Image du site Web de l'Université de l'Ontario français
Si ce n'était pas si tragique, ce serait presque comique. Un tour de magie du gouvernement ontarien! Dans le chapeau des prestidigitateurs de Queen's Park, on met un vaste projet d'université pan-ontarienne de langue française, et pouf! il en ressort un tout petit mini-campus (aura-t-il même un bâtiment?) dans la région de Toronto... Pire, d'un coup de baguette additionnel ils réussissent à faire croire à l'ensemble des médias et des Franco-Ontariens qu'il s'agit bien de «l'Université de l'Ontario français» qu'on réclame depuis plus d'un demi-siècle...
On dirait que les francophones de l'Ontario se sont encore une fois fait «enfirouaper» par leurs «amis» politiques. Mais ce qui m'attriste le plus, c'est qu'ils semblent applaudir leur propre défaite bit.ly/2qjCsJM). Le gouvernement Wynne avait pourtant mis cartes sur table en 2014 quand il avait annoncé la formation d'un conseil de planification pour la future université franco-ontarienne. Il n'y aurait là-dedans rien de plus que des «mesures pour faciliter l'accès à l'éducation post-secondaire en français dans le centre et le sud-ouest de l'Ontario», c.-à-d. le corridor Toronto-London-Windsor.
Au début de 2017, déçus par ce détournement de projet, les trois organismes qui pilotent la cause d'une université de langue française - le RÉFO (Regroupement des étudiants franco-ontariens), la FESFO (Fédération de la jeunesse franco-ontarienne) et l'AFO (organisme parapluie de la collectivité franco-ontarienne) - ont rappelé avec énergie qu'ils voulaient un réseau universitaire complet, «par et pour» les francophones, un réseau qui régirait l'ensemble de l'offre universitaire, y compris celle des deux grandes universités bilingues, l'Université d'Ottawa et l'Université Laurentienne, où sont inscrits la grosse majorité des étudiants franco-ontariens qui poursuivent leurs études universitaires en français.
Ce fut le dernier sursaut, la dernière étincelle... Le dommage était déjà fait dans les médias, qui n'ont jamais très bien compris l'énorme fossé entre le projet RÉFO-FESFO-AFO et les pinottes offertes par Queen's Park. Dans l'ensemble de la presse écrite et des médias électroniques, du moins ceux qui se sont intéressés à cette historique revendication franco-ontarienne, il existe une confusion à peu près totale parce que peu de journalistes ont suivi le dossier depuis 2012, l'année du début de mobilisation du RÉFO. Pour les salles de rédaction, l'Université de l'Ontario français, c'est désormais le petit campus torontois, rien de plus...
Cette semaine, pour clouer le cercueil, le gouvernement Wynn a annoncé les membres du tout premier «Conseil des gouverneurs» du campus torontois alias Université de l'Ontario français. Radio-Canada faisait remarquer qu'aucun représentant du nord et de l'est de la province n'y siège, situation qu'a déplorée la députée néo-démocrate de Nickel Belt, France Gélinas... Pas surprenant, a répondu pour une nième fois la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, «c'est un projet qui va se trouver dans le Centre-Sud-Ouest pour répondre à la demande de la communauté». Hé, le monde, c'est un projet local de la région torontoise. N'allez surtout pas mêler à ça les plus importants pôles universitaires de l'Ontario français...
Alors globalement tout le monde se dit heureux, même s'il y a des bémols ici et là. Le président de la FESFO y est allé d'un commentaire fort opportun, le seul du genre que j'ai trouvé: «Nous voulions depuis très longtemps une entité qui reflète l’ensemble de la province. Sans un conseil des gouverneurs provincial, ça devient difficile de représenter tous les Franco-Ontariens.» En effet!!! Pour sa part, le président de l'AFO, Carol Jolin, a dit espérer un développement de campus satellites dans d'autres régions de l'Ontario...
La morale de cette histoire? Les deux monstres bilingues anglo-dominants d'Ottawa et de Sudbury, influents à Toronto, ont facilement écrabouillé une revendication historique tout à fait légitime des Franco-Ontariens: leur propre réseau universitaire, comme celui que les Anglo-Québécois ont toujours eu... C'est un scandale public, qui laisse indifférent l'ensemble de la presse anglophone et francophone (sauf quelques exceptions)...
À moins d'une mobilisation de masse chez les étudiants franco-ontariens (sait-on jamais?), il ne reste qu'une stratégie: plusieurs neuvaines à St-Jude...
Bonjour,
RépondreEffacerLes franco-ontariens se font enfirouaper, les canadien-français se font enfirouaper, les québécois se font enfirouaper dans ce triste trou boueux et clownesque appelé le Canada. On se fait faire toute sorte d'entourloupettes régulièrement dont le SEUL BUT est de nous faire disparaître par assimilation.
Si les gens ne se lèvent pas rapidement, nous allons arriver au point de bascule. Ils auront ce qu'ils ont mérités par leur lâcheté et leur manque de fierté, de courage. Et aussi par l'action concertée de tous ces petits mercenaires à tous les niveaux.
Gilles Sauvageau
L'Assomption