abondante végétation sur le toit, qu'on pourrait clôturer et rendre accessible par ascenseur extérieur en belle saison aux citoyens qui ont payé cette construction avec leurs impôts? La vue sur la rivière des Outaouais jusqu'aux centre-villes de Gatineau et d'Ottawa serait assez unique.

Enfin, je ne connais pas grand chose à ces enjeux sans doute plus complexes que je ne les imagine, ni à la valeur artistique d'un méga cube en béton, mais je sais qu'à chaque fois que je passe tout près, je le décore dans ma tête et je songe à ce que ce gros tas de béton pourrait avoir l'air si on y mettait le centième des énergies qu'on a consacrées à l'excellence de l'intérieur.

Un ancien collègue du Droit, Murray Maltais, Dieu ait son âme, me qualifiait occasionnellement de béotien (ce n'est pas un compliment) à cause de ma relative absence de raffinement. Il avait sans doute raison, occasionnellement. Mais je persiste. Un bloc de béton, ce n'est pas très beau (selon moi bien sûr...). Et un titanesque bloc de béton, encore moins...

Bon, j'attends la pluie de briques et de fanals... Peut-être ai-je chiâlé pour rien... Peut-être toutes ces améliorations sont-elles déjà en préparation sans avoir été annoncées dans les médias... Si tel est le cas, j'efface tout ce qui précède...

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Lien au plus récent texte du quotidien Le Droit: https://www.ledroit.com/2022/11/25/gatineau-2-piece-maitresse-en-matiere-darchivage-ecb0b06489f57d3a1a5fbc7bb143f8d3


jeudi 24 novembre 2022

Redécouvrir Tintin !!



Quand on y songe, en ratissant nos souvenirs, on s’étonne de ce que la mémoire sélectionne et de ce qu’elle oublie. J’en ai conclu un bon jour qu’au regard des expériences que l'on vit, «seules celles qui ont vraiment de l'importance restent avec nous jusqu'à la fin».


Voilà sans doute pourquoi je n’ai jamais oublié ma première visite à une succursale de quartier de la Bibliothèque publique d’Ottawa, à l’âge de huit ans, mon regard fasciné devant les rayons de livres et mon tout premier emprunt : L’étoile mystérieuse, de Hergé.

Choix prémonitoire ? Le héros, Tintin, était reporter… Il défendait les faibles contre les puissants, l’Europe contre l’Amérique, le savoir contre le profit. J’ignorais tout à l'époque des compromissions de ce texte rédigé sous l’occupation allemande, durant la Seconde Guerre mondiale. 

Cette simple visite scolaire à la bibliothèque fut cependant l’étincelle qui alluma chez moi une passion pour la lecture… Et ainsi Tintin restera, pour l'éternité, un des tout premiers repères dans ma quête - incessante depuis lors - de nouveaux savoirs. 

Les personnages de la bande dessinée belge sont attachants, à commencer par Tintin lui-même. Voilà un journaliste qui n'écrit pas d'articles, parcourt le monde mais ne semble avoir aucun revenu d'emploi, ne commet jamais d'excès, vit sans relation amoureuse, survit à toutes les catastrophes et bien sûr, n'a pas vieilli depuis 1930...

Cette caricature de l'humain héroïque et pur est entourée d'autres caricatures - un marin alcoolique, un professeur sourd et distrait, des policiers jumeaux jusque dans leur ineptie. Mais cette confrérie rocambolesque évolue au fil des décennies dans un monde réel qu'on reconnaît - de l'Amérique d'Al Capone, l'Inde des maharadjahs, la Chine sous le joug du Japon et de l'Occident, jusqu'à l'exploration du sol lunaire quinze ans avant Neil Armstrong.

De temps en temps, je replonge dans quelques-uns de ces vieux albums dont je ne me lasserai jamais. Je dois avouer avoir un faible pour Le lotus bleu et Tintin au Tibet, deux histoires liées par l'amitié qui se cimente entre le maître de Milou et un jeune Chinois, Tchang Tchong-Jen (un véritable ami de Hergé). Enfin, tous ces détours m'amènent au motif de consigner par écrit ce récit.

J'avais rencontré, par l'intermédiaire de mes amis Claude et Jacqueline, la soeur de cette dernière, Claire, et son conjoint Sylvain dont la passion pour Tintin faisait passer la mienne pour de l'amateurisme et qui, par surcroit, nous invitait à venir voir ses pièces de collection. J'ai vite découvert que son intérêt ne se limitait pas aux albums, qu'il conserve tous en édition Tintin Atlas, des volumes à couverture rigide et plus luxueuse dans lesquels on trouve une mine de renseignements sur le volume, l'auteur et les pays ou époques effleurées par l'auteur.

Tous sont là, de Tintin au pays des Soviets à Tintin et l'Alph-Art, le dernier album inachevé à la mort de Hergé en 1983. Mais il y a plus. Les tintinophiles, les vrais, collectionnent aussi des objets dérivés des aventures de Tintin. Ainsi, Sylvain possède une collection complète (plus de 60) répliques miniatures des voitures utilisées dans les histoires de Tintin, du vieux tacot de Tintin au Congo au Land Rover de Tintin et les Picaros. Ces précieux véhicules sont conservés dans des présentoirs muraux vitrés qu'il a lui-même construits. S'y ajoutent des figurines des personnages et une rutilante réplique de la fusée d'Objectif lune.

D'autres bandes dessinées peuplent ses bibliothèques mais Tintin occupe sans aucun doute la place de choix. La discussion sur mon héros d'enfance aurait pu durer des heures mais mon épouse et mes amis nous attendaient pour des conversations plus variées. Avant de quitter, cependant, j'ai eu droit à une surprise. En tout cas, moi, je ne savais pas que l'éditeur Casterman avait publié en 2009 un Tintin intitulé Colocs en stock totalement rédigé en français québécois.

Dans les toutes premières images, Tintin et le capitaine Haddock sortent d'un cinéma et Tintin dit à son ami: «Vous étiez pas pâmé par la vue, capitaine?» Et Haddock de répondre: «Non, c'était pas vargeux.» À prime abord, je doutais que ce soit une bonne idée, mais j'ai commencé à le lire et j'attendrai la fin avant de fixer mon opinion. Une chose est sûre. On n'aurait jamais envisagé une adaptation pareille quand j'ai mis la main pour la première fois sur L'étoile mystérieuse en 1954 ou 1955. On n'aurait pas songé à remplacer les «bachi-bouzouks» et autres injures du capitaine Haddock par «Carcajou! Picbois! Coquerelle! Achalant!»

Je n'ai pas tous les albums de Tintin. Mais je pense qu'à 76 ans, il est temps que je relise ceux que je possède. Pour ensuite acheter ceux qui manquent à ma collection. Et peut-être la fusée d'Objectif lune. Avec le recul, je ferai de nouvelles découvertes. Il n'est jamais trop tard...


dimanche 20 novembre 2022

Les sacrifiés de la bonne entente...



Je n'avais pas mis les pieds dans une taverne depuis le début des années 1970, alors que je travaillais toute la nuit au quotidien Le Droit et que notre petite équipe cherchait sur la rive québécoise de l'Outaouais un endroit où prendre une bière et une collation à 8 heures du matin. 

Mais samedi après-midi, ce 19 novembre 2022, je suis entré à la taverne Montcalm du secteur Hull de Gatineau, sans doute l'une des dernières à avoir conservé l'ambiance chaleureuse d'une époque que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître. Mais je n'y allais pas pour trinquer.

Un auteur de la région, Luc Bouvier, y lançait une édition mise à jour et bonifiée de son livre de 2002, Les sacrifiés de la bonne entente, un rappel étoffé et enrageant de la persécution historique des francophones dans la région outaouaise du Pontiac. Dans le contexte actuel d'un déclin généralisé du français, même au Québec, ce rappel était fort opportun!

Au-delà d'une dizaine de clients réguliers au fond de la salle, l"aire centrale de la taverne était occupée par une cinquantaine de personnes venues assister à l'événement. J'y ai salué entre autres le président d'Impératif français, Jean-Paul Perreault, et le socio-démographe Charles Castonguay (qui signe la postface du volume de 300 pages). Écouté les conversations animées de dizaines de visages familiers et inconnus pendant que l'auteur signait des dédicaces.

Ce que je n'ai pas vu, cependant, ce sont des représentants des médias d'information. Pas de micros, pas de caméras, pas d'appareils photo. Il est vrai que c'était un samedi après-midi plutôt gris, que les salles de rédaction amaigries le sont encore davantage en fin de semaine, et que les pages d'information accordent un traitement de faveur aux injustices linguistiques en Ontario, mais l'histoire tragique des Pontissois francophones mérite d'être martelée dans nos médias.

Les Québécois des autres régions, et même ceux de Gatineau, ne peuvent imaginer à quel point les francophones du Pontiac ont été opprimés depuis le 19e siècle sous le fouet du diocèse ontarien de Pembroke, qui contrôlait la vie religieuse et les écoles catholiques du Pontiac jusqu'à la laïcité moderne. Prenant la parole au lancement de samedi, Luc Bouvier a raconté deux anecdotes fort révélatrices de l'esprit qui animait les anti-francophones de la hiérarchie anglo-catholique.

L'auteur a notamment évoqué les agissements de l'évêque William J. Smith, qui a «régné» sur le diocèse de Pembroke de 1945 à 1971. Un jour, après avoir visité une école catholique de la ville de Pembroke, Mgr Smith s'apprêtait à quitter quand on lui a noté qu'il y avait une classe française dans cette école et qu'il n'avait pas rencontré ces enfants. Il a immédiatement répliqué en refusant de les voir: «Je ne les considère même pas comme des catholiques»...

Puis il y a l'épisode du curé Archambault, à l'Île du Grand Calumet, dans le Pontiac (localité à majorité francophone). L'école primaire était bilingue et bien sûr tout s'y passait en anglais. Quand l'école a brûlé en 1957, le père Archambault a voulu faire construire deux écoles, une pour les francophones et l'autre pour les anglophones. Mais sachant que Mgr Smith refuserait, il a dissimulé ses plans en affirmant que l'une d'entre elles serait réservée aux garçons et l'autre aux filles...

Quand l'évêque de Pembroke a su la vérité, sa colère n'a pas connu de bornes. Il a démis le curé Archambault de ses fonctions et l'a exilé à  un village ontarien. Mais le père Archambault a refusé l'ordre de son supérieur en démissionnant et en indiquant son intention de prendre sa retraite à l'Île du Grand Calumet. L'évêque francophobe lui a alors interdit de dire la messe dans les limites de son diocèse, obligeant le prêtre francophone à l'exil. Voilà comment les choses se passaient.

Notez bien. Encore aujourd'hui, les paroisses de langue française du Pontiac sous toujours sous le joug du diocèse ontarien de Pembroke, les seules au Québec à ne pas être intégrées à un diocèse québécois. L'archevêque de Gatineau n'aurait qu'à demander le rapatriement de ces paroisses. La Conférence des évêques du Canada n'oserait pas refuser. Mais il ne le fait pas, dans la plus pure tradition de l'Église catholique, dont la haute hiérarchie a toujours servi les intérêts de la majorité anglo-canadienne en s'acoquinant au pouvoir qu'elle détenait. Cette même hiérarchie avait excommunié les patriotes de 1837, approuvé le Règlement 17 en Ontario et donné raison à Mgr Smith au sujet de l'expulsion du curé Archambault.

Si vous voulez inclure un livre québécois à vos achats des prochaines semaines, ou du temps des Fêtes, n'oubliez pas Les sacrifiés de la bonne entente aux Éditions de l'Action nationale et Pièce sur pièce. Vous y verrez ce qui nous attend, comme peuple, si jamais le déclin du français dépasse le point de non-retour en Outaouais et dans la région de Montréal. Le livre de Luc Bouvier ne figurera peut-être jamais au palmarès des meilleurs vendeurs en librairie, mais il mérite amplement d'y trôner. Très près du sommet.


vendredi 18 novembre 2022

Chers amis, Acadiens...



Chers amis de l'Acadie,

Voua l'avez pas eue facile, ces dernières années, avec la bande à Higgs. Je ne serais pas surpris que ce chenapan rêve à l'occasion de vous voir, tous et toutes, partir pour ailleurs avec la belle parlure de vos ancêtres déportés. J'aime autant vous dire de suite que je suis Québécois (tout juste, en face d'Ottawa) et séparatiste. Et que je comprends ce qui vous arrive parce qu'avant de m'installer à Gatineau, j'ai été Franco-Ontarien. C'est là que je suis devenu séparatiste.

Des Blaine Higgs et des Kris Austin, nous en avions en quantité. Ils ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour se débarrasser de nous et du français. Ils ont supprimé nos écoles, comme chez vous, puis quand le Québec s'est agité, nous les ont rendues au compte-goutte sans nous compenser pour tout ce qu'ils nous avaient volé. À Ottawa, quand j'étais jeune, c'était l'époque du Sorry I don't speak French... sans le Sorry... 

J'ai assez vite appris à quoi servait le bilinguisme. Ça voulait dire qu'entre nous, on parlait le plus souvent français, mais qu'avec les autres, dans les autobus, dans les commerces, à la municipalité, au fédéral, on baragouinait cet «anglà» qu'on nous avait imposé. Pour la plupart des Anglais, le bilinguisme se résumait à l'irritation d'entendre les perpétuelles jérémiades des Franco-Ontariens.

Comme vous, on n'a jamais lutté à armes égales. Les anglos avaient le nombre, l'argent, le pouvoir. Ils les ont toujours. On nous a forcés à devenir bilingues. À nous angliciser. D'une génération à l'autre, on perd des joueurs. Peu au début...  Mais après quelques générations, les vannes sont grand ouvertes. J'ai vu mes quartiers français d'Ottawa disparaître sous les coups de boutoir des autorités municipales et fédérales. Un ethnocide, rien de moins. Mais nous étions en minorité et les rênes du pouvoir étaient et sont toujours entre les mains d'immenses majorités anglo-ontariennes. Ils nous ont à l'usure.

Si je vous dis ça, c'est que j'ai la certitude que ce qui nous est arrivé en Ontario vous arrivera en Acadie du Nouveau-Brunswick. Au Québec, l'État demeure pour le moment entre les mains d'une majorité de langue française. On peut s'en servir, dans la mesure de nos moyens, pour nous protéger et assurer la pérennité de notre langue et de notre culture. Les Anglais ont la Loi 101 comme une arête dans la gorge depuis 45 ans mais en 1977, ils n'avaient pas les votes pour l'empêcher. Alors ils se sont tournés vers les tribunaux fédéraux, où les juges sont nommés par la majorité anglo-canadienne et où la Constitution qu'on nous a enfoncée dans la gorge protège l'anglais au Québec (mais pas autant le français ailleurs). Et les juges ont charcuté ce projet de société à notre image... Ils comprennent ça, le pouvoir, les Anglais...

C'est la leçon que j'ai apprise de mes années de militantisme franco-ontarien dans les années 1960 et 1970. Sans pouvoir politique, dans notre Amérique du Nord unilingue anglaise, nous sommes foutus. Et au Nouveau-Brunswick, chers amis Acadiens, vous ne gouvernerez jamais parce qu'il y a deux fois plus d'Anglais que de francophones. Et que vous êtes de plus en plus bilingues (environ 75%), pendant que les anglos de chez vous font comme les anglos de chez nous. Ils nous parlent le plus souvent en anglais et on leur répond le plus souvent dans leur langue. Heureusement il vous reste une soixantaine de milliers d'unilingues francophones, mais je soupçonne qu'on y trouvera les jeunes enfants et les vieux surreprésentés.

Jetez un coup d'oeil au dernier recensement fédéral. Et à ceux qui l'ont précédé. Si vous ne sonnez pas l'alarme bientôt, il sera trop tard. Vous avez cependant un avantage sur les Franco-Ontariens. Il existe encore des régions (Madawaska, la péninsule acadienne, etc.) où l'on peut vivre en français, au point où il arrive que des anglophones se francisent. On ne voit plus cela en Ontario. Et secundo, au coeur de votre avantage, vous formez une nation en bonne et due forme. Vous êtes soudés par la langue et par les souffrances et par la résistance de la charrette de Pélagie. Et vous occupez un territoire bien à vous. On peut le dessiner sur une carte. On le sait quand on y est.

Ce territoire, si vous voulez assurer l'avenir de la nation acadienne, vous ne devez pas seulement l'occuper. Vous devez le gouverner. Je me souviens à l'université d'avoir côtoyé des Acadiens, dont un bon ami de St-Quentin, qui voulaient transformer la nostalgie de l'ancienne Acadie en projet de province ou d'État acadien, découpé à même le Nouveau-Brunswick actuel. Un peu comme en Belgique où on a tracé une ligne correspondant plus ou moins aux frontières linguistiques et octroyé à la région wallonne et à la région flamande des pouvoirs étatiques, jusque dans le domaine des relations internationales. À l'intérieur d'une telle région, les Acadiens pourraient prendre les moyens opportuns, sans ingérence d'une majorité étrangère, pour se gouverner.

Le temps est venu, chers amis Acadiens, de revendiquer une forme d'autodétermination politique. Le moment est particulièrement propice. Vos ennemis sont au pouvoir et ne manqueront pas une chance de vous égratigner. Ne comptez que sur vous-mêmes. Surtout pas sur Ottawa, qui parle francophonie sans arrêt mais nomme sans cligner de l'oeil une lieutenante-gouverneure unilingue anglaise dans votre province dite bilingue. N'oubliez pas que le gouvernement fédéral est l'instrument de la majorité anglo-canadienne. Nous y exerçons toujours un certain pouvoir tant que le risque d'une sécession du Québec subsiste. Mais ce risque s'amenuise et nos effectifs francophones chuteront bientôt sous les 20%. La répression suivra. Alors profitez-en pour monter aux barricades pendant que vous possédez un vrai rapport de force.

Je vous appuierai vigoureusement, ainsi que de nombreux Québécois et Canadiens français, je crois. Mais autant vous avertir. Nous sommes toujours quelques millions à vouloir faire du Québec un pays. À sortir du carcan où une partie ou la totalité des pouvoirs sont exercés par ceux et celles qui ont toujours tenté de nous assimiler. Un projet d'État acadien peut paraître comme un rêve en couleur, mais je vous l'assure, foi d'ex-Franco-Ontarien, sans réelle gouvernance vous serez acculés pour toujours à revendiquer, résister, protester, lutter contre une érosion lente mais inéluctable.

Quand j'étais jeune et qu'on parlait d'unilinguisme français à l'Université d'Ottawa, de militer pour protéger nos assises territoriales en Ontario, d'embrasser l'autodétermination d'un Québec français, voire d'envisager l'annexion de l'Est ontarien francophone au Québec, les bonzes traditionnels nous ridiculisaient. Ils ne voulaient même pas de débat. Aucun de nos projets ne s'est réalisé. Au-delà des gains institutionnels que toutes les minorités acadiennes et canadiennes-françaises ont obtenu dans le sillage de la turbulence québécoise, rien de fondamental n'a changé. Nous avons accumulé les combats victorieux... et perdons la guerre pour ainsi dire. Je ne souhaite pas à l'Acadie de connaître le lent supplice actuel des Franco-Ontariens. 

Alors, chers amis, sortez les tracteurs et creusez un sillon large et profond à travers la province Higgs/Austin pour marquer la frontière de votre Acadie. De notre côté, dites-leur, c'est chez nous et c'est nous qui gouvernons, désormais. Faites de Moncton une zone bilingue, comme Bruxelles en Belgique. J'ai passé une décennie à me plaindre du sort réservé aux Franco-Ontariens et à lutter pour la bonne cause, sans véritable espoir de réussite. Vous avez toujours, en Acadie, la chance de protéger et promouvoir votre contribution unique à la diversité culturelle mondiale. Ne perdez pas les 30 prochaines années dans une guerre d'usure impossible à gagner. En 2050 il sera trop tard. Vous serez peut-être devenus comme nous et les nôtres, une page blanche de l'histoire.

Merde!



mercredi 16 novembre 2022

Pas de presse libre sans plumes libres !


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Si une presse libre se construit sur des plumes libres, sonnez l'alarme! Les salles de rédaction fondent comme neige au soleil depuis des décennies, et les scribes qui peuplent toujours, ça et là, la jungle médiatique du 21e siècle portent de plus en plus le bâillon de l'autocensure et de la rectitude politique. Et trop souvent, se taisent!

Pendant que des professeurs d'université se battent pour avoir le droit d'utiliser le dictionnaire entier dans leurs salles de classe sans s'exposer à la furie des franges injurieuses et intolérantes qui peuplent les médias sociaux (et plusieurs postes de direction), le milieu de la presse - censé être le bastion de la démocratie et de la liberté - s'aplatit.

Privés de leur essentiel support papier, s'efforçant tant bien que mal de naviguer dans l'univers numérique ultra-fragmenté, la plupart de nos journaux quotidiens sont bien plus souvent en mode survie qu'en mode attaque. Les voix s'élèvent peu. On fait le moins possible de vagues pour garder le navire à flot. Les salles de presse, jadis un milieu turbulent et contestataire, se sont trop assagies.

Pire, on a commencé - goutte par goutte - à vider l'encrier dans lequel les plumes journalistiques doivent se tremper pour offrir une information libre et complète, assise du savoir et de la démocratie. Au nom d'on ne sait trop qui et d'on ne sait trop quoi, des mots disparaissent du langage de nos médias et se retrouvent confinés dans les geôles d'une certaine rectitude politique et de ses camps de rééducation...

Récemment, par exemple, sur les ondes de Radio-Canada, l'expression «été des Indiens» a été pudiquement évincée en faveur de «redoux automnal». On devine pourquoi. Mais s'il faut parler de censure des mots, le débat doit se faire autour de l'expression «mot en n», un barbarisme linguistique désormais imposé dans les salles de rédaction pour taire toute mention des mots «nègre» en français, et «nigger» (ou même «negro») en anglais.

L'affaire Lieutenant-Duval à l'Université d'Ottawa servira d'ancrage pour démontrer les effets néfastes, même du strict point de vue d'information, de l'emploi de «mot en n» à tort et à travers. Je me permettrai d'utiliser comme repère le plus récent un éditorial de la rédactrice en chef du quotidien (maintenant numérique) Le Droit, intitulé «Le mot en n et le retour de la liberté». Je ne veux pas pointer du doigt l'auteure, pour qui j'ai la plus haute estime. Les autres - ils, elles, iels - auraient fait et font pareil...

Au-delà du fait que «mot en n» constitue un calque indigeste de «n-word» en anglais - à la limite «mot commençant par n» serait déjà mieux - cette expression porte à confusion. Elle informe mal le public lecteur. Pourquoi? Parce qu'on ne sait jamais de quel «mot en n» il s'agit. Je suis prêt à parier que la plupart des gens (y compris les journalistes eux-mêmes) croient que Mme Lieutenant-Duval avait prononcé le mot «nègre» alors qu'en réalité le cours était donné en anglais et que le mot honni, prononcé dans un contexte strictement pédagogique, était «nigger».

Faut-il ici que j'affirme, de nouveau, de nouveau et de nouveau, un antiracisme que je clame sur la place publique depuis plus d'un demi-siècle? J'espère que non. Expliquer, raconter, énoncer un mot - même une injure raciste - contribue bien davantage à la lutte contre le racisme sous toutes ses formes que de le censurer. Rendre des mots tabous ne fait qu'accroître leur puissance destructive.

Comment des médias peuvent-ils défendre le droit, pour un prof, d'utiliser à des fins éducatives les mots «nègre» ou «nigger», puis les interdire dans leurs propres pages d'information, même pour expliquer avec clarté une situation qui mérite d'être expliquée avec le plus de clarté possible? Les journaux qui se plient par rectitude politique à une telle censure l'accréditent. Ils font désormais partie des censeurs!

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) avait inscrit cette question à l'ordre du jour de son récent congrès (4-6 novembre 2022) mais je n'ai vu aucun texte médiatique sur les débats qui ont pu s'y dérouler. Ou il n'y avait rien de percutant, ou les médias (c'était plein de journalistes...) n'ont pas jugé que le sujet était digne de couverture, ce qui serait regrettable.

Je n'attends plus grand chose de nos médias d'information. Nos peaux de chagrin, presque nues sans papier, entraînent dans leur glissade des pans entiers de la combativité historique de leurs scribes. Quand la presse accepte sous pression de substituer l'imprécision à la précision, jusque dans certains mots, elle trahit sa mission. Elle trahit l'obligation de bien informer. Elle trahit le public et l'idéal démocratique.


lundi 14 novembre 2022

Le cri des vieux combattants !

capture d'écran de Radio-Canada

J'observais la foule qui entrait à la Maison de la culture de Gatineau, samedi soir, assis confortablement avec mon épouse Ginette dans l'aire bistrot attenante à la grande salle Odyssée. Tous ces gens étaient venus, comme nous, voir et entendre Richard Séguin. L'heure qui précède le spectacle a toujours constitué, pour moi du moins, une part importante de l'événement.

Balayer la vaste pièce des yeux, scruter les têtes, les visages, les tenues, les démarches, en quête d'amis et de connaissances, capter les échos des conversations et salutations tout autour, savourer l'ambiance d'un rassemblement d'humains joyeux. Ces moments sont précieux.

Perdu dans mes pensées, repassant dans ma tête L'ange vagabond, ma chanson préférée de Séguin, j’ai noté à Ginette que c'était seulement la deuxième fois dans ma vie où je verrais Richard Séguin sur scène. Ma première et seule présence à l'une de ses prestations remonte à 1972, alors qu'il participait avec sa soeur Marie-Claire à un spectacle-bénéfice pour le journal Québec-Presse.

Ça fait 50 ans! Je me souviens de l'immense aréna à Montréal où s'entassaient des milliers de personnes et où, parfois, le bruit de la foule enterrait la musique des artistes qui défilaient, heure après heure après heure. Puis, tout à coup, au beau milieu du spectacle, les voix se sont graduellement tues alors que le duo Séguin chantait une chanson jusqu'alors inconnue pour moi, Som Seguin.

Ça vaut la peine de l'écouter: https://www.youtube.com/watch?v=YtJSQtmy3ZE. Vers la fin du crescendo de ces quatre minutes magiques, la foule était silencieuse, conquise. J'avais 26 ans, j'étais journaliste et militant syndical, siégeant au conseil confédéral de la CSN. Il me semble que nous étions tous et toutes, ou presque, dans la vingtaine. Cheveux longs, la barbe. En mode attaque, la vie devant soi.

En ce 10 novembre 2022, il me semble être entouré de la même génération... Une majorité de têtes blanchissantes... Je compte sur les doigts d'une main les jeunes de moins de 30 ans... Les cheveux longs ont disparu, la plupart des barbes aussi, et la nostalgie semble avoir rangé les barricades de jadis. Le Québec en mode libération qui m'a séduit à la fin des années 1960 ne vit-il plus que dans ces salles où nos bardes nationaux le rassemble à l'occasion?

Enfin, comment pourrait-il en être autrement? Comme le disait lui-même Richard Séguin dans une récente entrevue, les jeunes générations ne connaissent pas l'oeuvre de Claude Léveillée, Pauline Julien, Gilles Vigneault et les autres. On ne l'enseigne pas dans les écoles, et le répertoire de langue française, du Québec et d'ailleurs, est trop souvent absent ou mortellement dilué dans nos radios privées qui, sauf exception, devraient être classées comme bilingues tout au plus aux heures de grande écoute.

Il m'arrive à l'occasion d'écouter la radio et de balayer la bande FM à la recherche des 7 ou 8 destinations dites de langue française, et de tomber à chacune sur des chansons anglo-américaines. La station la plus francophone, ironiquement, est le 94,5 (Unique-FM)... d'Ottawa! À la télé c'est aussi du bilingue (La voix, En direct de l'univers, etc.). Il arrive que l'anglais domine. Seule la radio satellite offre trois chaînes de musique québécoise et française, mais c'est surtout du contemporain.

Alors si le public, en supposant qu'il le connaisse, voulait entendre à la radio (ou à la télé ou ailleurs) le répertoire des chansonniers et chanteurs / groupes rock qui ont marqué profondément le Québec depuis les années 1960, où ira-t-il? Nulle part! Nos radios et télés nous anglicisent et ce faisant, enterrent dans les musées ou sur nos tablettes des trésors musicaux qui conservent toute leur actualité, tout leur attrait, et qui constituent notre contribution originale et précieuse à la diversité culturelle de la planète.

Que cette musique, que ces chansons soient quasi absentes des ondes québécoises soi-disant francophones n'est pas seulement désolant. C'est un crime. Quand ma génération mourra, enterrera-t-on avec elle les vinyles et CD de Vigneault, Charlebois, Dufresne, Dubois, Forestier, Séguin, Rivard et tous les autres? Je le crains. Notre patrimoine musical s'efface déjà dans l'indifférence générale, du moins chez les plus jeunes.

À 20 heures, samedi, j'étais assis dans une salle bondée qui a accordé une ovation à Richard Séguin avant même qu'il ne commence à chanter. Tout le monde debout, criant et applaudissant à tout rompre. L'ultime bravade de vieux combattants, hurlant: nous sommes toujours là! Mais pour combien de temps?

Le spectacle fut magnifique. J'ai savouré chaque instant la prestation magique de L'ange vagabond, ode à la mémoire de Jack Kerouac, une boule dans la gorge. Ovations. Rappels. Et puis c'était fini. La foule s'est dispersée, se disant sans doute, «À la prochaine, peut-être…»


vendredi 11 novembre 2022

Félicitations, M. Perreault !


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Un signe des temps... Le président d'Impératif français, Jean-Paul Perreault, vient d'annoncer qu'il a été expulsé d'un restaurant de Gatineau (hier, 10 novembre) parce qu'il a voulu commander son repas en français. Je salue son courage, parce qu'exiger publiquement du français à Gatineau, 4e ville du Québec, ne vous attire pas une légion de partisans.

Vous risquez plutôt de provoquer l'ire des soi-disant «bon-ententistes», majoritaires ici, pour qui il va de soi de communiquer en anglais avec des anglophones, même sur la rive québécoise de l'Outaouais. Ni les élus gatinois, ni la population francophone, ne monteront aux barricades. Entre-temps, sur les réseaux sociaux, plusieurs n'hésiteront pas à dénoncer ce qu'ils verront comme étant de l'intransigeance de la part de M. Perreault. Sûrement un «séparatiste», ajoutera-t-on...

Si elle se déclenche, la meute injurieuse qui se manifeste souvent sur Twitter, Facebook et les autres aura vite fait de transformer en pauvres victimes la serveuse unilingue anglaise et le propriétaire du restaurant. À leurs yeux, M. Perreault passera pour l'intolérant dans cette affaire, et la «politesse» dont il dit avoir fait preuve sera mise en doute. Comme c'est un militant pour les droits du français, certains prétendront qu'il a sans doute trop insisté, qu'il a peut-être même été désagréable.

J'ai vécu une situation similaire récemment sur Twitter, quand j'ai raconté avoir été servi par un employé unilingue anglais à mon IGA de Gatineau. Je n'ai rien fait de plus qu'insister, très poliment dois-je ajouter, pour me faire servir en français. Après quelques jours de «jeu du téléphone» dans la twittosphère, plusieurs semblaient croire que j'avais malmené un pauvre immigrant au salaire minimum qui faisait de son mieux pour apprendre le français... J'ai dû désactiver mon compte Twitter pour quelques semaines...

Mon expérience, comme Franco-Ontarien jadis puis comme Québécois depuis 47 ans en Outaouais, c'est qu'il n'y a aucune façon agréable de demander d'être servi en français dans un commerce ou une institution qui n'offre pas de services en français. Même si vous arrivez avec un orchestre de violons jouant une petite musique douce, employez un ton ultra sympathique et conservez un sourire doux et inoffensif, il y a de fortes chances que votre interlocuteur soit contrarié. Dans une ville comme Gatineau, où une forte majorité de francophones sont bilingues et où le nombre d'unilingues anglais a doublé en 15 ans, c'est comme ça.

Les propriétaires de commerces savent qu'ils se trouvent au Québec, que la Loi 101 existe, que la population de Gatineau est à 80% francophone, et que plus du quart de la population est unilingue française (cette proportion est en baisse rapide cependant). Mais comme de nombreux anglophones de Gatineau, ils s'attendent - exigent presque - de pouvoir toujours fonctionner en anglais, comme si la métropole outaouaise était une banlieue d'Ottawa. Et ils peuvent le faire parce que la municipalité et la majorité de la population l'acceptent sans rechigner.

Voyez ce qui est arrivé à M. Perreault. Il se trouve dans un restaurant du secteur Aylmer, où le tiers des résidants (ou plus) sont anglophones. Une trentaine de clients et clientes y sont attablés pour le lunch. Je ne suis jamais allé à ce restaurant mais j'imagine que la clientèle mange dans la même salle et qu'on entend ce qui se passe aux tables voisines. M. Perreault a demandé à la serveuse de pouvoir communiquer en français. D'autres clients doivent avoir entendu. Le proprio est ensuite venu et a expulsé le président d'impératif français. Il y avait sûrement des témoins.  Mais personne ne semble s'être porté à sa défense...

En supposant que les deux tiers des clients étaient francophones, on peut raisonnablement croire qu'ils ont tous, sans exception, accepté d'être servis en anglais. Voilà de quoi la «bonne entente» a l'air, dans de nombreux secteurs de l'Outaouais. Et malheur à celui ou celle qui ose perturber cette bonne entente, qui ose créer un malaise public en rappelant que nous sommes ici au Québec et que la langue commune est le français.  Et que la Loi 101 nous donne le droit d'être servi dans la langue officielle et commune: le français.

Surtout, n'allez pas croire que je blâme les anglophones. Contrairement à la majorité des francophones, ils ne se gênent pas pour s'affirmer. J'ajouterais d'ailleurs que très certainement, la moitié des Anglo-Gatinois parlent aussi français et seraient sans doute prêts à vivre ici dans notre langue. Ce sont trop souvent les francophones qui, dès qu'ils perçoivent un accent anglais ou quelque difficulté de compréhension, passent automatiquement à l'anglais. Nous avons été ainsi dressés à l'ombre du Parlement fédéral et de la ville d'Ottawa. Vivre à genoux.

Félicitations, M. Perreault. Nous ne sommes pas assez nombreux à vous appuyer. Mais vous n'êtes pas seul.


lundi 7 novembre 2022

Les jurons d'Hubert Lenoir...

capture d'écran de Radio-Canada Arts sur Twitter

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Hubert Lenoir mérite certainement les hommages que son public francophone lui a rendus au gala de l'ADISQ, dimanche, mais ce même public francophone ne méritait pas que l'interprète masculin de l'année s'adresse à lui dans une langue salie de vulgarité et de jurons anglais.

Que M. Lenoir profite de l'occasion pour régler certains comptes avec ses détracteurs n'a rien de répréhensible en soi. Les critiques s'exposent à la critique. Cela va de soi. Mais lancer de multiples fuck et fucking pendant plus d'une minute devant un auditoire de centaines de milliers de personnes n'a rien d'édifiant et témoigne d'un mépris pour cette langue française que nous nous efforçons de protéger depuis deux siècles et demie.

C'était, dit-il son victory lap... Puis il crache un Shut the fuck up... Après, on a droit à fucking chill... fucking nice... Un autre Shut the fuck up... Acknowledge au lieu de reconnaissance... Et un salut final: Bonne fucking fin de soirée. Après 50 ans de journalisme, il n'y a plus grand-chose qui me surprend. Toutefois, ce boniment d'Hubert Lenoir oscille au fond des annales.... J'avais un peu honte.

Pas Radio-Canada semble-t-il. Notre réseau public, qui écarte pudiquement l'expression «été indien» et frémit à la simple idée qu'on puisse mentionner le livre Nègres blancs d'Amérique en ondes, a reproduit sans cligner de l'oeil un des Shut the fuck up de M. Lenoir sur son compte Twitter (voir capture d'écran ci-haut).

Si ce n'était qu'un cas isolé, on pourrait passer l'éponge, mais ce genre de langage semble devenir courant dans la jeune génération. Ce n'est plus du joual comme le français de la rue des années 1950 et 1960. C'est de plus en plus une espèce de chiac québécois, où des mots et expressions anglais faciles bouchent les trous laissés par l'ignorance de notre propre langue. Mais on ne se cache plus dans les ruelles pour massacrer la langue. Le micro de l'ADISQ fait bien l'affaire...

Les jurons font partie de notre langage depuis des siècles. Nous en avons une belle sélection, que l'on peut varier à l'infini comme noms, prénoms, adverbes, adjectifs et verbes... Cela a même donné, dans les années 60, un excellent numéro de nos meilleurs comiques de l'époque, les Cyniques, où Marc Laurendeau proposait «un cours de sacre». Sacrez peu, sacrez mieux, disait-il. M. Lenoir aurait avantage à s'en inspirer (voici le lien https://www.youtube.com/watch?v=rVtkqlJx7hU).


L'interprète masculin de l'année peut bien lancer des injures s'il le veut et ce n'est pas moi qui vais demander qu'on le censure. Mais qu'il le fasse avec un minimum de respect pour la langue commune de ses concitoyens québécois. La célébrité s'accompagne de responsabilités.


samedi 5 novembre 2022

Le calvaire de Mme Lieutenant-Duval (suite)

capture d'écran du Droit du 28 octobre 2022

En lisant le texte de l'excellent Jean-François Dugas dans l'édition numérique du quotidien Le Droit, le 28 octobre, je ne sais pas ce qui m'a davantage outré: l'emploi persistant de la ridicule expression «mot en "n"», ou les indignités qu'a dû subir la professeure Verushka Lieutenant-Duval à l'Université d'Ottawa depuis deux ans.

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Si vous vous voulez lire le texte, et je vous le conseille, voici le lien: https://www.ledroit.com/2022/10/29/mot-en-n-a-ludo-condamnation-et-tissu-de-mensonges-a0206c278e32d15e43dee2879d04f1d1.

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Sous le titre «Mot en n» à l'U. d'O: condamnation et «tissu de mensonges», on peut lire le texte suivant (voir capture d'écran ci-dessous):

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Permettez-moi de citer quelques extraits de textes de blogue antérieurs (vous trouverez les liens à la fin du texte):

Les journalistes et les directions des salles de rédaction commettent une faute qui, faite à répétition, accrédite la censure réclamée par les pourfendeurs de Mme Lieutenant-Duval. Ils ont généralisé l’expression «mot en n» au lieu d’exercer, et ainsi protéger, leur liberté d’informer sans entrave la population.

1. Dans le cas de la prof de l’Université d’Ottawa, cette expression porte d’abord à confusion. Les articles et reportages publiés mentionnent rarement qu’elle enseignait en anglais. Lecteurs et auditeurs croient que le «mot en n» était nègre, alors que c’était en réalité nigger. Le sens et la portée de l’un et de l’autre sont tellement différents qu’une précision est ici essentielle.

Et l'équivalent du mot nègre, en anglais, c'est negro, pas nigger. L'emploi du terme negro était répandu, voire courant, jusqu'aux années 1960 pour décrire les humains de race noire. Aux États-Unis, le terme Afro-Américain l'a supplanté. Ici, le mot Noir a pris le dessus. 

2. Mais l’effet le plus pernicieux d'une telle censure est de faire croire à l'existence de mots qu'on ne peut imprimer ou prononcer dans les médias. En les supprimant, le milieu journalistique accrédite la thèse voulant que ces mots doivent être en tout temps bannis du langage, parce qu’intrinsèquement mauvais et agressants. Cette censure médiatique donne raison à l’Université d’Ottawa et condamne la professeure Lieutenant-Duval.

Enfin, «mot en n», c'est un anglicisme. Non, pire qu'un anglicisme, un calque de l'anglo-américain. The «N-Word».... L'importation irréfléchie d'une injure raciste des États-Unis vers notre langue fragile, assiégée, de plus en plus poreuse. Les nombreux médias mauviettes de langue française pourraient tout au moins utiliser «mot commençant par n» à la place de «mot en n». C'est aussi désolant, mais le français est meilleur.

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Passons maintenant au calvaire de Mme Lieutenant-Duval, suspendue sans avoir eu la chance de se défendre, appelée à comparaître après suspension devant le doyen de la Faculté des arts et la conseillère spéciale en inclusion et diversité de l'Université d'Ottawa, tous deux anglophones et antipathiques à son argumentaire, obligée de suivre une rééducation à la Mao sur le «respect» et de soumettre une lettre d'excuses alors qu'elle n'avait rien fait de mal, soumise à la vindicte d'une masse étudiante anglo-wokiste (plus de 10 000 signatures sur une pétition réclamant des sanctions contre Mme Lieutenant-Duval)... Il ne manquait que la guillotine...


L'opinion publique de langue française, principalement québécoise, a été alertée par une série de textes et chroniques, notamment celle d'Isabelle Hachey dans La Presse du 15 octobre 2020), et une forte vague d'appuis francophones, y compris 34 de ses collègues professeurs de l'Université d'Ottawa. L'affaire a déclenché dans les milieux québécois et francophones un débat furieux sur la liberté universitaire, débat qui semble avoir à peine effleuré les thuriféraires de l'univers anglo-wokiste-multiculturaliste, qui exercent une influence démesurée dans les médias et universités anglo-canadiens.


Faut-il être surpris que les indignités infligées à Mme Lieutenant-Duval se soient si vite transformées en conflit linguistique? Pas du tout. J'ai grandi en Ontario et passé une dizaine d'années sur le campus de l'l'Université d'Ottawa. Ça fait partie du décor. Il en va ainsi de la plupart des conflits qui se déroulent à proximité des frontières linguistiques, au Québec et au Canada. Depuis des siècles, la majorité anglophone, imbue de sa supériorité, héritière des relents d'un racisme historique, résiste mal à chaque tentation qui lui est offerte de rabrouer ou d'humilier les concitoyens de langue et de culture françaises, ainsi que les valeurs que cette langue et cette culture incarnent.


Vous m'excuserez de retourner à 1839 et au rapport de Lord Durham sur la rébellion des Patriotes. C'est un document que tous et toutes devraient lire. Durham avait beau être raciste à la britannique, disant vouloir nous extirper de notre ignorance pour nous élever (en anglais bien sûr) à «la liberté et la civilisation», son sens de l'observation était sans égal. Il a bien saisi la dynamique des rapports entre français et anglais. «On s'en aperçoit vite: les rivalités qui paraissaient avoir une autre origine ne sont que les modalités de cette perpétuelle et envahissante querelle; toute dispute en est une de principe entre Français et Anglais ou le devient avant d'avoir touché son terme», écrit-il.


Au sujet de l'attitude de l'anglophone à l'endroit des parlant français, il ajoute: «habituellement conscient de sa propre supériorité, il ne prend pas la peine de cacher aux autres son mépris pour leurs usages.» Cela fait beaucoup penser à ce qu'a ressenti Mme Lieutenant-Duval lors de sa comparution devant le doyen de la Faculté des arts, Kevin Kee, et la conseillère spéciale à l'inclusion et à la diversité, Steffany Bennett. Ils ont appliqué la méthode de Durham de rééducation pour élever Mme Lieutenant-Duval «à la liberté et à la civilisation»...


Je serais curieux de savoir dans quelle langue se sont déroulés les quasi-procès subis par la professeure francophone devant deux «supérieurs» anglophones...


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Liens à mes textes de blogue antérieurs sur cette affaire:


1. Suspendue sans procès et lynchée dans les médias, 20 octobre 2020. https://lettresdufront1.blogspot.com/2020/10/suspendue-sans-proces-et-lynchee-dans.html


2. De quoi je me mêle?, 26 octobre 2020 https://lettresdufront1.blogspot.com/2020/10/de-quoi-je-me-mele.html


3. Un texte bourré de faussetés et d'erreurs, 31 octobre 2020

https://lettresdufront1.blogspot.com/2020/10/un-texte-bourre-de-faussetes-et-derreurs.html


4. Le dernier esclandre du recteur..., 24 novembre 1970

https://lettresdufront1.blogspot.com/2020/11/le-dernier-esclandre-du-recteur.html


5. Le combat contre le racisme a besoin de guerriers, pas de mauviettes, 10 décembre 2020

https://lettresdufront1.blogspot.com/2020/12/le-combat-contre-le-racisme-besoin-de.html


6. «je suis nègre-blanc-québécois-fleur-de-lys» (Paul Chamberland, 1965), 3 avril 2021

https://lettresdufront1.blogspot.com/2021/04/je-suis-negre-negre-blanc-quebecois.html


7. N'a-t-on rien appris? 30 août 2022

https://lettresdufront1.blogspot.com/2022/08/na-t-on-rien-appris.html



mercredi 2 novembre 2022

M. Paradis, je m'estime trahi...

François Paradis


Au Québec, le conflit entourant la nécessité ou pas du serment d'allégeance à Charles III nous a abondamment rappelé que le peuple québécois vit dans une monarchie. Avec tout ce que cela implique d'archaïsmes et d'injustices accumulées depuis des siècles. Enfin... un jour, peut-être, nous aurons notre république souveraine.

Entre-temps, la question devant nous, c'est de savoir si les nouveaux députés doivent jurer fidélité au monarque britannique, conformément à l'article 128 de la Loi constitutionnelle de 1867. Parlant au nom de l'Assemblée nationale dont il est toujours le président, François Paradis a réaffirmé hier le caractère obligatoire du vétuste serment d'allégeance à la Couronne du Royaume-Uni.

Venant du président de l'Assemblée nationale du Québec dont la loi constituante, adoptée en 1982, ne prévoit qu'un seul serment «envers le peuple du Québec», cette décision de M. Paradis constitue ni plus ni moins une trahison d'une décision législative qui avait de facto annulé la nécessité du serment d'allégeance à la reine ou au roi (et ainsi modifié la portée de l'article 128 de la Loi constitutionnelle de 1867).

Le Québec a le droit de modifier sa propre constitution, dans la mesure où telle chose existe. Ce droit est reconnu même dans la Charte de la nuit des longs couteaux (article 45 de la Loi constitutionnelle de 1982), et Québec l'a utilisé en modifiant unilatéralement l'Acte de l'Amérique du Nord britannique (ou Loi constitutionnelle de 1867), y ajoutant des articles faisant du français la langue officielle et la langue commune du Québec.

Ce droit s'étend-il aux rapports du Québec avec la monarchie? Oui. Le lien entre le Québec et Charles III ne passe pas par Ottawa, et la gouverneure-générale n'est pas la «chef d'État» du Québec même si elle a le droit constitutionnel de nommer son lieutenant-gouverneur. Dans le demi-siècle qui a suivi la création de la fédération canadienne, le Comité judiciaire du Conseil privé du Royaume-Uni (ancien arbitre des disputes fédérales-provinciales) avait clairement établi qu'il existait un lien direct entre la Couronne britannique et les provinces. Le lieutenant-gouverneur du Québec incarne Charles III sans détour fédéral...

Les rapports entre le Québec et le roi sont du ressort de la Constitution québécoise. Ottawa n'a pas à s'en mêler. Si l'Assemblée nationale adopte un projet de loi dictant un seul serment d'allégeance, fait au peuple québécois, c'est son affaire et Charles III (ainsi que son représentant, le lieutenant-gouverneur) n'ont qu'à en prendre acte. La Constitution n'évolue pas seulement à coups d'amendements constitutionnels. Elle est aussi façonnée par les lois, les coutumes et les changements sociaux. Mais l'essentiel, c'est que Québec est le seul responsable de sa gestion des rapports de l'État québécois avec la couronne du Royaume-Uni.

En 1925, poussant sa décision à sa conclusion logique, le Comité judiciaire du Conseil privé avait jugé que les provinces étaient «in a sense like independent kingdoms».  Des royaumes indépendants. Trente ans plus tôt, le même Comité avait affirmé qu'un lieutenant-gouverneur, une fois nommé, «is as much a representative of Her Majesty, for all purposes of provincial government, as the Governor General himself is, for the purposes of Dominion government»1. C'est on ne peut plus clair. Québec règle seul ses comptes avec son roi.  Et pour ce qui est du serment d'allégeance, Québec avait déjà décidé en adoptant sa Loi de l'Assemblée nationale en 1982. UN serment. Au peuple québécois.

Au lieu de se faire défenseur des droits de ses députés et des lois québécoises, le président de notre Assemblée nationale a fait siens les vestiges de l'ancien colonialisme oppresseur. Entre le serment unique au peuple québécois et l'obligation de jurer également fidélité au roi du Royaume-Uni, il a choisi le second. Il a même ordonné l'expulsion des députés qui, horreur, jureraient fidélité au seul peuple québécois, comme l'exige la Loi de l'Assemblée nationale. M. Paradis, je m'estime trahi.

Tenez bon, les trois et les onze!

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1 - The Evolving Canadian Crown, Edited by Jennifer Smith and D. Michael Jackson, Queen's University Press, McGill University Press, 2011

mardi 1 novembre 2022

Capitalisme 101...

L'économie capitaliste, c'est bien plus simple que l'on pense...

Oubliez les savantes et complexes analyses des soi-disant experts...

Voici comment ça marche.

Je prends un exemple facile mais vous pourriez en choisir un autre.

Les pétrolières gonflent le prix de l'essence et font des profits indécents.

Nous payons tout à coup 20 $ ou 30 $ de plus pour faire le plein.

Les experts appellent ça l'inflation mais c'est du vol.

Nos représentants élus au gouvernement pénalisent-ils les voleurs?

Non. Mais comme c'est grave, ils commandent des études.

Et nous continuons à payer, et payer...

D'autres capitalistes, flairant l'occasion, volent à leur tour.

La facture d'épicerie grimpe démesurément.

Nos représentants élus pénalisent-ils ces entreprises? Non.

D'autres études.

Et nous continuons à payer, et payer...

Puis la Banque du Canada dit: l'inflation, c'est grave.

Pénalise-t-elle les voleurs?

Non, elle hausse les taux d'intérêt.

Nous paierons plus cher nos voitures, nos hypothèques, nos emprunts.

Et nous aurons encore moins d'argent pour payer les prix gonflés par les capitalistes.

Ce que j'en retiens?

Les capitalistes s'emplissent les poches à nos dépens.

Et ils peuvent le faire sans entrave, puisque les gouvernements défendent le système qui les laissent libres de commettre ces abus.

Entre-temps, le peuple - nous - s'appauvrit.

Capitalisme 101.

Et personne ne semble remettre en question ce système d'injustices.

À quand une petite rébellion?