dimanche 30 septembre 2018
Pourquoi je vote pour le Parti Québécois !
Une dernière fois aux barricades... avec ce petit bulletin de vote que je glisse à chaque élection depuis 1976 dans la boîte de scrutin, après avoir coché la case du porte-étendard du Parti Québécois...
Une dernière fois, dis-je? Je le crains. Si la tendance des plus récents sondages se maintient, mon parti - et avec lui mes espoirs d'un pays à notre image - pourrait n'être bientôt qu'un chapitre inachevé dans l'histoire des peuples.
Si encore la perspective d'une éventuelle disparition de la nation française en Amérique du Nord était le résultat d'âpres combats contre des forces socio-politiques supérieures, invincibles, nous aurions au moins conservé l'honneur.
Mais non... La tragédie, c'est que la lutte de survie de plus de deux siècles et demie de «notre petit village encerclé» risque de s'achever dans la lâcheté avec de nouvelles générations peu informées et indifférentes aux projets collectifs de leurs prédécesseurs.
La défaite laisse parfois une semence, une lueur d'espoir pour l'avenir, mais l'abandon ne lèguera que honte et culpabilité.
Pourquoi en sommes-nous arrivés là? Que faudra-t-il faire pour s'en sortir? Comment s'expliquer que l'histoire des nôtres sombre à ce point dans l'oubli et que la dégradation du français parlé et écrit, ciment de notre cohésion nationale, s'accélère?
Si la langue française n'était qu'un vulgaire outil de communication, on pourrait la bâtardiser à souhait avec des anglicismes et des mots ou expressions anglais... mais elle demeure le principal véhicule de transmission de notre culture et de nos valeurs collectives !!!
Si la langue et la culture qu'elle incarne avaient si peu d'importance, pourquoi les Britanniques, puis la majorité anglo-canadienne après 1867, ont-ils mis tant d'efforts à la persécuter depuis le début du 19e siècle?
Dans ma jeunesse, à Ottawa, j'ai appris qu'en 1912 un gouvernement provincial raciste avait interdit l'enseignement en français dans les écoles franco-ontariennes. C'était une tentative délibérée d'ethnocide dont mes grands-parents et parents avaient souffert et dont ma génération subissait toujours les séquelles.
À l'université, j'ai lu sur la déportation des Acadiens et sur les autres mesures de répression des minorités francophones hors-Québec depuis la Confédération. Même au Québec, la minorité anglaise affichait ouvertement son mépris pour la langue des porteurs d'eau et scieurs de bois...
J'ai aussi découvert peu à peu la littérature française (du vieux continent et d'ici), ainsi que les grands chansonniers de l'époque - Léveillée, Vigneault, Ferland, Félix, Ferrat, Brel, Bécaud, Aznavour, Vian et les autres. Je n'étais plus le même après...
Armés d'une compréhension de l'histoire nationale et de repères culturels identitaires plus complets, les jeunes étaient disposés à s'engager pour défendre et promouvoir des projets collectifs. Et plus ils devenaient militants, plus ils s'informaient, plus ils se politisaient.
Voilà comment, à la fin des années 1960, la jeune génération est devenue le fer de lance du mouvement indépendantiste et de la gauche québécoise. Cinquante ans plus tard, ça ressemble plutôt à un dégonflement total!
On a appris aux moins de 35 ans que notre histoire nationale n'était qu'un ramassis de «vieilles chicanes» et que le combat pour la langue française était plus ou moins terminé (du moins au Québec) depuis l'adoption de la Loi 101 en 1977... Tout va bien. Dormez en paix!
On leur a menti... et ils ont cru les mensonges. Les échecs répétés des générations précédentes lors des référendums de 1980 et 1995, et l'affaissement qui en est résulté, les avaient rendus vulnérables. Nous devons assumer notre part de responsabilité d'avoir laissé refroidir les braises.
Aujourd'hui, dans le brouillard d'un intense multiculturalisme anti-francophone et anti-québécois, la majorité des jeunes ne voient pas - ou feignent de ne pas voir - l'effritement de l'État québécois et l'anglicisation qui menace l'existence de la francophonie québécoise et canadienne.
Trop d'immigrants ne s'intègrent pas, trop de Montréalais de langue française (et de Gatinois) parlent un franglais offensant, la Loi 101 est allègrement violée, on bilinguise nos écoles primaires, nos cégeps et nos universités, le français est de plus en plus malmené comme langue de travail. Et on craint l'enseignement de l'histoire comme la peste...
D'ici quelques générations, Ottawa aura abattu ce qui reste de l'autonomie québécoise à coups de masse législatifs et judiciaires, et avec notre affaiblissement démographique, la majorité anglaise du pays pourra donner libre cours à une haine qu'elle refoule depuis les années 60 par crainte des velléités indépendantistes des Québécois.
Nos jeunes générations sont aveuglées et marchent droit vers le précipice en larguant leurs attaches à l'histoire, à la culture et aux valeurs qui ont façonné le présent. Mon vote pour le Parti Québécois ne changera peut-être pas grand-chose. Mais aux portes de l'agonie, quelques fleurdelisés hissés ça et là servent tout au moins à rappeler ce que nous avons été... et ce que nous pourrions toujours devenir.
Quel que soit le résultat ce 1er octobre, même si le PQ devait remporter une très, très, très improbable victoire, nous sommes pour un temps indéterminé à la croisée des chemins. Le Québec sera français et indépendant, ou il ne sera pas...
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Je vais voter pour le Parti Québécois pour les mêmes raisons, mais j'ai très peur des résultats de ce soir. Tout ce qu'il nous reste est de se croiser les doigts et espérer que le moins pire arrive. À 79 ans, je n'aurai pas beaucoup de chances de me reprendre. Alea jacta est !!! Le sort en est jeté !!!
RépondreEffacerGilles Sauvageau
L'Assomption
Québec