S'éparpiller à gauche et à droite, ou foncer droit devant?
La semaine dernière, évoquant le plus récent sondage Léger, un reporter de TVA Nouvelles affirmait que la majorité des jeunes électeurs québécois s’étaient éloignés des projets nationalistes et souverainistes parce qu’ils étaient «pragmatiques, ouverts sur le monde»… comme si cela relevait de l’évidence. Il disait en quelque sorte à l’auditoire : «rien qu’à ouère on oué ben»…
Or, non seulement cela n’est-il pas évident,
c’est faux… et indigne d’un bon journaliste. Pire, je crains que le public à
l’écoute n'ait avalé cette couleuvre sans même sourciller…
Commençons d’abord avec cette soi-disant «ouverture
sur le monde», expression qu’on oppose souvent à celle de «repli identitaire»
(que je déteste, parce que fausse également). Je suis indépendantiste depuis
plus de 50 ans, et j’ai toujours vu la souveraineté politique comme le meilleur moyen de «s’ouvrir sur le monde», de prendre place au concert des nations au
lieu de limiter nos horizons à celui de minorité bonasse au sein d’une
fédération où la nation anglophone est majoritaire et nous dicte ses quatre
volontés.
À ceux et celles qui estiment possible de
faire preuve d’ouverture planétaire sans s’inscrire dans un projet global de
société, je dirais qu’ils se fourvoient. Qu’ils en soient conscients ou
pas, les attitudes de ces jeunes soi-disant «pragmatiques» sont aussi conditionnées par leur entourage, leur
famille, le quartier, la région, la nation, le pays, par la collectivité tout entière dont
ils sont issus et dont ils portent en eux le passé autant que le présent.
La rupture apparente de cette continuité collective
au sein de nos 18 à 35 ans ne constitue que la plus récente tentative de dérailler une nation qui lutte pour sa survie et son émancipation depuis 250
ans. Les causes sont multiples… technologies débridées, consumérisme
abrutissant, multiculturalisme à l’excès, politiques d’anglicisation,
francophobie pernicieuse et j’en passe… Il en résulte cet individualisme de
désengagement social, le triomphe du «je» sur le «nous» qui aboutit à un véritable repli sur
soi… pas une «ouverture sur le
monde».
L'absence - ou la faiblesse - de valeurs et d'idéaux collectifs au nom d'un multicuclturalisme tous azimuts fera de nous (francophones québécois) des cibles faciles. Ce «je-me-moi» de plus en plus massif des jeunes ne sabotera pas seulement l'avenir de notre nation... il mettra en péril l'avenir de la planète tout entière...
En tout cas il n'y a dans ce phénomène rien de «pragmatique» (défini comme suit dans le Petit
Robert: «qui est
adapté à l’action sur le réel, qui est susceptible d’applications pratiques»).
Le pragmatisme s’inscrit dans l’action… et non dans l’inaction.
Ainsi un projet réaliste d’affirmation nationale sera jugé pragmatique, encore plus s’il se réalise. Le rejet d’un tel projet en faveur d’une option contraire peut aussi s’avérer pragmatique. Mais le chacun pour soi ne l’est jamais… On se retire du jeu et on laisse l’adversaire compter. Pire, on l’aide…
Alors vous, journalistes qui lancez des vérités perçues comme évidentes, faites et refaites vos devoirs...
Ainsi un projet réaliste d’affirmation nationale sera jugé pragmatique, encore plus s’il se réalise. Le rejet d’un tel projet en faveur d’une option contraire peut aussi s’avérer pragmatique. Mais le chacun pour soi ne l’est jamais… On se retire du jeu et on laisse l’adversaire compter. Pire, on l’aide…
Alors vous, journalistes qui lancez des vérités perçues comme évidentes, faites et refaites vos devoirs...
Malheureusement très vrai !!!
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