dimanche 27 mai 2018

Médecine: l'Université McGill francisera-t-elle tous ses cours à Gatineau d'ici 2020?


J'étais sur le point de dénoncer pour la nième fois le projet de formation médicale en anglais que l'Université McGill et le gouvernement Couillard mijotaient pour Gatineau et l'Outaouais quand je suis tombé par hasard sur un courte nouvelle de Radio-Canada (bit.ly/2LxpWjC) qui m'avait complètement échappé...

Le texte de quatre paragraphes, publié sur le site Web du diffuseur public le 25 janvier 2018, contenait pourtant une véritable bombe. On y annonçait, si j'ai bien compris, que la formation théorique devant être offerte en anglais seulement à la nouvelle faculté de médecine de McGill à Gatineau serait francisée à 100%, et ce, à temps pour l'ouverture de la faculté en 2020!

Après m'être administré quelques taloches bien méritées, je me suis demandé pourquoi une nouvelle si importante avait été résumée en quelques paragraphes, sans contexte, dans une salle de rédaction qui dispose des ressources pour aller au fond des choses. J'ai aussi peine à comprendre que le quotidien Le Droit n'ait pas placardé cette annonce en manchette, à la une, alors que la langue d'enseignement de la nouvelle faculté de médecine avait défrayé les manchettes dans ses pages en avril 2014 et en septembre 2016.

Comment se peut-il que le premier ministre Couillard, ainsi que son ministre de la Santé, Gaétan Barrette, et la cohorte de députés rouges de l'Outaouais, n'en aient pas profité pour accaparer - au moins en partie - le mérite de cette francisation d'urgence des cours de médecine de l'Université McGill? Pas de conférence de presse? Pas de communiqué? Pas de félicitations à qui que ce soit? Je n'ai rien trouvé... Pourtant, il y avait là une belle occasion de capital politique.

Puis j'ai relu le texte de Radio-Canada, qui semblait pourtant clair au départ. D'abord le titre: «La faculté de médecine de l'Outaouais veut offrir une formation à 100% en français». En soi, cela ne change pas grand-chose à ce que nous savions déjà. Les dirigeants de McGill avaient à peu près promis de franciser un jour l'enseignement théorique dispensé à Gatineau, mais n'avaient jamais proposé de calendrier précis. On avait même évoqué un échéancier d'une dizaine d'années...

Dans le premier paragraphe, cependant, ce n'est plus «veut offrir» mais «offrira», Citation exacte? «La faculté de médecine familiale qui doit voir le jour en 2020 en Outaouais offrira finalement l'enseignement entièrement en français, a assuré le vice-doyen à l'enseignement de la médecine dans la région de l'Outaouais pour l'Université McGill.» Que faut-il comprendre? On n'y dit pas expressément que l'enseignement se fera en français dès 2020. On le laisse entendre.

Dans le second paragraphe, la journaliste rappelle le tollé qu'avait suscité, en 2016, l'annonce que les étudiants francophones de l'Outaouais seraient obligés de suivre une formation théorique (les cours en classe) en anglais seulement. «Or, dit-elle, l'Université McGill, qui administre le projet, veut corriger la situation.» Encore une fois, rien de neuf. McGill disait vouloir corriger la situation lors de l'annonce en 2016. La question a toujours été: quand?

Enfin, dans le troisième paragraphe, on cite le vice-doyen Gilles Brousseau, de McGill: «On a un plan de francisation qui est en cours, qui devrait être réalisé pour 2020.» Je ne veux pas être trop pointilleux (oui, de fait, je veux l'être, parce qu'en journalisme c'est fondamental), mais cette citation ne clarifie pas tout. D'abord par l'emploi du conditionnel... Tout «devrait» aller... Combien de fois a-t-on entendu des propos pareils... Secundo, je m'interroge sur ce qui sera réalisé pour 2020: le plan de francisation, ou la francisation elle-même?

Voici ce qui n'est pas écrit noir sur blanc: l'Université McGill offrira dès 2020 tous ses cours théoriques en français à Gatineau. Jusqu'à maintenant, il n'y a jamais eu de garantie à cet égard. Remarquez...  ce problème n'aurait jamais existé si l'enseignement de la médecine en Outaouais avait été confié à l'une des universités de langue française, qui proposent des cours conçus par des francophones, pour des francophones. Voilà, au fond, le coeur du problème.

Les Franco-Ontariens et les Acadiens ont compris cela depuis longtemps...



2 commentaires:

  1. Pour ceux qui sont intéressés par la lutte « McGill français » et plus particulièrement, pour la volonté de la faculté de médecine de McGill de s’étendre dans l’Outaouais (@49.10), je vous propose :

    Opposition au MUHC: René Boulanger et Pierre Falardeau, Conférence et discussion sur le projet aussi pharaonique que colonial de l'hôpital universitaire McGill. Mars 2009, lors du 40e de « McGill Français ». À l’époque McGill refusait de partager ses compétences en pédiatrie, en particulier entre Ste-Justine et Montreal Sick Kids !

    https://www.youtube.com/watch?v=irB58OX8p2w&feature=player_embedded

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  2. Ce qu'a fait ce journaliste, Pierre Allard, c'est qu'il a réussi à "décortiquer une fake new". Bravo.

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