dimanche 30 septembre 2018

Pourquoi je vote pour le Parti Québécois !


Une dernière fois aux barricades... avec ce petit bulletin de vote que je glisse à chaque élection depuis 1976 dans la boîte de scrutin, après avoir coché la case du porte-étendard du Parti Québécois...

Une dernière fois, dis-je? Je le crains. Si la tendance des plus récents sondages se maintient, mon parti - et avec lui mes espoirs d'un pays à notre image - pourrait n'être bientôt qu'un chapitre inachevé dans l'histoire des peuples.

Si encore la perspective d'une éventuelle disparition de la nation française en Amérique du Nord était le résultat d'âpres combats contre des forces socio-politiques supérieures, invincibles, nous aurions au moins conservé l'honneur.

Mais non... La tragédie, c'est que la lutte de survie de plus de deux siècles et demie de «notre petit village encerclé» risque de s'achever dans la lâcheté avec de nouvelles générations peu informées et indifférentes aux projets collectifs de leurs prédécesseurs.

La défaite laisse parfois une semence, une lueur d'espoir pour l'avenir, mais l'abandon ne lèguera que honte et culpabilité.

Pourquoi en sommes-nous arrivés là? Que faudra-t-il faire pour s'en sortir? Comment s'expliquer que l'histoire des nôtres sombre à ce point dans l'oubli et que la dégradation du français parlé et écrit, ciment de notre cohésion nationale, s'accélère?

Si la langue française n'était qu'un vulgaire outil de communication, on pourrait la bâtardiser à souhait avec des anglicismes et des mots ou expressions anglais... mais elle demeure le principal véhicule de transmission de notre culture et de nos valeurs collectives !!!

Si la langue et la culture qu'elle incarne avaient si peu d'importance, pourquoi les Britanniques, puis la majorité anglo-canadienne après 1867, ont-ils mis tant d'efforts à la persécuter depuis le début du 19e siècle?

Dans ma jeunesse, à Ottawa, j'ai appris qu'en 1912 un gouvernement provincial raciste avait interdit l'enseignement en français dans les écoles franco-ontariennes. C'était une tentative délibérée d'ethnocide dont mes grands-parents et parents avaient souffert et dont ma génération subissait toujours les séquelles.

À l'université, j'ai lu sur la déportation des Acadiens et sur les autres mesures de répression des minorités francophones hors-Québec depuis la Confédération. Même au Québec, la minorité anglaise affichait ouvertement son mépris pour la langue des porteurs d'eau et scieurs de bois...

J'ai aussi découvert peu à peu la littérature française (du vieux continent et d'ici), ainsi que les grands chansonniers de l'époque - Léveillée, Vigneault, Ferland, Félix, Ferrat, Brel, Bécaud, Aznavour, Vian et les autres. Je n'étais plus le même après...

Armés d'une compréhension de l'histoire nationale et de repères culturels identitaires plus complets, les jeunes étaient disposés à s'engager pour défendre et promouvoir des projets collectifs. Et plus ils devenaient militants, plus ils s'informaient, plus ils se politisaient.

Voilà comment, à la fin des années 1960, la jeune génération est devenue le fer de lance du mouvement indépendantiste et de la gauche québécoise. Cinquante ans plus tard, ça ressemble plutôt à un dégonflement total!

On a appris aux moins de 35 ans que notre histoire nationale n'était qu'un ramassis de «vieilles chicanes» et que le combat pour la langue française était plus ou moins terminé (du moins au Québec) depuis l'adoption de la Loi 101 en 1977... Tout va bien. Dormez en paix!

On leur a menti... et ils ont cru les mensonges. Les échecs répétés des générations précédentes lors des référendums de 1980 et 1995, et l'affaissement qui en est résulté, les avaient rendus vulnérables. Nous devons assumer notre part de responsabilité d'avoir laissé refroidir les braises. 

Aujourd'hui, dans le brouillard d'un intense multiculturalisme anti-francophone et anti-québécois, la majorité des jeunes ne voient pas - ou feignent de ne pas voir - l'effritement de l'État québécois et l'anglicisation qui menace l'existence de la francophonie québécoise et canadienne.

Trop d'immigrants ne s'intègrent pas, trop de Montréalais de langue française (et de Gatinois) parlent un franglais offensant, la Loi 101 est allègrement violée, on bilinguise nos écoles primaires, nos cégeps et nos universités, le français est de plus en plus malmené comme langue de travail. Et on craint l'enseignement de l'histoire comme la peste...

D'ici quelques générations, Ottawa aura abattu ce qui reste de l'autonomie québécoise à coups de masse législatifs et judiciaires, et avec notre affaiblissement démographique, la majorité anglaise du pays pourra donner libre cours à une haine qu'elle refoule depuis les années 60 par crainte des velléités indépendantistes des Québécois.

Nos jeunes générations sont aveuglées et marchent droit vers le précipice en larguant leurs attaches à l'histoire, à la culture et aux valeurs qui ont façonné le présent. Mon vote pour le Parti Québécois ne changera peut-être pas grand-chose. Mais aux portes de l'agonie, quelques fleurdelisés hissés ça et là servent tout au moins à rappeler ce que nous avons été... et ce que nous pourrions toujours devenir.

Quel que soit le résultat ce 1er octobre, même si le PQ devait remporter une très, très, très improbable victoire, nous sommes pour un temps indéterminé à la croisée des chemins. Le Québec sera français et indépendant, ou il ne sera pas...



mercredi 26 septembre 2018

Au N.-B., les Acadiens sur la corde raide....

Le chef de la CAQ, François Legault, n'était sans doute pas le seul Québécois à ignorer que le Nouveau-Brunswick était la seule province officiellement bilingue au Canada. Mais ce statut ne signifie en rien que les Néo-Brunswickois eux-mêmes soient bilingues...

Seulement 33,9% des 736 280 habitants du Nouveau-Brunswick (recensement 2016) déclarent connaître l'anglais et le français. Sans surprise, la grande majorité des anglophones sont unilingues, et ces derniers - les unilingues - forment 57% de la population totale. Les Acadiens (plus de 30% de la population) sont quant à eux fortement bilingues. On ne compte que 8,6% d'unilingues français* au Nouveau-Brunswick.

De fait, au Canada, le territoire le plus bilingue reste comme toujours le Québec. Le français y trône comme seule langue officielle, mais la société s'anglicise à un rythme alarmant. Au dernier recensement, 44,4% des quelque 8 000 000 d'habitants du Québec affirmaient posséder une bonne connaissance du français et de l'anglais.

Revenons au Nouveau-Brunswick, où de plus en plus d'anglophones se montrent irrités par cette égalité officielle du français et de l'anglais. Les conservateurs se sont présentés au récent scrutin avec un chef unilingue anglais, Blaine Higgs. Il n'y a donc pas eu de débat en français. Pire, sur sa droite, le PC se sent chauffé par une formation anti-francophone, le People's Alliance (Alliance des gens), qui menace de remettre en question des droits durement acquis par les Acadiens.


La carte électorale du N.-B. au lendemain de l'élection du 24 septembre

Il ne faut donc pas se surprendre que ce 24 septembre, 14 des 16 circonscriptions à majorité francophone aient élu des candidats du Parti libéral, dirigé d'ailleurs par un Acadien, Brian Gallant. Il ne semble pas cependant que cet appui ait été donné avec enthousiasme. Dans L'Acadie Nouvelle, le chroniqueur Rino Morin Rossignol écrivait le lendemain du scrutin: «Brian Gallant peut s'estimer chanceux que les francophones se soient résignés à se ranger derrière lui, malgré tout ce qu'ils lui reprochent, particulièrement sa faiblesse de la défense des droits linguistiques.»

Mais quel choix avaient-ils? Le Parti Vert ne pouvait espérer former le gouvernement, et la francophobe Alliance des gens suscitait de plus en plus d'intérêt et de sympathie dans les régions anglophones du Nouveau-Brunswick. Quant au chef des conservateurs, l'alternative historique aux libéraux, il ne peut même pas s'exprimer aux Acadiens dans leur langue. Restait donc les libéraux...

Les libéraux vont essayer de gouverner avec 21 sièges sur 49... Les députés francophones seront majoritaires dans le caucus libéral mais leur parti, pour espérer avoir la confiance de la législature, ne se risquera pas à porter trop haut l'étendard de l'Acadie dans une province divisée, plutôt qu'unie, sur le plan linguistique. Ça gronde dans le sud anglophone, et les anglos, ne l'oublions pas, forment les deux tiers de la population...

Les Acadiens devront pouvoir au moins compter sur l'appui des francophones du Québec, eux aussi déstabilisés, et sur le soutien des autres collectivités de langue française du Canada. Le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne, Jean Johnson, résumait bien la situation aujourd'hui:

«Les Acadiennes, Acadiens et francophones du Nouveau-Brunswick, dit-il, ont fait injustement les frais d’une campagne électorale où les piliers de la dualité linguistique dans la seule province bilingue du Canada ont été remis en question. Maintenant, un parti qui prône le recul de la dualité linguistique et l’érosion des droits des Acadiens, des Acadiennes et des francophones pourrait détenir la balance du pouvoir à l’assemblée législative provinciale. C'est une situation devant laquelle la francophonie canadienne ne peut rester silencieuse.»

Les Acadiens n'ont élu qu'un seul député conservateur, et il a gagné avec une pluralité de moins de 100 votes... Ce député, Robert Gauvin (Shippagan-Lamèque-Miscou), détient presque à lui seul la balance du pouvoir. Les libéraux, même avec l'appui des trois Verts, n'ont pas la majorité. Les 22 conservateurs, avec le soutien des trois députés de la People's Alliance, atteignent le seul nécessaire de 25 sièges mais Gauvin a indiqué qu'il abandonnerait son parti au moindre mouvement anti-francophone. Retour à 24. Échec et mat.

Un regard sur la carte électorale ci-dessus suffit pour savoir où sont situés les Acadiens. C'est rouge partout, à l'exception d'une petite tache bleue et d'un coin vert. Dans les régions anglophones, le bleu domine souverainement avec quelques points mauves (People's Alliance), rouges et verts. Et tous les observateurs auront remarqué que la People's Alliance occupe la deuxième place devant les libéraux dans sept circonscriptions, en plus de ses trois gains.

Dans les 28 circonscriptions où les anglophones forment plus de 75% de la population, on compte 21 victoires PC, trois People's Alliance, trois libéraux et un Vert.

Le contexte créé par cette élection obligera les francophones du Nouveau-Brunswick à marcher sur la corde raide. Une élection à court terme risque de consolider l'emprise des bleus et mauves, et ainsi placer les Acadiens dans une position semblable à celle des Franco-Ontariens devant la horde de Doug Ford...

La francophonie québécoise et canadienne connaît des heures sombres sur le plan politique et judiciaire depuis quelques années. Quelques décisions saugrenues de la Cour suprême, la victoire de la FordNation en Ontario, l'indifférence linguistique du gouvernement fédéral, l'anglophilie du gouvernement Couillard et maintenant, des tuiles sur l'Acadie... Faudra ressortir les casseroles pour un bon tintamarre...




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* connaissance des langues officielles, Recensement 2016




jeudi 20 septembre 2018

Ma boîte aux trésors...

De tout dans la boîte... des travaux manuscrits, tapés à la machine, de vieux cahiers Canada, quelques éditions de Matric, l'annuaire de l'école secondaire, et des numéros du journal étudiant La Rotonde

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Voilà une tâche que je remets depuis une cinquantaine d'années mais là, à 72 ans, le temps est enfin venu de «faire le ménage» dans ma boîte de cahiers et travaux d'école secondaire et d'université... S'il n'en tenait qu'à moi, je les conserverais tous. Ils ont été témoins de ma jeunesse et en disent long sur l'éducation que j'ai reçue, du début de mon secondaire (1959) à ma scolarité de maîtrise en science politique (1969), ainsi que sur les bouleversements sociaux de mon adolescence à l'âge adulte...

Entre les JMJ (Jésus-Marie-Joseph) dans les marges de nos cahiers à l'École secondaire de l'Université d'Ottawa et les travaux universitaires sur le marxisme athée à la fin des années 60, il me semble que tout avait changé. Le quasi-script d'enfant était devenu l'écriture qui me caractérise toujours en 2018. Les dissertations manuscrites s'étaient transformées en travaux dactylographiés, puis en documents polycopiés à la Gestetner (les plus jeunes, cherchez dans Wikipédia...).

Aucun étudiant d'aujourd'hui ne pourrait imaginer rédiger, stylo à la main, un devoir de 25 pages intitulé Évaluez l'influence du président de Gaulle sur la politique étrangère de la France, 1958-1966»... Et que dire des nuits passées à taper des mémoires de maîtrise à la machine pour pouvoir les remettre à temps au professeur qui vous aurait collé un «zéro» au moindre retard... Un merci tardif à mon père, qui pouvait dactylographier 90 mots à la minute et qui m'a souvent dépanné en abrégeant son sommeil...

Quand je passe en revue ces dissertations avec 50 ans de recul, je les trouve plutôt insipides... rédigées à la hâte, sans suffisamment de recherche et d'application. J'étais à l'époque Franco-Ontarien, engagé dans la lutte pour obtenir le droit à un réseau scolaire public de langue française dans ma province d'origine, et le combat pour la francophonie hors-Québec me passionnait plus que mes études. Malheureusement...


Élèves et profs de l'École secondaire de l'Université d'Ottawa, automne 1959

Mes vieux cahiers d'école secondaire m'ont rappelé que mes parents s'étaient endettés pour inscrire mon frère et moi à une école privée bilingue parce que dans mon quartier d'Ottawa, la seule école secondaire publique offerte aux francophones était le «high school» anglais Fisher Park, où les jeunes Canadiens français allaient s'assimiler sans s'en rendre compte...

Mais même à mon institution privée, où la majorité des élèves étaient francophones, la moitié des cours étaient donnés en anglais - les matières les plus prestigieuses comme la science, les maths, la physique, la chimie, l'économie... On enseignait en français la religion, le latin, l'histoire, la géographie... Je me souviens que rendu en secondaire 3, je parlais le plus souvent anglais, même à mes amis franco-ontariens... La dernière année du secondaire (1962-63) fut heureusement celle de mon réveil identitaire...

Ce qui m'amène à penser au «Matric», le titre officiel de l'annuaire des élèves de l'École secondaire de l'Université d'Ottawa, dont j'ai retrouvé des exemplaires dans ma boîte de reliques estudiantines... Nous étions 500 élèves francophones pour 200 anglophones, mais l'annuaire avait un nom anglais, Matric signifiant dans la langue de Shakespeare la dernière année du secondaire. Les réunions du conseil étudiant se tenaient beaucoup en anglais, à cause de la présence d'un membre anglophone (unilingue évidemment). Cela devait tout changer en 1963 quand les francophones du conseil ont décidé de ne parler que le français, sous les protestations du conseiller moral (un père Oblat) qui les a vainement exhorté à faire preuve de charité chrétienne envers le pauvre anglophone. Ce dernier n'est pas revenu aux séances du conseil étudiant...

Le passage à l'universitaire ne nécessita même pas de déplacement physique, les locaux occupés par l'école secondaire ayant été cédés à la faculté des Sciences sociales de l'Université d'Ottawa où je m'étais inscrit. J'ai étudié dans la même aile de la même bâtisse pendant 10 ans... Mais en cet automne de 1963, j'entrais dans un nouvel univers, au contact d'étudiants majoritairement québécois et indépendantistes. Un choc culturel majeur... dans un monde en bouleversements...

J'avais conservé dans ma boîte de rangement un travail de rédaction sur une pièce de Shakespeare, remis à mon prof d'anglais le 22 novembre 1963... Ce dut être en matinée, parce qu'après l'heure du lunch, dans un cours de classiques grecs, un étudiant a ouvert la porte de la classe pour annoncer que le président Kennedy avait été assassiné. La classe s'est vidée, et un attroupement s'est formé dans la bibliothèque où il y avait un téléviseur. D'autres sont partis regarder la télé à la maison jusqu'à tard en soirée...

Mes cahiers de notes de classe témoignent de la diversité des professeurs qui avaient pour mandat de nous sortir de notre inculture. La plupart étaient bons pédagogues, mais j'ai retrouvé trois cahiers d'un de mes cours de science politique de 2e, où le professeur avait - toute l'année, à chaque cours - lu très lentement ses notes sur l'histoire de la diplomatie pour qu'on les prenne à la dictée. Près de 400 pages de notes entre septembre et avril... J'hésite entre les conserver ou les lancer au bac de recyclage...

Intitulés «Les minorités linguistiques (et religieuses) au Canada et le fédéralisme» et «La révolution tranquille au Québec: natures et origines», mes deux derniers mémoires au bac (1968) et à la maîtrise (1969) sont à la fois un reflet de l'époque et une indication de mes intérêts personnels. Je poursuivais mon militantisme franco-ontarien tout en appuyant, désormais, la cause de l'indépendance du Québec. Un mois exactement après la remise du second, le 9 mai 1969, j'ai entrepris une carrière de journaliste au quotidien Le Droit... Après une heure ou deux dans une salle des nouvelles, je savais que j'en avais fini avec l'université...


Mon inscription dans le bottin étudiant de 1968...

Dans ma boîte de souvenirs scolaires se trouvent aussi des exemplaires des deux journaux étudiants de l'Université d'Ottawa, La rotonde (français) et The Fulcrum (anglais), dont la célèbre édition Che Guevara en 1967 et les numéros parus durant notre occupation étudiante de la faculté des Sciences sociales à l'automne 1968... 

Bon... le ménage est fait... J'ai décidé de jouer à Salomon... La moitié au recyclage, l'autre moitié reste. Ce que je conserverai retrouvera ma boîte aux trésors du passé. Sait-on jamais? Peut-être ces documents serviront-ils à quelque chose, un jour? En tout cas, jusqu'à ma mort, ils resteront sous ma protection...

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Une question qui pique ma curiosité? Suis-je le seul à accumuler de tels souvenirs? Et si certains de ceux et celles qui tomberont par hasard sur ce texte le font aussi, que conservent-ils et pourquoi? Intéressantes possibilités de dialogue...








lundi 17 septembre 2018

L'Outaouais fait-elle partie du Québec?

Outaouais... Gatineau... Voilà, avec ces deux mots, j'ai la conviction d'avoir perdu 90% ou plus des lecteurs et lectrices québécois qui butinent, par hasard ou par exprès, sur mes affichages Twitter-Facebook, ou directement sur mon blogue... J'espère me tromper mais mon expérience et mon instinct de journaliste me disent que ce qui se passe dans ma région n'intéresse pas grand monde ailleurs...



La campagne électorale aurait dû être l'occasion idéale de mettre en valeur une vision d'avenir pour l'Outaouais, mais encore une fois les partis politiques en lice s'en sont tenus à ce qui fait le plus souvent les manchettes dans les médias régionaux (oubliez les médias nationaux, où nous sommes à peu près absents): santé, éducation, réseau routier. On n'en finit pas de parler de la demi-autoroute 50, de la vétusté de l'hôpital de Hull, des espoirs trop souvent déçus de l'Université du Québec en Outaouais (UQO), des sous-financements chroniques et j'en passe.

Mais rien de tous ces engagements et promesses n'incarne une vision de l'Outaouais comme partie intégrante du Québec, et non seulement comme porte de sortie vers la capitale fédérale. Gatineau, où logent les deux tiers de la population outaouaise, quatrième ville du Québec, continue d'être vue comme appendice de la ville d'Ottawa avec toute la négligence que cela entraîne à Québec depuis au moins un siècle. Cinq ponts relient Gatineau et la rive ontarienne, mais où sont les ponts (au sens figuré) vers les autres régions québécoises et la métropole?



Si l'on se met à considérer l'Outaouais comme pièce essentielle de l'échiquier socio-économique québécois, la demi-autoroute à deux voies qu'on a mis plus de 40 ans à construire vers Mirabel (vous vous souvenez de l'aéroport?) et non vers Montréal devient vite un scandale. Et on arrêterait au moins quelques instants de parler du troisième lien Québec-Lévis et du plan Nord pour s'étonner que notre route 148 aboutisse à Pembroke, en Ontario, au lieu de nous connecter au Témiscamingue et à l'Abitibi. À quand un plan Ouest où Gatineau deviendrait aussi un carrefour clef entre le Nord-Ouest québécois et les centres de population du sud?

Si l'on songe à l'avenir de la langue et de la culture françaises au Québec, on s'apercevra que les défis ne se limitent pas à la région de Montréal. Les francophones du Pontiac se font tabasser depuis 150 ans, et les taux d'anglicisation et d'assimilation dans la Basse-Gatineau et dans la ville de Gatineau sont plus qu'inquiétants. L'absence d'une vision identitaire où l'Outaouais se présenterait aux voisins ontariens comme avant-poste accueillant d'un Québec français aboutira à la dissolution du caractère francophone du centre-ville de la métropole outaouaise, qui ressemblera de plus en plus à une banlieue anglo-bilingue d'Ottawa...


Sur le plan du français, la situation ici n'est pas loin d'être catastrophique. C'est un problème dont le gouvernement Couillard (et celui de Charest avant lui) sont en partie responsables en négligeant d'imposer le respect de la Loi 101 dans l'affichage. Et ici, on viole allègrement la Loi 101... La ville de Gatineau a aussi fait sa part en attaquant (avec succès) devant les tribunaux une disposition majeure de la Loi 101 sur les exigences linguistiques au travail.

Et que dire du dossier de la future faculté de médecine, où les cours se donneront en anglais et où les étudiants devront composer avec l'administration d'une université de langue anglaise? Le fait que l'immense majorité des gens et des élites d'ici semblent trouver cela acceptable en dit long sur l'esprit de colonisé qui règne à l'ombre d'Ottawa. Dans le cadre d'une véritable vision régionale, ce projet aurait été confié à l'UQO qui aurait pu compter sur la collaboration des autres facultés de médecine de langue française du Québec. Dans le contexte actuel, les étudiants en médecine d'ici auront le choix entre étudier en anglais à McGill en Gatineau ou étudier en français... à Ottawa!!!


Ce ne sont là que quelques exemples. Il y en a bien d'autres.

On constate une carence de fierté québécoise en Outaouais? Quand les gens d'ici sentiront véritablement que l'ensemble du Québec les accueille à la grande table, au lieu de se voir constamment confinés à l'embrasure d'une porte entrebâillée, quand ils feront partie de la grande vision d'avenir du Québec, cela changera. Pas avant.

Que tous les partis politiques se le tiennent pour dit...








vendredi 14 septembre 2018

Hé les boomers... aux barricades?

Deux pages couverture du Quartier latin, journal des étudiants de l'Université de Montréal, en 1970. On n'en voit plus comme ça en 2018...


Message aux boomers québécois... Cette mission, messieurs, mesdames, si vous l'acceptez, sera de réparer les dégâts, de sortir nos jeunes générations égarées de leur torpeur. Dans les années 60 et 70, nous avons voulu changer le monde et nous donner un pays à notre image. Nous avons échoué et après la défaite de 95, nous nous sommes affaissés. Les jeunes qui nous ont suivi ont fait de même, à cette différence près qu'ils n'avaient pas emmagasiné notre vécu de luttes et notre mémoire identitaire.

Votre mission (impossible?), chers boomers de 55 à 72 ans, sera de monter une dernière fois aux barricades pour toutes ces causes qui ont mobilisé notre propre jeunesse: souveraineté, langue et culture françaises, justice sociale, paix et faim dans le monde, laïcité et neutralité de l'État, gratuité scolaire, égalité des sexes, l'environnement, les impérialismes, la répression en Amérique latine, la liberté de presse, la démocratie économique et j'en passe. Rien de tout cela n'est réglé et notre flambeau faiblissant ne semble pas avoir été passé aux enfants.

Avant notre départ collectif pour l'au-delà, nous reste-t-il suffisamment d'énergie pour ressortir les pancartes, les slogans, organiser des manifs, relancer ces idéaux qui animaient nos discussions et nous faisaient envahir bruyamment les rues? Nos muscles et articulations ne répondent plus aussi bien qu'à l'âge de 20 ou 25 ans, mais notre cerveau (notre mémoire aussi) reste intact. Et il y a toute cette expérience accumulée au fil des décennies...

Nos étudiants et étudiantes avaient galvanisé le printemps 2012. Ce fut le dernier véritable printemps de contestation des jeunes Québécois. Les trois leaders ont abouti en politique, vous savez où... Quant aux autres... 

En 2018, avec l'effondrement appréhendé des 18 à 35 ans, reste-t-il d'autre option qu'un sursaut des vieux? Pourquoi pas? Oui, oui, avec bannières, casseroles et tout le tralala... pacifiquement, dans la plus stricte légalité. Ce serait une première au Québec et, pour nous boomers, un ultime sursaut, un combat final pour notre avenir et celui des jeunes générations. Imaginez des bandes d'aînés dans la rue (pas seulement sur Facebook et Twitter), menant les combats des jeunes à leur place. Peut-être serait-ce suffisant pour mobiliser quelques milléniaux? Plusieurs?

La planète est en danger. La démocratie est en danger. La nation québécoise est en danger. Nos enfants et petits-enfants sont en danger. Ils ont besoin de renouer avec les générations de militants qui les ont précédés et on ne peut aucunement compter sur des gouvernements comme celui de Philippe Couillard, qui s'acharnent à mettre la hache dans notre histoire et notre identité collective.

Ce message s'autodétruira s'il se bute à l'indifférence générale...


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Voilà à quoi je pense quand je rêve en couleur... En passant, j'ai 72 ans...



lundi 10 septembre 2018

Une demi-heure à l'«Ottawa Central Station»

Samedi (8 septembre), je suis allé chercher les deux fils de ma nièce Dominique à la station centrale d'autobus à Ottawa. Ils devaient arriver vers 11 h 15 mais avec les innombrables obstacles routiers à Montréal, leur autobus est arrivé avec 25 minutes de retard. Suffisamment de temps pour déambuler dans le terminus, observer les gens, écouter les conversations, lire les écrans de destinations et d'horaires, et même décortiquer les présentoirs de dépliants touristiques.

L'ancien panneau... (photo de Wikipédia)

J'avais remarqué, en arrivant, que le gros panneau extérieur sur lequel on pouvait lire «Station centrale» en français seulement, au grand dam de nombreux anglophones, s'était volatilisé... À la place un simple logo de Greyhound, le principal transporteur à la gare d'autobus de la capitale fédérale. À l'intérieur, nouvelle surprise. Les écrans destinés au public sont désormais unilingues anglais, et ce, dans une région où plus du tiers des résidents sont francophones et dans une gare qui dessert l'Outaouais et la région montréalaise...

Pour ceux et celles qui connaissent peu ma région, sachez qu'il n'existe pas de terminus central d'autobus à Gatineau. Les circuits, même ceux des transporteurs québécois Transcollines et Autobus Gatineau, qui couvrent le Pontiac et la vallée de la Gatineau, aboutissent au 265 de la rue Catherine, à Ottawa. Pareil pour les autobus Greyhound en provenance de Montréal. Alors cette gare, peu importe son emplacement, s'adresse quotidiennement à un public québécois et à de très nombreux Franco-Ontariens, pour lesquels elle semble avoir de moins en moins de respect.

Même sur le site Web français de l'ancienne «Station centrale», l'appellation officielle est devenue «Ottawa Central Station»...

Documentation unilingue anglaise de Sherbrooke et du Saguenay-Lac-Saint-Jean

Mais le pire restait à venir. En feuilletant les circulaires touristiques, la plupart pour des destinations locales ou ontariennes, j'aperçois une brochure vantant les mérites de Sherbrooke, «heart of the townships»... Je l'inverse pour lire le côté français... mais il n'y en a pas. C'est tout en anglais. Alors je cherche un dépliant en français dans le présentoir. Il n'y en pas. Aucun. On annonce aux visiteurs qu'ils trouveront à Sherbrooke un «New England Charm with a French flair!»... Le «French flair» était absent du présentoir...

Qui prépare ces dépliants et décide qu'à tel endroit, seule la version anglaise (je suppose qu'il doit exister un dépliant en français...) sera offerte aux touristes potentiels? En bas, à gauche, on voit le logo du Canada. Il n'y a aucun logo du Québec ou de fleurdelisé... L'auteur du document semble être heartofthetownships.com, l'avatar anglais d'un site Web en français, destinationsherbrooke.com. Cependant, quand on accède à Destination Sherbrooke, c'est la page anglaise qui apparaît...

Je n'étais pas au bout de mes peines. Je trouve une belle brochure de plus de 200 pages intitulée «Saguenay-Lac-Saint-Jean». Cette fois, c'est un logo du Québec, avec fleurdelisé qui orne la page frontispice. Bon, me dis-je, en voilà un en français... mais non. C'est l'«Official Tourist Guide» qui invite les lecteurs à «discover the region»... Pas de pages en français, pas de guide de langue française dans le présentoir... Coudon...

Des organismes touristiques régionaux comme ceux du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de Sherbrooke devraient être suffisamment informés pour connaître la clientèle des endroits où leur documentation est déposée. S'ils ne le savent pas, qu'on leur dise que le tiers des 1 250 000 habitants de la grande région québécoise-ontarienne de Gatineau et d'Ottawa sont de langue maternelle française, et que plus de la moitié de ce million et quart peut lire et parler français.

Dans cette région, les francophones des deux rives sont habitués à se faire taper dessus par la majorité anglaise dans la capitale. Mais c'est un brin pire de se croire oubliés par des compatriotes québécois de langue française. C'est ce que retiens de ma visite d'une demi-heure à l'Ottawa Central Station...






samedi 8 septembre 2018

Relever le défi d'identifier mes 20 albums préférés? Les voici !!!


Mon gendre Nicolas Gagnon m'a récemment mis au défi d'identifier mes 10 albums préférés. J'ai découvert que c'est loin d'être facile. On part avec 100 ou plus, puis on gosse pour descendre à 50, 40... En route, on s'aperçoit que des albums dont on aurait juré qu'ils se retrouveraient dans le «top 10» sont laissés de côté. Enfin, puisqu'il le fallait, j'en ai choisi 10 en français et 10 en anglais. Ils ne sont pas dans l'ordre de préférence. Mais 18 des 20 sont de l'époque du vinyle. Bonne lecture. On se découvre beaucoup soi-même quand on regarde l'ensemble des choix...


Bob Dylan écrit souvent en images. L'album «The Freewheelin' Bob Dylan» (1963) peint dans des textes percutants et des mélodies hantantes un monde au bord du gouffre, frais sorti de la crise des missiles cubains et traumatisé par la possibilité d'une guerre nucléaire. On y trouve des chefs-d'oeuvre comme «A hard rain's a-gonna fall» et «Masters of War». Je l'ai écouté au moins 100 fois... et s'il me reste assez d'années, je continuerai d'user mon vinyle à la corde... Voici donc le 1er de 10 choix en anglais.


Jean Ferrat reste pour moi un incontournable. Tous ses albums auraient pu figurer dans ma liste. Il était communiste, j'étais (je suis toujours) socialiste. Nous avions des atomes crochus. Je l'ai vu trois fois en spectacle, dont celui de 1968 à l'ancien Capitol de la rue Bank, à Ottawa. Cet album de 1965 (ils s'appellent tous Jean Ferrat) contient notamment la chanson Potemkine, qui me pogne aux tripes encore en 2018. «M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde où l'on n'est pas toujours du côté du plus fort»... Mon 1er de 10 albums en français.


En 1966 ou en 1967, au moment où j'étudiais en sciences sociales à l'Université d'Ottawa, j'allais à l'occasion au Café Le Hibou, rue Sussex, avec des amis. Ça sentait le «pot», bien sûr, mais on y servait aussi du café... et il y avait surtout de la musique. Un après-midi, pendant un de nos échanges animés, j'ai entendu une étrange chanson d'un groupe que je ne connaissais pas. Envoûté, je suis allé demander à qui de droit le nom de la pièce et on m'a dit: Venus in furs, de Velvet Underground. Vite, au Treble Clef, rue Rideau, pour l'ajouter à ma collection. Cet album, intitulé «Velvet Underground & Nico» et produit par Andy Warhol, est devenu un disque culte des années 1960 et un de mes préférés. Mon 2e de 10 albums en anglais.


En réalité, ce disque ne contient qu'une chanson «française». Enfin ça sonne français. Mais il n'y en a aucune en anglais. Le tout se déroule essentiellement en latin, parce qu'il s'agit d'une messe à l'ancienne (sauf pour la musique rock) à l'oratoire Saint-Joseph. Le capucin-célébrant à voix d'or, Yvon Hubert, y était accompagné du groupe québécois de l'heure, Offenbach. L'oratoire était bondé: 3000 personnes venues assister à une messe latine pour voir Offenbach en spectacle. Cet album est unique en son genre, du moins au Québec, et je ne peux m'empêcher de le sortir de sa pochette, de temps en temps, pour retrouver pendant quelques moments un mélange magique de l'ancien et du contemporain. Et d'entendre une messe, j'imagine. Mon 2e de 10 albums en «français»...


L'album éponyme «Janis Ian» (1966-67) aurait déjà été remarquable peu importe le point de vue, mais il devient unique quand on apprend que l'auteure-compositeure-interprète avait à peine 15 ans, qu'elle a composé toutes les chansons, et que les arrangements ont été largement improvisés en studio avec des musiciens ébahis par le talent d'une si jeune artiste. Sa chanson la plus connue de l'époque, Society's Child, a été créée en 1964. Elle n'avait alors que 13 ans... Un DJ de Louisiane a été battu pour avoir mis Society's Child en ondes, sans doute par un sympathisant du KKK... On écoute cet album une fois, puis deux, puis trois, puis... L'album a maintenant plus de 50 ans mais reste tout à fait pertinent en 2018. Mon 3e de 10 albums en anglais.


Je n'ai aucun souvenir de ce qui m'a poussé pour la première fois à écouter les chansons d'Anne Vanderlove, mais je ne l'ai jamais regretté. Peut-être parce que c'était déjà, dans cet album «Ballades en novembre» (1968), une chanteuse engagée. Elle l'est toujours en 2018, plaidant la cause des déshérités des bidonvilles d'Amérique du Sud et marrainant l'association Otages du monde. Cependant, au-delà de la qualité et de l'émotion des paroles et de sa musique, c'est la voix d'Anne Vanderlove qui la rend irrésistible. Née au Pays-Bas, ayant grandi en Bretagne, elle a été nommée Chevalier de l'ordre des arts et des lettres de France en 2013. Cet album, son premier, restera un trésor. Mon 3e de 10 albums en français.


L'album «Stand Up» du groupe britannique Jethro Tull est peut-être le disque en langue anglaise que j'ai écouté le plus souvent, depuis sa sortie en 1969. Si on me demandait pourquoi, je ne saurais trop quoi répondre. Surtout pour la voix et la flute d'Ian Anderson et la guitare électrique de Martin Barre? Probablement. Ce disque est presque une drogue. On devient accro. Dans mes palmarès, il trône très, très près du sommet. Mon 4e de 10 albums en anglais.


Les astres étaient alignés pour une vaste contestation étudiante en 1968. Après le printemps de Paris, ce fut l'automne du Québec avec ses manifestations, ses occupations de facultés et cégeps... et sa musique. Durant l'occupation des sciences sociales de l'U. d'Ottawa en octobre 1968, je me souviens des nuits passées à écouter Pauline Julien, Gilles Vigneault et Robert Charlebois en discutant de l'avenir de la planète. On a vu notamment l'Osstischo au cégep de Hull et vite mis le grappin sur le nouvel album «Robert Charlebois-Louise Forestier». En y entendant Lindberg, California, La marche du président et les autres, on ressentait un changement d'époque dans la musique d'ici. Rien ne serait jamais plus pareil. Mon 4e de 10 albums en français.


On a appelé les Traveling Wilburys «l'ultime super-groupe» de rock. On aurait pu tout aussi bien dire l'ultime «garage band». En effet, le groupe, spontanément formé en 1988 et composé de George Harrison, Bob Dylan, Roy Orbison, Tom Petty et Jeff Lynne, a enregistré sa toute première chanson, Handle with care, dans le garage de Dylan... Les cinq n'ont complété qu'un seul album, Traveling Wilburys, Vol. 1, Roy Orbison étant décédé quelques mois après la sortie du disque à l'automne 1988. Avec tant de talent, le résultat ne pouvait être qu'exceptionnel. Un des derniers vinyles que j'ai acheté avant mon entrée dans l'ère des CD. Mon 5e de 10 albums en anglais.


L'album Louise Forestier de 1973 (Les Montréalais) compte parmi ces disques qui font voyager dans le temps. Ils traînent avec eux des images, des arômes, des sensations qui nous font revivre l'époque de leur création, alors que la musique québécoise était en pleine ébullition. Quand j'entends ces chansons de Louise Forestier, j'ai de nouveau 27 ans... Toutes les pistes sont excellentes, mais pour moi, L'hirondelle et Pourquoi chanter? trônent au-dessus de la mêlée. Mon 5e de 10 albums de langue française.


Phil Ochs était un Texan atypique... pacifiste, syndicaliste, sudiste antiraciste, adversaire de la peine de mort, romantique même, à ses heures. C'était essentiellement un combattant, et ses chansons étaient son arme. À l'époque de l'album «I ain't marchin' any more» (1965), les États-Unis ne sont pas pleinement engagés dans la guerre du Vietnam, mais la lutte pour les droits des Noirs dans les États du Sud touche à son paroxysme. Ce disque merveilleux restera le reflet des combats de de la première moitié des années 1960. Mais quelques chansons nous amènent ailleurs, comme son interprétation magnifique du poème The Highwayman, d'Alfred Noyes. Mon 6e de 10 albums en anglais.


Ceux qui me connaissent savent que Les Cowboys fringants sont mon groupe culte. J'aime tous leurs albums, et à peu près toutes leurs chansons. En spectacle, ils sont tout à fait imbattables. Le coeur du Québec bat dans leur musique depuis 20 ans. Et pourtant, choisir mon album préféré s'est avéré une tâche facile. Pour moi, L'expédition (2008) nous fait entendre les Cowboys fringants au sommet de leurs multiples talents musicaux. Les chansons racontent des tranches de vie qui ne laisseront personne indifférent. Les mélodies, les paroles et l'instrumentation ne méritent que des superlatifs. J'oserais dire que c'est mon album préféré en français. Il occuperait la première position de mon palmarès. Mon 6e de 10 albums en français.


Je n'avais que 15 ans quand j'ai découvert mon attrait naturel pour le rhythm and blues des artistes afro-américains. Entre cette musique et le «vrai» blues, il n'y avait qu'un pas, vite franchi. Je vibrais aux accords des B.B. King, Muddy Waters (que j'ai vu en spectacle au café Le Hibou), et des autres. Pour moi, c'était de la musique noire et j'étais un peu sceptique quand on m'a pressé d'écouter le disque d'un groupe multi-racial de Chicago, The Paul Butterfield Blues Band. Trois de ses membres avaient accompagné Bob Dylan dans sa première prestation «électrique» controversée au festival folk de Newport. Mais quand j'ai entendu leur premier album (1965), je suis instantanément devenu un converti. La voix de Paul Butterfield et la guitare de Mike Bloomfield font de ce disque un des grands classiques. Mon 7e de 10 albums en anglais.


Pour ceux et celles qui ont vécu la crise d'octobre 1970, ou qui s'y intéressent, l'album Québékiss constitue un document musical incontournable. C'est un disque de combat, principalement l'oeuvre de Marie Savard, sorti en 1971, quelques mois après l'emprisonnement arbitraire de 500 innocents sous l'emprise de la Loi sur les mesures de guerre. L'album a immédiatement été interdit à la radio, et ce n'est que ans plus tard que les radios communautaires commenceront à le diffuser. Dans l'histoire musicale du Québec, ça restera un disque important... et bon. Vraiment bon! Avis à ceux et celles qui croient que les mesures de guerre en temps de paix étaient justifiées en 1970: vous n'aimerez peut-être pas cette collections de chansons et de textes. Mon 7e de 10 albums en français.


J'ai l'impression d'avoir acheté l'album A Question of Balance (1970), du groupe britannique Moody Blues, principalement à cause de l'image psychédélique sur la pochette du disque. Mais il suffit de l'écouter une fois pour oublier (pas complètement) la pochette, et apprécier à sa juste mesure cette magnifique collection de chansons qui s'insèrent dans la vaste transition d'adieux à la musique rock des années 1960. À noter, il n'y a aucune pause entre les pistes sur ce disque. Mon 8e de 10 albums en anglais.


Il y a quelques années, j'avais lu (ou vu) un reportage sur l'auteur-compositeur-interprète Alexandre Belliard, qui s'acharne à mettre en musique de petites tranches de l'histoire de notre peuple... cette histoire qu'on oublie de plus en plus. En 2014, il a rassemblé une imposante brochette d'artistes (Paul Piché, Vincent Vallières, Richard Séguin, etc.) pour créer l'album Légendes d'un peuple - Le collectif. À mon avis, ce disque méritait plus que tout autre un Félix (qu'il n'a pas eu) en 2015. On y chante les exploits de Champlain, Marie Rollet, Louis-Joseph Papineau, Gaston Miron, Félix Leclerc, Louis Riel, entre autres. La musique est magnifique, les paroles instructives. J'ai vu le spectacle deux fois, y compris la première à Montréal en février 2015. Mon 8e de 10 albums en français.


Après le gouffre du disco dans la deuxième moitié des années 1970, le vrai rock a commencé à retrouver sa juste place dans les palmarès et sur les ondes. Je crois que cette remontée atteint son apogée en 1984 avec la sortie de l'album Reckless du chanteur canadien Bryan Adams. Tous ne seront pas d'accord mais pour moi, Reckless reste le meilleur album rock de tous les temps. N'y cherchez pas de causes ou de poésie. Run to You, Kids Wanna Rock, Somebody, Summer of '69, c'est l'affirmation pure du rock. Un mix parfait de voix éraillée et de guitares électriques. Un disque qu'on écoute au volume max, préférablement dans sa version vinyle. Mon 9e de 10 albums en anglais.


J'ai vu les soeurs McGarrigle (Kate et Anna) en spectacle pour la première fois à la Maison du Citoyen, à Gatineau, un an ou deux avant la mort de Kate en 2010. Mais j'avais usé à la corde depuis près de 30 ans leur album «Entre la jeunesse et la sagesse», sorti en 1980. C'était en soi une véritable révolution que des artistes anglophones se mettent à endisquer en français. Et les racines québécoises ne faisaient pas de doute quand leurs harmonies originales chantaient la rue Saint-Catherine, le boulevard Lajeunesse, ou encore Ste-Anne-de-la-Pérade ou Notre-Dame-de-Stanbridge... Ce disque conserve une place de choix dans ma collection de vinyles... et sur mon iPod. Mon 9e de 10 albums en français.


Sur le plan musical, les années 1980 m'ont épaté presque autant que les années 50 et 60. Pas seulement à cause de la prolifération des vidéos. Il y avait un son «années 80» qu'on reconnaît encore aujourd'hui. Et dans cet assemblage éclectique de groupes rock, «The Hooters» compte parmi les excellents. Que «One Way Home» (1987) n'ait pas figuré dans les 50 meilleurs albums des années 80 de Rolling Stone est incompréhensible. On y retrouve le rock du terroir américain à son meilleur. Il faut l'écouter. Mon 10e de 10 albums en anglais.


La voix de Pauline Julien était unique. Quand elle chantait Raymond Lévesque, Boris Vian, Gilles Vigneault, Georges Dor, Claude Léveillée ou Clémence Desrochers, elle en faisait presque ses propres chansons. Son engagement politique a souvent coloré ses offrandes musicales, notamment dans l'album «Suite québécoise», sorti en 1967 en pleine ébullition nationaliste au Québec. Elle y propose Bozo-les-culottes et La grenouille de Raymond Lévesque, Les gens de mon pays de Vigneault et Les ancêtres de Georges Dor, entre autres. On l'a arbitrairement emprisonnée durant la crise d'octobre 1970. Dans ce disque, elle est à son meilleur. Mon 10e de 10 albums en français.





jeudi 6 septembre 2018

Chère Mme Payette

J'ai appris avec tristesse le décès de Mme Lise Payette. J'offre en hommage à sa mémoire ce texte de blogue que j'ai rédigé en janvier 2014 après avoir visionné le documentaire que sa petite-fille Flavie avait tourné pour diffusion à la télé. En 2016, Mme Payette m'avait invité à venir la voir à Montréal pour une bonne jasette. L'occasion ne s'est jamais présentée et je le regrette. Et maintenant il est trop tard. Claude Léveillée avait raison: un rendez-vous que l'on manque est mille fois plus important... 




Chère Mme Payette,

Dans ce merveilleux documentaire que votre petite-fille Flavie a créé pour la télé, j'ai revécu avec intensité des grands moments de votre vie et de votre carrière, et dans son sillage, des chapitres importants de l'histoire récente du Québec. Mais après ce fier regard sur votre passé et sur vos combats, vos réflexions sur l'avenir et la vieillesse semblaient marquées par l'incertitude.

« J'arrive à l'âge où je vais bientôt déposer l'avenir de ce que j'ai pu commencer », en disant « bonne chance ». Vous avez ajouté, au sujet de votre grand projet collectif : « Je ne le verrai pas de mon vivant... le Québec indépendant. » Et dans votre bref échange sur la vieillesse avec Gilles Vigneault pointait toute l'hésitation de fin de vie qu'on est en droit d'envisager, à mon âge comme au vôtre.

Vous avez 82 ans, soit. Mais n'oubliez pas que vous les avez toutes, ces années. Pas seulement la 83e amorcée... Quand vous évoquiez votre grand-mère Marie-Louise, vos paroles et votre regard ravivaient l'enfance toujours présente en vous. En racontant votre séjour à Paris et votre retour au Québec, toute l'énergie de votre trentaine a ressurgi. Et vous avez à portée de mémoire toute la fougue de la mi-quarantaine, alors que vous pilotiez, comme ministre, l'épineux dossier de l'assurance-automobile.

Pour ma part, j'ai 67 ans, ce que mon corps ne manque pas de me rappeler à tous les matins. J'imagine que le vôtre vous donne sans doute aussi du fil à retordre parfois. Mais ce qui fait de nous ce que nous sommes, c'est la matière grise, c'est le coeur qu'on met à l'ouvrage, et de ça, vous n'avez rien perdu. S'y sont même ajoutés, en prime, votre longue expérience et un brin - pas trop - de sagesse.

Qu'il reste à votre vie quelques mois, quelques années ou, qui sait, quelques décennies, mon plus ardent souhait, c'est que vous continuiez à nous offrir ce trésor quotidien de rappels, d'encouragements, de réflexions... serti d'honneur et d'idéaux. Chaque pas que vous faites sera le vôtre mais aussi le nôtre. Comme le disait si bien Céline Dion, « vous avez habité tout le peuple québécois, vous êtes en nous ».

Après 45 ans de journalisme, j'ai une bonne croûte de cynisme et de scepticisme pour me protéger contre les marchands d'illusions. Mais en vous écoutant je crois qu'à certains moments, comme vous jadis avec René Lévesque, je serais tenté de « vous suivre au bout du monde pour faire ce que vous dites que nous devons faire ».

Nos héros du passé sont presque tous des hommes. Et trop souvent des héros tragiques, qui ont lutté en vain dans des causes justes contre plus forts qu'eux. Pendant ce temps, nos grands-mères restaient le plus souvent à la maison et préparaient une abondante relève, de génération en génération. Votre tour arrive. Vous comptez parmi les pionnières, vous êtes de celles qui avez préparé la voie des Pauline Marois et des autres qui suivront.

Et aujourd'hui, dans ce débat épique sur les valeurs qui guideront notre société et notre État, deux doyennes s'imposent. Pendant que d'anciens hommes du pouvoir vacillaient, Janette Bertrand, ainsi que vous Mme Payette, avez porté bien haut le flambeau de l'égalité hommes-femmes, sans laquelle la neutralité et la laïcité essentielles de l'État restent ouvertes à tous les accommodements déraisonnables.

Enfin, ne désespérez pas de voir de votre vivant ce jour où le peuple québécois décidera d'aller « un peu plus haut, un peu plus loin », ce jour où toutes ces défaites, où toutes ces « blessures » nous auront convaincus de façonner enfin un avenir collectif à notre image. La nuit serait à son plus sombre juste avant l'aube, dit-on.

En regardant avec mon épouse le documentaire de votre petite-fille, dimanche soir, à Télé-Québec, j'ai passé par la gamme des émotions. Et à la fin, je dois l'avouer, j'étais fier de vous. Très fier.


Gatineau, ce 15 janvier 2014

mercredi 5 septembre 2018

«Un nombre presque égal d'habitants francophones et anglophones» au Nouveau-Brunswick? Sérieusement?

«Le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue du Canada et la seule à compter un nombre presque égal d'habitants francophones et anglophones. Sur le plan politique, la langue demeure toutefois un sujet explosif.» Ben voyons! Les Acadiens forment moins du tiers de la population néo-brunswickoise, et les anglos sont deux fois plus nombreux...

La question se pose immédiatement: qui a bien pu écrire une sottise pareille, et comment se fait-il qu'on l'ait publiée sans la corriger dans deux quotidiens de langue française, Le Droit et L'Acadie Nouvelle (bit.ly/2PH19uF) en l'occurrence?

Le texte paru dans Le Droit (Gatineau et Ottawa)

Puis j'ai regardé la signature, Brett Bundale, et j'ai compris qu'il s'agissait d'un reporter anglophone de la Canadian Press (CP), que son texte original (bit.ly/2Nhc5Sa) avait été écrit en anglais et qu'on l'avait traduit en l'attribuant à La Presse canadienne (PC). Voici le premier paragraphe, en anglais: «New Brunswick is Canada's only officially bilingual province, with the closest balance in the nation of residents who speak our two official languages. Politically, though, language has long been a ticking time bomb.»

Ce que dit M. Bundale, donc, c'est que le Nouveau-Brunswick est la province où l'écart entre anglos et francos est le moins grand. Mais l'écart reste grand, avec 32% de francophones et 65% d'anglophones, ce que précise le reporter au neuvième paragraphe (voir l'image ci-dessus). Alors, «un nombre presque égal d'habitants francophones et anglophones», c'est de la bouillie pour les chats. Et «the closest balance in the nation» en anglais pourrait à la limite laisser entendre à un non-initié (mais pas à une organisation de presse) ce qu'a compris erronément le traducteur de la PC.

Plus loin dans le texte, au 12e paragraphe, la traduction vient tordre le sens et la portée de l'article original en anglais, déjà lourd dans la langue de Shakespeare. On lit: «Les opposants au bilinguisme soutiennent que séparer les francophones des anglophones, notamment dans le domaine de l'éducation et de la santé, revient à pratiquer la ségrégation»... Un régime d'apartheid? Séparer les francos des anglos en éducation et en santé? Non, mais vous rendez-vous compte de ce qu'une telle affirmation laisse entendre à ceux et celles qui sont peu ou mal informés des rapports historiques entre minorité et majorité? Et le texte PC présente comme un fait, sans nuances, cette «séparation». Seule l'accusation d'apartheid est attribuée aux adversaires du bilinguisme officiel...

Quant on vérifie l'article en anglais, on comprend mieux. Deux enjeux pointus - le transport scolaire séparé pour enfants anglophones et francophones, ainsi que les exigences de bilinguisme pour les paramédics - semblent irriter les anglos. M. Bundale conclut: «Critics say the division of New Brunswickers among linguistic lines — such as separate health care or school bus systems — amounts to segregation.» Au départ, un reporter de langue française n'aurait jamais défini comme «separate health care» le droit à des établissements de santé de langue française au N.-B. Quant à l'éducation, il y a une énorme différence entre les autobus scolaires et le «domaine de l'éducation»...

Une dernière précision. Le texte original de CP en anglais est deux fois plus long que la traduction française. Cela fait une énorme différence pour le lecteur, qui se voit privé en français (du moins dans la version publiée) d'une foule de détails pertinents à sa compréhension.

Une dernière, dernière précision. Les textes de la Canadian Press sont écrits pour le public-anglo-canadien et regardent la réalité - dans ce cas-ci la question linguistique - d'un point de vue anglo-canadien. Un texte sur le même sujet rédigé par un reporter de langue française aurait sans doute été fort différent, et je ne crois pas qu'on l'aurait traduit pour consommation par les anglos de Fredericton et Saint-Jean. Si vous en doutez, visionnez les bulletins de nouvelles à SRC et CBC pour voir à quel point la vision de l'actualité change selon qu'on est francophone ou anglophone.

Nous sommes ici dans la pire des situations: un texte portant sur les relations entre francophones et anglophones au Nouveau-Brunswick, rédigé par un reporter de langue anglaise puis traduit en français... avec de graves erreurs. C'est un peu comme ces pubs anglaises télévisées mal doublées en français, où les mots qu'on entend ne suivent pas les lèvres de la personne qu'on voit à l'écran...

À tout le moins, la Presse canadienne et les organismes de presse qui ont retransmis cette traduction devraient publier des corrections. Et il serait grand temps qu'on se penche sur l'enjeu plus large, pour nous francophones, de suivre une partie de l'actualité dans des textes d'abord rédigés en anglais...



Des jeunes pragmatiques, ouverts sur le monde? Vraiment?

S'éparpiller à gauche et à droite, ou foncer droit devant?

La semaine dernière, évoquant le plus récent sondage Léger, un reporter de TVA Nouvelles affirmait que la majorité des jeunes électeurs québécois s’étaient éloignés des projets nationalistes et souverainistes parce qu’ils étaient «pragmatiques, ouverts sur le monde»… comme si cela relevait de l’évidence. Il disait en quelque sorte à l’auditoire : «rien qu’à ouère on oué ben»…

Or, non seulement cela n’est-il pas évident, c’est faux… et indigne d’un bon journaliste. Pire, je crains que le public à l’écoute n'ait avalé cette couleuvre sans même sourciller…

Commençons d’abord avec cette soi-disant «ouverture sur le monde», expression qu’on oppose souvent à celle de «repli identitaire» (que je déteste, parce que fausse également). Je suis indépendantiste depuis plus de 50 ans, et j’ai toujours vu la souveraineté politique comme le meilleur moyen de «s’ouvrir sur le monde», de prendre place au concert des nations au lieu de limiter nos horizons à celui de minorité bonasse au sein d’une fédération où la nation anglophone est majoritaire et nous dicte ses quatre volontés.

À ceux et celles qui estiment possible de faire preuve d’ouverture planétaire sans s’inscrire dans un projet global de société, je dirais qu’ils se fourvoient. Qu’ils en soient conscients ou pas, les attitudes de ces jeunes soi-disant «pragmatiques» sont aussi conditionnées par leur entourage, leur famille, le quartier, la région, la nation, le pays, par la collectivité tout entière dont ils sont issus et dont ils portent en eux le passé autant que le présent.

La rupture apparente de cette continuité collective au sein de nos 18 à 35 ans ne constitue que la plus récente tentative de dérailler une nation qui lutte pour sa survie et son émancipation depuis 250 ans. Les causes sont multiples… technologies débridées, consumérisme abrutissant, multiculturalisme à l’excès, politiques d’anglicisation, francophobie pernicieuse et j’en passe… Il en résulte cet individualisme de désengagement social, le triomphe du «je» sur le «nous» qui aboutit à un véritable repli sur soi…  pas une «ouverture sur le monde».

L'absence - ou la faiblesse - de valeurs et d'idéaux collectifs au nom d'un multicuclturalisme tous azimuts fera de nous (francophones québécois) des cibles faciles. Ce «je-me-moi» de plus en plus massif des jeunes ne sabotera pas seulement l'avenir de notre nation... il mettra en péril l'avenir de la planète tout entière... 

En tout cas il n'y a dans ce phénomène rien de «pragmatique» (défini comme suit dans le Petit Robert: «qui est adapté à l’action sur le réel, qui est susceptible d’applications pratiques»). Le pragmatisme s’inscrit dans l’action… et non dans l’inaction.

Ainsi un projet réaliste d’affirmation nationale sera jugé pragmatique, encore plus s’il se réalise. Le rejet d’un tel projet en faveur d’une option contraire peut aussi s’avérer pragmatique. Mais le chacun pour soi ne l’est jamais… On se retire du jeu et on laisse l’adversaire compter. Pire, on l’aide…

Alors vous, journalistes qui lancez des vérités perçues comme évidentes, faites et refaites vos devoirs...