mardi 29 mars 2022

Le «principe du fédéralisme»... C'est quoi ça?

capture d'écran de Radio-Canada

Dans une chronique récente (Journal de Montréal, 26 mars 2022), le journaliste Antoine Robitaille accusait la coalition Trudeau-Singh de violer allègrement «la constitution canadienne et le principe du fédéralisme». Pour lire cette chronique, suivez le lien bit.ly/3Le5yly.

La plupart des lecteurs ont décodé le sens. Que les priorités du NPD en matière de santé, désormais endossées par le gouvernement Trudeau, allaient envahir des compétences appartenant aux provinces (et donc au Québec) en vertu de la Constitution fédérale. Une nouvelle bonne vieille chicane Ottawa-Québec en perspective...

Mais «le principe du fédéralisme», c'est quoi au juste? Posez la question à Justin Trudeau ou à Jagmeet Singh. S'ils vous retournent un regard plutôt vide, je ne serais pas du tout surpris. La philosophie politique n'intéresse à peu près personne : ni à la Chambre des communes, ni à l'Assemblée nationale du Québec, ni dans les salles de nouvelles, ni au sein de la population québécoise et canadienne. Trop abstrait. Distant.

Et pourtant. La connexion est intime entre ce «principe du fédéralisme» et chaque individu, chaque collectivité, chaque nation qui évolue au sein d'une fédération. La nôtre (qu'on voudrait souvent quitter) comme les autres, et il existe plusieurs fédérations, sur tous les continents: États-Unis, Mexique, Brésil, Argentine, Suisse, Belgique, Allemagne, Russie, Inde, Australie, Afrique du Sud, etc. Près d'une trentaine.

Le principe du fédéralisme, tel qu'on me l'a appris, repose sur une répartition équilibrée des pouvoirs entre un gouvernement central (fédéral) et des gouvernements étatiques ou provinciaux. Mais le coeur du principe, c'est que toutes les composantes d'une fédération soient juridiquement égales entre elles et que chacune puisse assumer indépendamment les charges liées à ses domaines constitutionnels de compétence.

Ainsi, au Canada, Ottawa n'a jamais été et n'est pas aujourd'hui un gouvernement supérieur, sur le plan juridique. Et les États provinciaux ne sont pas des gouvernements inférieurs. La Reine est le chef d'État du Canada de la même façon qu'elle est le chef d'État du Québec ou de l'île du Prince-Édouard. Les États provinciaux communiquent directement avec la Couronne, sans avoir à passer par Ottawa. Du moins c'est ainsi que les choses devraient se passer.

Mais le système est fêlé... pour deux motifs principaux. Primo, les anciens pouvoirs de la Couronne britannique dans l'AANB de 1867 ont été accaparés par Ottawa au fil des décennies. Cela permet au pouvoir central de contrôler les tribunaux supérieurs dans l'ensemble du pays, tribunaux qui servent d'arbitres dans les conflits constitutionnels entre l'État fédéral et les États provinciaux, notamment le Québec. Secundo, le pouvoir de dépenser d'Ottawa n'est pas limité par la Constitution, et le fédéral s'en sert allègrement pour envahir les juridictions provinciales.

Au-delà des cadres juridiques qui la constituent, une fédération est plus souvent qu'autrement un reflet de la société, des collectivités ou des nations qui l'habitent. Là où subsistent des identités régionales ou nationales fortes, l'État fédéral peut plus difficilement rogner les compétences des autres États membres. Quand ces identités reculent, l'Etat fédéral devient centralisateur. Quand les États membres se renforcent trop, la fédération peut se disloquer. Cela arrive parfois. Ce serait arrivé ici en 1995 n'eut été des tricheries du camp du Non...

Or, au cours du dernier quart de siècle, l'effet centrifuge amoindri de l'identité québécoise s'est accompagné d'une cohésion centripète accrue du Canada anglais sous la bannière du multiculturalisme (diversité de façade pour dissimuler l'hégémonie de l'anglais). Contrairement à nous, qui nous voyons comme Québécois plutôt que Canadiens, les anglophones des neuf autres États membres de la fédération s'identifient d'abord comme Canadians. Sous l'effet d'une immigration massive et d'une américanisation évidente, les vieilles particularités des Maritimes, de l'Ontario et de l'Ouest canadien s'effritent.

Chez nous, le gouvernement «national» siège à Québec. Ailleurs au pays, le gouvernement «national» est à Ottawa. Les Anglo-Canadiens réservent le titre de «prime minister» au seul chef du gouvernement fédéral. Les autres ne sont que des «premiers» (prononcer primieures»). Le dernier premier ministre provincial anglo-canadien à s'identifier comme prime minister fut, je crois, John Robarts en Ontario jusqu'au début des années 1970. Dans l'esprit anglophone, l'appellation premier indique clairement que les chefs des provinces ont une importance moindre que celui ou celle du premier ministre à Ottawa.

Le NPD, qui a toujours été centralisateur et anglophone, a tenté au début des années 2000 de concilier le Québec et le Canada anglais avec un projet de régime fédéral fortement asymétrique, proposé dans sa désormais célèbre «Déclaration de Sherbrooke», défendue par Jack Layton en 2011, l'année du balayage néo-démocrate au Québec. Mais tel projet, qui aurait permis à Ottawa d'occuper des champs de compétence des neufs provinces anglophones tout en laissant une large autonomie de gestion au Québec, était clairement indéfendable au Canada anglais. À cet égard, le NPD de Jagmeet Singh constitue un fidèle reflet de la «nation» anglo-canadienne, qui n'a que faire de la constitution fédérale. Un problème est «national»? On le règle à Ottawa, même s'il relève d'un champ de compétence provincial. Et ça tombe bien. Les libéraux de Trudeau sont du même avis. Une coalition? Oui!

Et cette coalition PLC-NPD ciblera principalement des enjeux de santé et services sociaux - santé mentale, soins de longue durée, assurance médicaments, assurance dentaire -, compétences provinciales. Ottawa utilisera comme levier son pouvoir de dépenser. Les juges de la Cour suprême (tous nommés par Ottawa) lui ont donné carte blanche en 2021 avec la décision sur la taxe carbone, décrétant que le fédéral pouvait mettre le grappin sur toute question jugée de portée «nationale» (sans définir le mot nation). Et l'État fédéral aura l'appui d'une majorité d'Anglo-Canadiens dans ses empiétements...

Les dés sont pipés. Le principe du fédéralisme était déjà gravement atteint au Canada. Avec cette entente NPD-libéraux, ce pourrait être le début de son agonie. Pour le Québec français, les enjeux ont rarement été aussi clairs. Constitution imposée. Coalition centralisatrice. Tribunaux hostiles. Multiculturalisme intolérant. Anglicisation massive. La seule réponse possible du Québec à la destruction du régime fédéral par un excès de centralisation, c'est un vigoureux coup de barre vers l'indépendance. Sinon, les forces centripètes nous happeront. Suite et fin.


samedi 26 mars 2022

Je fais toujours confiance aux journalistes, moins aux médias, pas du tout à l'Internet

les dernières éditions quotidiennes imprimées de La Presse et du Droit

Quand le public fait davantage confiance aux entreprises et aux gouvernements qu'aux médias d'information (voir bit.ly/3NlsCk4), on a un sérieux problème de société, de démocratie, voire de civilisation.

Ça fait dramatique un peu comme déclaration, j'en conviens, mais j'ai la conviction qu'elle oscille tout près de la réalité.

Contrairement à un nombre croissant de lecteurs et d'auditeurs, je ne crois pas que les médias et les journalistes d'ici tentent de disséminer «de l'information erronée ou largement exagérée».

Mais je peux comprendre. J'ai moi-même, de plus en plus, un réflexe de méfiance (pas pour les mêmes motifs) envers ce qui reste de l'offre de nos anciens journaux papier.

Le noeud du problème se résume en un mot: Internet.

Cet Internet, que j'adore pour ce qu'il ajoute à nos capacités d'informer et d'échanger, mais que je déteste pour ce qu'il prétend supplanter, est devenu une véritable jungle médiatique.

L'information est partout, et en désordre. Les organes d'information crédibles se noient dans une bouillie de médias sociaux où fausses et vraies nouvelles se côtoient sans distinction...

Auparavant, je n'avais pas besoin naviguer d'un moteur de recherche à l'autre sur de minuscules écrans pour trouver des aiguilles dans des bottes de foin.

Mon journal était déposé à ma porte tous les jours (sauf le dimanche).

Je ne devais pas le dégager d'une pile de publications à potins, parfois délirantes, sur mon perron.

Ayant travaillé longtemps dans une salle des nouvelles, je connaissais les rouages de mon quotidien et pouvais deviner ceux des autres.

Que l'information véhiculée était le produit d'une équipe de journalistes professionnels bien encadrés (tant ceux de mon journal que ceux, encore plus nombreux, des agences de presse).

Que les textes avaient été révisés, corrigés, triés et mis en page en fonction des priorités du jour. Sans être complet, le menu était suffisant pour faire du lecteur un citoyen informé.

Que le format papier - tabloïd ou plus grand - était plus facile à lire que l'écran d'une tablette ou d'un téléphone.

Que je pouvais voir deux pleines pages et plusieurs nouvelles du même coup d'oeil, et passer aux autres pages sans pitonner...

Que le journal ne disparaissait pas dans un nuage virtuel dès que je le rangeais...

Que je n'avais pas à craindre que les nouvelles lues aujourd'hui aient été modifiées ou pire, effacées, le lendemain... ou l'année d'après...

Que les coupures de presse ou les éditions papier que je conservais seraient toujours accessibles dix ans, 50 ans, 100 ans plus tard...

L'arrivée de l'Internet, dans les années 1990, permettait de multiplier l'offre des médias traditionnels en assurant l'accès universel à l'information en temps réel ainsi qu'une communication instantanée entre usagers et producteurs.

Mais la magie d'Internet avait aussi ses Voldemort...

Entre l'appât du gain des barons de la presse et la découverte d'un bâton magique virtuel qui semblait ouvrir toutes les portes jadis verrouillées, cinq siècles de civilisation de l'imprimé ont été vite assiégés.

Le Web ne s'est pas contenté d'ouvrir un nouvel univers. On s'en est servi pour supplanter l'ancien. Feu le papier. Un vaste autodafé virtuel.

Et vingt-cinq ans plus tard, on a ce qu'on a. Depuis le 24 mars 2020, mon quotidien (Le Droit) n'a plus d'édition quotidienne papier. Le vide sur mon perron a été rempli, pour le moment, par Le Devoir.

Je reste - je resterai toujours abonné à l'édition Internet du Droit, qui a ses qualités et ses défauts, mais il n'est plus physiquement sur ma table de cuisine. Il n'est plus dans les kiosques des magasins, ni sur les tables de restaurants.

Pour conserver un texte ou une photo du journal, je dois l'imprimer. Rien ne garantit que ce texte ou cette photo sera encore accessible le lendemain, ou pire vingt ans plus tard. Et de fait, de nombreux textes du Droit qu'on trouvait jadis sur le Web n'y sont plus...

N'oubliez jamais que nous ne contrôlons pas les interrupteurs. Si quelque part, quelqu'un qui le peut et le veut coupe les accès, l'écran de votre tablette, de votre ordi ou de votre téléphone n'affichera RIEN.

Entre-temps, de vraies et de fausses nouvelles, des analyses de journalistes sérieux et les délires de complotistes, les échanges constructifs et les ragots les plus mesquins se côtoient sur les écrans.

Mon journal n'est pas à ma porte, avec ses 30 ou 40 pages de papier qui m'ont été personnellement adressées.

Mon journal est dans une vaste toile virtuelle où avoisinent le meilleur et le pire, le vrai et le faux, le propre et le sale. Veux, veux pas, il est entaché par les dégueulasseries qui l'entourent.

Pour plusieurs, encore, qui s'assemblent ont tendance à se ressembler...

Le papier assurait sa crédibilité, sa noblesse et sa permanence.

Les journalistes de nos salles de nouvelles décimées font leur possible pour maintenir les niveaux de qualité de l'information.

Un peu de détergent dans les eaux malpropres de l'Internet.

Je fais toujours confiance à mes collègues journalistes. Les vrais.

Je ne fais plus vraiment confiance aux médias qui les emploient.

Et je ne fais aucunement confiance à cet Internet qui échappe complètement à notre contrôle.

Quand je dis que les journaux doivent retrouver leurs éditions papier, on me dit que je rêve en couleur. Que cette époque est finie, ou presque.

Quand je dis que l'information dans nos quotidiens a dépéri depuis l'arrivée de l'Internet, je ne rêve pas.

Quand je dis que le dépérissement de l'information menace la démocratie, la civilisation même, je ne rêve pas.

Le papier coûte cher. Abandonner le papier coûtera bien plus cher.

Le peuple a raison de se méfier...


dimanche 20 mars 2022

Alice au pays de l'Outaouais...

caricature de Bado, Le Droit, 18 mars 2022

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Alice se croyait au pays des merveilles, mais elle se promenait en réalité en Outaouais, appendice surréaliste du Québec s'il en fut...

Un coin de pays où on carbure essentiellement aux illusions, promesses, mirages. À la peur aussi. La réalité a peu d'importance... 

Des autoroutes qu'on met un demi-siècle à construire, des échéanciers qu'on repousse d'élection en élection, de génération en génération...

Des vieillards qui ne se souviennent même plus des premières pelletées de terre de projets entrepris dans leur jeunesse, encore en cours...

Des ponts et viaducs restés de longues années sans connexion aux réseaux routiers... Des kilomètres d'autoroutes en pleine campagne, qui semblent surgir de nulle part...

Une grande ville qu'on peine à traverser parce qu'elle est conçue comme un entonnoir, branchée sur «la matrice», Ottawa

Un réseau de santé qui se détériore à chacun des nombreux ballonnements et fusions qui devaient, assurait-on, l'améliorer...

Grave pénurie de personnel aux hôpitaux de Gatineau? Bâtissons-en un de plus... à l'extérieur des pôles urbains par surcroit, «dans le bois»...

Un méga-hôpital au bout d'un petit cul-de-sac routier qui rallonge le trajet des ambulances d'un peu partout? Pas grave, on créera de toutes pièces une autoroute traversant le nord de Gatineau de bord en bord...

Quand? Bof... La CAQ devait livrer un hôpital pour 2023... Pas vu? Moi non plus. Alors on fait ce qu'on fait toujours. Promettre un nouvel hôpital, bien plus gros... Le temps de passer au moins deux ou trois élections...

Alors, pour l'extension de l'autoroute 50 ou variantes (le vieux 550, autre lapin sorti du chapeau), préparez-vous... Décennies de palabres, chicanes et délais avant d'y voir la première ambulance?

Dans le vrai monde, entre 1962 et 1967, on a construit plus de 100 km de l'autoroute 40 entre Pointe-Fortune et Berthierville... Ici, au pays des merveilles, la 50 reste en chantier après 52 ans... La 5 aussi...

Et le lien Outaouais-Témiscamingue qui ferait de cette grande région autre chose qu'un déversoir vers l'Ontario? Un grand rêve qui vivote comme un filet d'espoir depuis plus de 100 ans... Un record!

Et à chaque tentative de se débrancher de la «matrice» Ottawa, d'entrer dans l'univers réel du Québec, l'épouvantail séparatiste sort des placards libéraux... surtout en période électorale... Et ça marche...

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«C'est impossible!»

«Seulement si tu crois que ça l'est...»

(Alice au pays des merveilles, de Lewis Carroll)

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Je n'avais que 29 ans, et je couvrais le dossier de la 50 et de la 550 depuis plus de cinq ans...



mercredi 16 mars 2022

Un vil contrat qui ne nous sauvera pas...

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                                              capture d'écran de Radio-Canada

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En Ukraine, tous les jours, depuis des semaines, l'armée de Poutine se rend coupable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Agression, destruction, terreur, carnage, les images quotidiennes sont devenues insupportables, comme les appels à l'aide désespérés du président Zelensky et de son peuple...

La solidarité des démocraties est clamée haut et fort, mais aucun soldat ne franchit la frontière ukrainienne pour aider à protéger le pays contre les armes russes...

Le menace nucléaire de Poutine nous paralyse. Personne ne sait s'il est assez fou pour la mettre à exécution.

Et nous savons tous qu'une guerre nucléaire peut détruire la planète.

Alors, impuissants ou presque, nous voyons défiler à l'écran les bombardements d'hôpitaux, d'écoles, de quartiers civils, les morts et les blessés, la fuite de millions de réfugiés, l'anéantissement d'un pays.

Nous avons troqué l'honneur et la solidarité contre une survie dans la honte.

Ce vil contrat, à la longue, ne sauvera personne...

Admettons que Poutine envisage vraiment une frappe nucléaire le jour où les armées des démocraties se dressent en bouclier dans les airs ou au sol en Ukraine.

Et qu'on le laisse, pour éviter le pire, piétiner le sol ukrainien... N'est-ce pas du même coup une invitation à récidiver avec d'autres voisins? 

L'apprenti-tyran du Kremlin fulmine déjà contre la Pologne et autres États qui accueillent les victimes en fuite de son agression, qui le conspuent, contre les représailles économiques de l'Occident, contre les médias des démocraties qui le taillent en pièces...

Coincé, isolé, Poutine n'en deviendra que plus dangereux... Un bon jour, s'il est aussi fou que l'on craint, il appuiera sur le bouton rouge, qu'on le combatte ou pas... Et la planète y passera.

Faudrait pas que le dernier acte de l'humanité soit de s'agenouiller devant l'assassin, alors qu'elle aurait pu se tenir debout!

Si, par contre, Poutine et ses généraux sont sains d'esprit et utilisent le bluff nucléaire pour effrayer ceux qui seraient en mesure d'enrayer son agression en Ukraine, l'inaction militaire des démocraties ne sert qu'à lui donner carte blanche.

Drapés dans le drapeau bleu et jaune, criant haut et fort notre solidarité et notre impuissance, nous assistons jour et nuit à l'écrasement d'un peuple qui n'a pas les moyens militaires de repousser l'envahisseur.

Des images sans fin de bâtisses éventrées, de milliers de femmes, d'enfants et d'hommes qui fuient à pied, souvent pendant des jours, pour échapper aux bombes et aux chars russes, les éclairs d'explosions dans la nuit, les appels que nous lancent les victimes, à commencer par le président Zelensky...

Tant de bravoure chez eux, tant de lâcheté ici...

Jamais aurais-je cru possible qu'avec une carapace de 50 ans de journalisme, je puisse en arriver là. J'ai de la difficulté à regarder les bulletins de nouvelles, à lire les journaux. Je suis stressé. Je me sens coupable d'assister, sans plus, à cette résistance qui se prolonge contre un ennemi impitoyable. Et de ne rien faire qui puisse empêcher les bombes de tomber, les chars d'avancer, les troupes d'envahir...

Les démocraties n'ont plus que quelques jours pour sauver l'honneur.

Au fond, pour Poutine, le choix est simple. Ou bien il utilisera le nucléaire, maintenant ou plus tard, ou il ne l'utilisera pas. 

Pour nous, le choix est aussi simple. Qu'on laisse poutine gagner ou qu'on le combatte ne changera rien à la donne s'il entend inclure - pour vrai, pour de bon - l'arsenal nucléaire dans ses stratégies.

On laisse les Russes piétiner l'Ukraine? Le pays sera probablement anéanti, et Poutine aura toujours le doigt sur la gâchette atomique. Pour une prochaine fois qui ne tardera pas...


dimanche 6 mars 2022

La MRC Pontiac met la hache dans son «franglais»... Que s'est-il passé?

Je me considère toujours journaliste même si je n'ai plus d'employeur médiatique depuis 2014. Invoquer mon «titre» de blogueur n'ouvrira pas beaucoup de portes «officielles» dans le cadre de mes recherches. Alors je dois me contenter parfois de scénarios incomplets qui continueront pendant longtemps à piquer ma curiosité...

En voici un, présenté en ordre chronologique.

le samedi 12 février 2022 - La MRC de Pontiac dévoile sa nouvelle marque territoriale composée de publicités rédigées en «franglais». Une horreur dont je fais état dans mon texte de blogue du 14 février, intitulé Le Pontiac... «One big family»??? (Voici le lien: bit.ly/34FAefU)

le lundi 14 février 2022 - Je lance mon texte de blogue sur Twitter et sur Facebook, en me disant qu'au moins un des médias régionaux trouvera intéressant l'aspect linguistique de la campagne Destination Pontiac, compte tenu des débats incessants sur le déclin du français au Québec.

le vendredi 18 février 2022 - Depuis les textes insipides publiés avant mon texte de blogue du 14 février (CHIP-FM, Le Droit), où personne ne parle des textes «franglais» de la MRC Pontiac, c'est le silence complet sur le front médiatique. Décourageant.

le dimanche 20 février - Je relance mon texte de blogue du 14 février sur Twitter avec un appel aux médias, au ministre Jolin-Barrette et à l'Office québécois de la langue française, en spécifiant que le député libéral André Fortin appuie cette campagne en «franglais»... 

le mardi 22 février 2022 - Un peu outré de l'indifférence générale dans cette affaire que je juge importante, je lance un deuxième texte de blogue intitulé Le franglais, langue officielle? À Montréal, il y aurait levée de boucliers... Mais dans le Pontiac... bof! (Voici le lien: bit.ly/3HbT1g6)

Je l'adresse cependant à une série d'acteurs qui, me semble-t-il, sont de nature à se préoccuper de la langue française et du sort qu'on lui fait subir, même dans une petite région comme le Pontiac, en Outaouais:


le mercredi 23 février 2022 - Je reçois la réponse suivante à mon gazouillis de la veille:


Je vérifie immédiatement et Yves D. a tout à fait raison. Le franglais a presque disparu. La seule trace qui en reste, on la trouve en bas de chaque page. C'est la signature de la MRC Pontiac, que voici:


Les autres messages, dans toutes les pages, sont maintenant présentés en français (dans la version française du site Web) ou an anglais (dans les pages anglaises de cette MRC bilingue du Québec). En voici un exemple, que vous pouvez comparer à la première version plus haut:


le jeudi 24 février - Nouveau balayage des médias en ligne et personne ne souffle mot de ce changement de cap linguistique de la MRC Pontiac. Voilà donc mon scénario incomplet: que s'est-il passé pour que la MRC Pontiac modifie en un jour le contenu linguistique d'une campagne soigneusement préparée depuis deux ans?

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J'ai écouté l'interview donnée à la station CHIP-FM Pontiac (en anglais) par la directrice du développement économique de la MRC Pontiac, Cindy Phillips, qui avait expliqué l'effort de préparation de cette campagne publicitaire:

«Nous y travaillons depuis deux ans. Nous avons parlé à des gens dans toutes les communautés. Nous avions un comité formé d'intervenants de la région, d'élus et de citoyens ordinaires. Nous avons rencontré des groupes témoins, fait des sondages en ligne. Nous avons fait beaucoup de travail pour comprendre l'ADN du Pontiac, ce qui nous rand si unique. Le projet a été dirigé par le service de développement économique de la MRC Pontiac, en association avec l'entreprise de consultants Visages régionaux»

Alors que s'est-il passé pour qu'entre le 22 et le 23 février, on chamboule la présentation «franglaise» soigneusement élaborée par les élus municipaux et des experts en marketing après deux années de consultations? Sûrement pas deux petits textes de blogue, fussent-ils rédigés par un ancien éditorialiste du quotidien régional, Le Droit...

Il fallait plus que ça. La chroniqueuse Josée Legault, qui a 50 000 abonnés sur Twitter, a relancé mon gazouillis le 22 février avec le commentaire «il faut en effet le voir pour le croire» mais c'est la seule réaction médiatique que j'ai vue... Se peut-il qu'un des médias à qui j'ai adressé le texte de blogue ait donné un coup de fil à la MRC Pontiac? Ou l'OQLF? Ou un député? Ou un organisme comme la SSJB ou Impératif français?

Quelqu'un, de toute évidence, est intervenu et cette intervention s'est avérée suffisamment percutante pour modifier en quelques heures des plans mijotés et peaufinés pendant des mois, voire des années... Et surtout, la MRC Pontiac n'a pas annoncé les modifications au «franglais» et les motifs de ces changements... Je ne dois pas être le seul qui s'interroge là-dessus...

Il n'est pas trop tard pour en tirer un bon petit reportage médiatique mais  si le passé est garant de l'avenir, l'espoir est mince de voir un journaliste de la région ou d'ailleurs s'intéresser à cette petite énigme...