mercredi 29 août 2018

Dans certains coins du Pontiac, un candidat du PQ ferait bien de rouler en véhicule blindé avec des gardes du corps...

Dans la région outaouaise du Pontiac, historiquement (et aujourd'hui?), une majorité anglophone hostile doublée d'un clergé anglo-catholique souvent raciste ont imposé aux Pontissois francophones un régime d'injustices similaires à celui qu'ont dû subir les Franco-Ontariens. Sauf dans l'enclave francophone de Fort-Coulonge et environs, il ne faut pas se surprendre que les taux d'anglicisation des Pontissois se rapprochent de ceux de leurs cousins francophones de l'Ontario...

Ici, mesdames, messieurs, ça vote LIBÉRAL pas à peu près! Au dernier scrutin, en avril 2014, le candidat du PLQ, André Fortin, a obtenu plus de 75% des votes. Dans les coins les plus anglophones de la circonscription de Pontiac, c'est plus de 90%! Dans la municipalité de Shawville, celle où les résidents avaient chassé les inspecteurs de l'Office de langue française il y a une vingtaine d'années, le score libéral était de 97%! Dans les bleds les plus reculés, près de la ville ontarienne de Pembroke, ça frise le 99%... On ne ferait pas mieux dans un régime de parti unique...

J'avais donc bien hâte de voir quel francophone aurait le culot de porter publiquement les couleurs du Parti Québécois dans un des recoins les plus francophobes du Québec. Finalement, un brave s'est pointé. Il s'agit de Blake Ippersiel, un jeune de 19 ans de Bristol, village d'environ 1000 habitants à 80% anglophones. Le hic, c'est qu'il ne se présente pas dans Pontiac, mais dans Chapleau (l'est de la ville de Gatineau), une circonscription massivement francophone où il n'aura probablement pas besoin d'un véhicule blindé et de gardes du corps...

C'est aujourd'hui (29 août) que le PQ a enfin dévoilé le nom de son porte-étendard dans Pontiac: Marie-Claire Nivolon. Le hic, c'est qu'elle ne semble avoir aucun lien avec le Pontiac. Elle travaille à la permanence du Parti Québécois, à Montréal, depuis 1990 et a déjà été candidate, en 1985, dans la circonscription montréalaise de Viau. C'est sans doute ce qu'on appelle en politique un poteau. Un brave et méritoire militant dont on inscrit le nom sur un bulletin de candidature pour s'assurer d'être représenté dans les 125 circonscriptions...

En tout cas, cela en dit long sur le climat politique du Pontiac quand les élections sont à date fixe et que le PQ a eu des années pour préparer une candidature...

C'est dommage. Même sans le plus mince espoir d'une victoire, le PQ aurait pu mener une bonne campagne dans Pontiac et s'en servir pour sensibiliser l'ensemble des Québécois francophones au sort qui les attend si l'on ne prend pas très bientôt des mesures énergiques pour protéger et promouvoir la langue française.

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Jonathan Carreiro-Benoit (à gauche) et Blake Ippersiel (à droite). Le PQ, parti de vieux???

Surprise ! J'ai vu ce matin, pour la première fois, une affiche électorale du Parti Québécois. Je circulais en voiture dans l'ancien village de Ste-Cécile de Masham (maintenant un secteur de la municipalité de La Pêche) quand j'ai aperçu une pancarte du candidat péquiste dans la circonscription de Gatineau, Jonathan Carreiro-Benoit. Par ailleurs, dans mon quartier (circonscription de Chapleau), je n'ai pas encore vu la binette du jeune Blake Ippersiel (19 ans), que j'aimerais bien rencontrer.

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Un prof de l'Université du Québec en Outaouais (UQO), Thomas Collombat, prédit une campagne «moins ennuyeuse» que d'habitude dans notre région, compte tenu d'une relative absence du traditionnel débat entre fédéralistes et indépendantistes. Mais si je me fie à son pif, cette campagne «moins ennuyeuse» devra se faire sans la présence des chefs libéral et caquiste...

Selon lui,
* François Legault peut prendre une majorité sans l'Outaouais, alors pourquoi y mettrait-il de l'énergie?
* Philippe Couillard ne voudra pas venir ici trop souvent, par crainte d'envoyer le message qu'il se sent en danger...

Le fait qu'il n'évoque même pas Jean-François Lisée et Manon Massé en dit long sur leur pertinence, pour le moment du moins, à l'ouest de la région montréalaise...

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Un commentaire sur le sondage dans Le Devoir de ce matin. Selon la maison de sondage Léger, le premier parti chez les jeunes de 18 à 34 ans serait le PLQ avec 35% des intentions et la CAQ deuxième, avec 26%... Si c'est vrai, c'est dramatique. Avec une telle relève, la nation québécoise sera au bord de l'extinction en quelques générations... SOS...


mardi 28 août 2018

Une campagne où l'on ne parle pas de souveraineté? Vraiment?

La page 5 du quotidien Le Droit d'aujourd'hui

Avec les libéraux, les élections se suivent et se ressemblent en Outaouais depuis près de 50 ans... On agite l'épouvantail «séparatiste» et on fait peur au monde. Et ça marche ici, presque à jet de pierre du Parlement fédéral... Je lis depuis le début de la campagne dans les journaux montréalais que la question nationale est absente de cette campagne, une première depuis l'élection de 1966. C'est peut-être vrai à Montréal, mais tant que le dernier indépendantiste de Gatineau ne reposera pas dans sa tombe, il y aura un libéral pour le pointer du doigt avec horreur...

En 2018, il n'aura pas fallu plus que quelques jours de débats pour que le PLQ sorte l'ancien ministre Norm MacMillan des boules à mite pour brandir la menace séparatiste, lors du coup d'envoi de la campagne du député libéral sortant, Alexandra Iracà, dans la circonscription de Papineau. Voici la citation de M. MacMillan, rapportée aujourd'hui (28 août) dans le quotidien Le Droit (bit.ly/2BWV3UT). Et notez, il ne s'attaque pas au PQ mais à la CAQ! François Legault, dit-il, «démarrera une chicane avec le fédéral et parlera de référendum dès son arrivée au pouvoir s'il est élu»... Elle est bien bonne... la CAQ qui préparerait un référendum sur la souveraineté... C'est parti...

C'était d'ailleurs leur stratégie partout en Outaouais en 2014... Et ils ne la cachent pas... Notez l'article du Droit ci-dessous, en date du 7 mars 2014:


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Justement, parlant de la souveraineté soi-disant absente des débats électoraux, je vous offre le premier paragraphe d'un texte paru aujourd'hui (28 août) dans les pages du quotidien Le Droit sous le titre «Le PQ aborde le dossier référendaire»:

«Bien que l'Outaouais ne soit pas une région où la souveraineté soir un sujet très vendeur, les candidats du Parti Québécois dans la région portent la question de l'indépendance lors de leurs interactions avec les citoyens durant la présente campagne électorale»... Ce n'est certes pas une campagne référendaire, mais «on doit parler de souveraineté», affirme le candidat du PQ dans Gatineau, Jonathan Carreiro-Benoit. Des missionnaires en terre païenne... Je salue de tout coeur leur enthousiasme et leur courage. Ils en auront besoin.

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Le NPD Québec, qui présente des candidats en Outaouais, a sa façon à lui d'aborder sans l'aborder la question nationale et le projet d'indépendance. De passage à Gatineau, le chef du parti, Raphaël Fortin, a annoncé aux gens d'ici qu'ils auront pour la première fois dans l'isoloir une option de gauche «non-souverainiste»... Spécial... l'avatar fédéraliste de Québec Solidaire... Un peu comme la CAQ est devenue l'avatar «un-tit-peu nationaliste» du PLQ... Revenant au NPDQ, en s'affirmant «non-souverainiste», il se trouve à ramener à l'avant-plan la question de l'indépendance.

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En tant qu'ex-Franco-Ontarien, je m'intéresse toujours au sort des minorités francophones hors-Québec. Il y a présentement au Nouveau-Brunswick une campagne électorale en vue du scrutin du 24 septembre. C'est la seule province canadienne où le français et l'anglais sont les langues officielles. Or, il n'y aura pas de débat des chefs en français parce que le chef conservateur ne parle pas l'une des deux langues officielles - la nôtre. Pendant ce temps, au Québec, où le français est la seule langue officielle, tous les chefs des principaux partis participeront à un débat en anglais... Trouvez les erreurs...

À demain...




lundi 27 août 2018

La campagne électorale à la frontière du Canada anglais

Chez nous, le Québec se termine au bout de la demi-autoroute 50. Faute d'avoir su construire un réseau routier transquébécois qui aurait relié le sud de l'Outaouais à l'Abitibi-Témiscamingue, le gouvernement québécois a fait de Gatineau une porte de sortie vers l'Ontario... Ottawa jette ici une ombre et une influence que Québec n'a jamais vraiment contestées... Ajoutez dans la marmite les stratégies quasi constantes (et efficaces) de peur contre les indépendantistes et vous aurez une vague idée du climat dans lequel se déroule une campagne électorale ici, sur la rive nord de la rivière des Outaouais.

Nous sommes à la frontière du Canada anglais. Au front... Voilà une des raisons pour lesquelles les Québécois d'un peu partout devraient s'intéresser davantage à ce qui se passe dans la quatrième ville de la «province», ainsi que dans la grande région qui l'entoure, du Pontiac à la Petite-Nation en passant par la vallée de la Gatineau. Les assauts antiquébécois et antifrancophones débutent souvent ici. Et je vous l'assure, le reste du Québec ne perd rien pour attendre...

Alors je vais oser, quotidiennement, jusqu'au 1er octobre, quelques observations sur l'actualité des partis politiques, ainsi que des candidats et candidates dans le grand Outaouais. Du point de vue d'un indépendantiste bien sûr. Des «lettres du front», en quelque sorte...

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Allons-y!

En fin de semaine, je suis allé aider ma fille Catherine à déménager dans le vieux Longueuil, plus précisément dans la circonscription de Marie-Victorin, détenue par Catherine Fournier du Parti Québécois. J'ai vu partout des affiches électorales du PQ et de Québec Solidaire, quelques-unes de la CAQ et aucune du Parti libéral... Dans ma circonscription de Chapleau, dans l'est de la ville de Gatineau, j'ai vu des tonnes de pancartes du candidat caquiste Mathieu Lévesque et de notre obscur député sortant, Marc Carrière (libéral). Aucune du PQ, aucune de QS... jusqu'à maintenant.

À Gatineau, plus souvent qu'autrement, on ne crie pas son appui au PQ sur la place publique. On le chuchote doucement à l'oreille d'un autre sympathisant pour que personne ne l'entende. La peur...

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Le ministre sortant (vraiment sortant) de la Santé, Gaétan Barrette, a osé affirmer que le bilan de son mandat avait été «spectaculaire». Parfois, trop c'est trop. La députée et candidate libérale dans Hull, Maryse Gaudreault, a senti le besoin d'atténuer l'enthousiasme de son collègue dans une région qui connaît parmi les plus longs temps d'attente aux urgences et où l'on peine toujours à trouver un médecin de famille. Elle prétend que le bilan est plutôt «très, très positif»... En voilà deux que personne, même les sympathisants libéraux, vont croire...

De passage en Outaouais, le chef caquiste François Legault a promis un nouveau hôpital à Gatineau d'ici cinq ans !!! Rien de moins... Bien des gens ont rigolé. Les deux hôpitaux actuels sont incapables de recruter suffisamment de personnel pour combler les postes disponibles. Alors où diable trouvera-t-on médecins, infirmières, techniciens, préposés pour ce nouveau centre hospitalier?

En passant, personne - dans quelque parti que ce soit - ne semble avide d'aborder la question, jadis controversée, de la nouvelle faculté de médecine de McGill en Outaouais, où tous les cours en classe seront donnés en anglais - pour des francophones qui devront par la suite travailler en français, au Québec !! Faudrait pas s'en surprendre, défendre la langue français ici est trop souvent suspect contrairement à l'Ontario, où protéger et propager le français vous vaudra respect et accolades.

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Un sondage publié par le quotidien Le Droit, il y a quelques jours, affirme qu'il pourrait y avoir une chaude lutte entre le député libéral Marc Carrière (32% des appuis, en date du 20 août) et Mathieu Lévesque de la CAQ (30,6%). Ce que j'ai trouvé le plus fascinant, c'est que Québec Solidaire, avec 15% des répondants au sondage, devance le PQ (11,8%). Si les deux partis indépendantistes arrêtaient de se donner des jambettes, un candidat souverainiste pourrait être de la course, avec un potentiel de 27% des appuis... Enfin, je rêve en couleur.

Avis aux intéressés. Le Parti Québécois présente son plus jeune candidat dans Chapleau. Il s'agit de Blake Ippersiel, qui n'a que 19 ans... Il semble qu'on permette à ce dernier de faire ses armes dans une circonscription perdue d'avance... Misère, on a déjà jeté la serviette...

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Demain, 28 août, le conseil municipal de Gatineau est censé se prononcer sur un projet de deux immenses tours (35 et 55 étages) de l'entrepreneur Brigil dans un secteur patrimonial. Non seulement ces gratte-ciel de condos viendront-ils défigurer une partie de ce qui reste du vieux Hull, mais l'afflux continu d'Ontariens anglophones accélérera une anglicisation déjà en marche au centre-ville de Gatineau. Évidemment, on peut s'attendre à un silence à peu près complet sur le front électoral...

Quand il est question de protéger la langue française à Gatineau, dans une faculté de médecine comme dans un secteur patrimonial, on n'en parle jamais trop...