Les Québécois s'informent trop souvent mal ou peu de la réalité des minorités canadiennes-françaises et acadiennes. Mais l'inverse est tout aussi vrai. Les minorités canadiennes-françaises et acadiennes, de plus en plus minoritaires, informent mal ou peu le Québec. Les commentaires de la journaliste Denise Bombardier à l'émission Tout le monde en parle (TLMEP) et les réactions qu'ils ont suscités hors Québec en sont une illustration parfaite.
Mme Bombardier, pour qui j'ai par ailleurs la plus haute estime, n'avait vraiment pas fait ses devoirs quand elle a déclaré: «À travers le Canada, toutes les communautés francophones ont à peu près disparu. Il en reste encore un peu en Ontario. Au Manitoba, je suis allée encore au mois de janvier chez les Métis, on ne parle plus français.» Une autre affirmation qu'on pourra ranger au panthéon de l'incompréhension, avec les dead ducks de René Lévesque...
Que l'assimilation fasse des ravages dans les provinces à majorité anglophone ne fait pas de doute. Les recensements fédéraux en font un constat chirurgical à tous les cinq ans. Oui, les francophones minoritaires perdent constamment du terrain, mais ils ne sont pas près d'être «disparus»... De fait, la langue française se porte mieux dans la péninsule acadienne du Nouveau-Brunswick et certains coins du Nord et de l'Est ontarien que dans le West Island montréalais et le Pontiac québécois.
Le fait que Mme Bombardier, qui navigue depuis fort longtemps dans les milieux de l'information, soit aussi déconnectée dans un domaine névralgique pour l'avenir du pays en dit long sur la piètre couverture de la francophonie hors Québec par l'ensemble des médias québécois et anglo-canadiens. Son intervention à TLMEP serait sans doute passée inaperçue si Radio-Canada (qui a des journalistes en milieu minoritaire) et TFO (Ontario) n'avaient pas ratissé les médias sociaux et les porte-parole francophones à travers le pays pour recueillir des commentaires croustillants et parfois aussi erronés que ceux de Denise Bombardier...
La première citation de l'article de Benjamin Vachet dans #ONFR (TFO) est un classique d'information tordue à souhait. «Madame, 2,7 millions de francophones (hors Québec) vous écoutent et comprennent», lance Ricky Richard, un politicologue acadien qui a oeuvré pendant plus de 10 ans au Commissariat fédéral aux langues officielles. Ce 2,7 millions, repris régulièrement par la FCFA (Fédération des communautés francophones et acadienne), comprend tous les francophones hors Québec (environ 950 000 selon le critère de la langue maternelle) ainsi que quelque 1,7 million d'anglophones et allophones qui comprennent le français...
En retournant ce subterfuge, il faudrait aussi permettre à la majorité Canadian de compter comme anglophones tous les francophones minoritaires bilingues (80% et +?) ainsi que tous les Québécois francophones bilingues (plus de 3 millions)... Selon cette méthode de calcul trompeuse, le Québec serait à près de 45% anglophone! Si encore la déclaration dans le texte d'#ONFR provenait d'un non-initié, on pourrait l'excuser. Mais d'un vétéran du bureau du Commissaire aux langues officielles, non!
De plus, quand M. Richard affirme que ces 2,7 millions de «francophones» écoutaient Denise Bombardier à TLMEP, il sombre au pays des merveilles. Selon une étude de Statistique Canada, publiée en 2010, plus de 60% des Franco-Ontariens (la plus importante minorité francophone au Canada) regardent la télé uniquement ou surtout en anglais. Avec la multiplication de l'offre et la fragmentation des auditoires, j'ai peine à croire que la cote d'écoute de TLMEP dépasse de beaucoup le seuil des 100 000 ou 150 000 à l'extérieur du Québec...
Deuxième citation tirée du texte d'#ONFR. Elle est attribuée à Hugues Beaudoin-Dumouchel, un animateur et chroniqueur d'Ottawa. «Sur les francophones hors Québec, Madame Bombardier dit à TLMEP: "Y'en a un petit peu en Ontario". Y'en a 600 000, calvaire, je lui suggère d'en rester à l'écriture parce que les mathématiques, c'est clairement pas son domaine.» Ce 600 000 est contestable lui-même, provenant de la définition «inclusive» ontarienne qui gonfle les effectifs. Selon le recensement de 2016, quelque 504 130 Ontariens ont le français comme première langue officielle parlée (c'est 490 715 selon la langue maternelle, et à peine 277 045 selon le critère de la langue le plus souvent parlée à la maison). Rien là-dedans n'approche de 600 000...
Troisième citation, de la politicologue Stéphanie Chouinard, du Collège militaire royal du Canada à Kingston, Ontario: «Il y a 1 000 000 de francophones hors Québec - autant qu'il y a d'anglophones au Québec. 1 000 000 à se battre au quotidien pour la survie du français»... Dans le texte de Radio-Canada, le reporter a interviewé Denis Simard, président de l'Assemblée communautaire fransaskoise qui a fait une déclaration similaire: «Il y a, dit-il, un million de personnes qui font un combat tous les jours pour parler en français à l'extérieur du Québec».
Je ne disputerai pas le chiffre d'un million, mais moins de 600 000 de ce million ont le français comme langue d'usage (langue la plus souvent parlée à la maison), et le niveau de militantisme chez les francophones hors Québec est plutôt faible à l'exception des élites dirigeantes et de pochettes de résistance. En Saskatchewan, sur quelque 15 000 francophones, moins de 4 000 ont le français comme langue d'usage à la maison. Alors pour «1 000 000 à se battre au quotidien», je pense qu'on repassera...
L'article de Radio-Canada cite également Nicole Forest Lavigne, du village «francophone» de St-Pierre-Jolys au Manitoba: «Elle ne sait pas de quoi elle (Mme Bombardier) parle. On vit en français, il y a des semaines où on ne prononce par un mot d'anglais», affirme l'ancienne présidente de la Société de la francophonie du Manitoba. D'abord l'appellation village «francophone», qui semble provenir de l'auteur du texte. Celui-ci aurait eu avantage à vérifier cette information parce qu'au recensement de 2016, le nombre d'anglophones est désormais supérieur à celui des francophones. Sur une population de 1090 habitants, 490 sont de langue maternelle française, et à peine 375 ont le français comme langue d'usage. Alors je veux bien croire que Mme Forest Lavigne réussit à vivre en français, mais un nombre toujours croissant de ses concitoyens francophones n'y arrivent plus.
J'ai toujours eu la plus grande admiration pour ces Canadiens français et Acadiens qui défendent avec acharnement depuis 1867 la langue française contre un pays qui - contrairement à ce que prétend Jean Chrétien - les a trop longtemps étouffés, persécutés même. Étant moi-même originaire d'Ottawa et ancien militant franco-ontarien, je peux apprécier le combat inégal qu'ils livrent et la frustration ressentie quand des coups bas arrivent du Québec. Mais répondre en vociférant et en brossant un tableau trompeur de la réalité franco-canadienne n'est pas le meilleur moyen de la faire apparaître sur les radars québécois.
En 2015, l'ancienne présidente de la FCFA, Marie France Kenney, peignait un portrait beaucoup plus sombre et, je crois, réaliste de la situation lors de sa comparution devant le Comité parlementaire des langues officielles: «À plusieurs endroits, a-t-elle déclaré, ce n'est qu'une question de temps avant que nos communautés tombent en dessous du seuil requis pour recevoir des services et des communications en français des bureaux fédéraux. Et quand notre poids relatif sera tombé encore plus bas, que remettra-t-on en question à ce moment? Nos écoles de langue française?»
Remarquez, l'intervention de Mme Kenney n'a pas davantage eu l'effet que j'aurais souhaité dans les médias et le public québécois...
Peut-être le temps est-il venu de convoquer de nouveaux États généraux de la francophonie québécoise et canadienne. Faudrait sans doute se parler ailleurs que dans des médias tout croches...
« We are in Canada, everybody should speak english ». –gérante du restaurant McDonald's du Marché central, à Montréal, Elle a raison… réveillons-nous !
RépondreEffacer« La carte du bilinguisme au Canada. Maintenant, dites-moi qui apprend la langue de l'Autre ? » - Gilles Laporte
Dans le Nord de l'Ontario et au NB : le bilinguisme est attribuable à ceux d'origine francophone. On appelle aussi cela l’assimilation ou le génocide culturel ! La brisure entre Ottawa et Gatineau est éloquente !
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=719769664725649&set=pb.100000778671459.-2207520000.1536088568.&type=3&theater
Bonjour Monsieur Allard,
RépondreEffacer« la langue française se porte mieux dans la péninsule acadienne du Nouveau-Brunswick et certains coins du Nord et de l'Est ontarien que dans le West Island montréalais et le Pontiac québécois. » La triste réalité est que vous avez parfaitement raison.
Imaginez, comme le texte de Mme Marie-France Kenney il y a quelques années et le commentaire de Laurent Desbois, combien de gens du Québec et du Canada français se préoccupent vraiment de l'affaiblissement systématique de la langue française. Selon moi, ça sent la fin à plus ou moins courte échéance, pour ne pas dire déchéance ou génocide. Que voulez-vous, pour plusieurs, il est beaucoup plus facile de se laisser glisser vers le bas de la pente que de combattre.
Pour ma part, j'aime mieux mourir debout que de vivre couché comme une carpette sur laquelle on s'essuie les pieds. Je viens tout juste d'avoir 79 ans, j'aime la vie et je souhaite de vivre encore plusieurs années, même si ça implique de voir ma langue mourir à petit feu parce que plusieurs de mes concitoyens n'ont pas eu le courage et la fierté de lutter.
Finalement, je trouve aberrant, absurde et insensé, ces « très petits » mercenaires qui participent à la démolition de notre langue et de notre culture. Comment peuvent-ils vivre en paix avec leur conscience ?
Gilles Sauvageau
L'Assomption
Québec
Pour vous, monsieur Sauvageau, je trouve deux phrases dans votre énoncé particulièrement débilitante: "Selon moi, ça sent la fin à plus ou moins courte échéance, pour ne pas dire déchéance ou génocide. ... Je viens tout juste d'avoir 79 ans, j'aime la vie et je souhaite de vivre encore plusieurs années, même si ça implique de voir ma langue mourir à petit feu parce que plusieurs de mes concitoyens n'ont pas eu le courage et la fierté de lutter." J'ai 80 ans et je m'étonne de la résilience et la vitalité exceptionnelles d'une communauté telle que la communauté francophone du Manitoba avec ses institutions qui sont bien loin de ce que vous décrivez. Si vos paroles avaient un fondement, nous serions disparus depuis longtemps.
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EffacerLa question de Serge Fiori était tombée comme un éclair: " Je n'arrive pas à comprendre pourquoi vous ne voulez pas que le Québec, avec sa langue et sa culture, soit un vrai pays"
« Vous n’êtes pas de mon avis, mais écoutez-moi. Si on a gardé notre langue, c’est parce que nous, Canadiens-Français de l’époque, on a décidé de rester avec la couronne britannique » -Jean Chrétien, TLMEP
• Les résultats de Trudeau! Les données sont sans équivoque : le train de l'assimilation a quitté la gare et même des provinces avec une solide base francophone comme l'Ontario et le Nouveau-Brunswick sont sur la voie de l'ethnocide de leur minorité de langue française. L'assimilation des francophones est en constante augmentation au Canada.
https://www.facebook.com/156743514375142/photos/a.324109114305247/480372472012243/?type=3&theater
Monsieur Allard, une phrase attire mon attention: "Mais répondre en vociférant et en brossant un tableau trompeur de la réalité franco-canadienne n'est pas le meilleur moyen de la faire apparaître sur les radars québécois." C'est ça votre objectif avec ce blog? ... de faire apparaître votre réalité sur les radars québécois? Juste une seule remarque. Vous êtes au courant que partout au Canada et tout particulièrement dans l'Ouest que je connais bien, on ne trouve pas suffisamment d'enseignants francophones pour répondre à la demande, surtout dans les écoles d'immersion française. Je trouve votre pessimisme débilitant et d'une autre époque.
RépondreEffacerPour mes amis francophones hors-Québec, qui se sentent abandonnés par les Québécois… Voici une bonne analyse qui remonte à la source… l’abandon du bilinguisme canadien par Trudeau en 1971 !
Effacer8 octobre 1971 - Abandon par le fédéral du biculturalisme et introduction du multiculturalisme
https://www.facebook.com/autre150e/videos/1512160125517760/?hc_ref=ARRS75bo97iKtZnqtjtRoIYL1R_cYaUSWdWDk5UZy0akOsPs2lHQHTNHaTpnClw98rc&pnref=story
Laurent Desbois
Ex-franco-hors Québec, d’origines autochtone et acadienne,
fier Québécois depuis plus de quarante ans,
et canadian… par la force des choses et temporairement … sur papiers seulement!
Le Canada est perçu par une majorité de Québécois comme étant formé de deux nations, si on fait exception des Autochtones, reconnus en 1983 par l’Assemblée nationale comme des nations qui partagent le territoire avec les Québécois. Cette perception remonte à l’époque du Haut et du Bas-Canada (1791-1840) et a subsisté jusqu’à nos jours. De l’Acte d’Union de 1840 à la Révolution tranquille, cette vision binationale du Canada s’est incarnée dans un nationalisme conservateur et religieux qui distinguait le Canada français du Canada anglais. Depuis l’émergence du nationalisme politique, on distingue plutôt l’ensemble du Québec du reste du Canada.
Pierre Elliot Trudeau n’a de cesse de reléguer le Québec au rang de « province comme les autres » et de réduire la culture québécoise à sa composante canadienne-française. C’est dans cet ordre d’idées que Pierre Elliott Trudeau rejette le biculturalisme qui était à la source du mandat de la Commission Laurendeau-Dunton sur le bilinguisme et le biculturalisme mise sur pied en 1963 par son prédécesseur Lester Pearson. Le 8 octobre 1971, dans sa réponse au Livre IV du rapport de la commission, Trudeau affirme qu’il convient de définir le Canada sur la base du « multiculturalisme » plutôt que sur celle du « biculturalisme », car il ne saurait y avoir de primauté des cultures canadienne-anglaise ou française au Canada.
Très cher monsieur Lagacé,
RépondreEffacerJe ne sais pas pour qui vous travaillez, mais de tenter de faire accroire aux gens que nous sommes débiles et d'une autre époque suite à nos propos, ne colle pas du tout à la dure et triste réalité. Je sais très bien qu'avec vous je parle dans le désert, car votre opinion est déjà faite et immuable. Comme Jean-Marc Fournier, vos lunettes roses ne vous permettent pas de voir la réalité de Statistiques Canada que vous devriez consulter très attentivement avant de dire n'importe quoi.
Avec le principe du multiculturalisme, l'assimilation complète des francophones hors Québec n'est qu'une question de temps, je dirais de 1 à 2 générations. Pour le Québec, il vous faudra regarder très attentivement les statistiques de la Ville de Montréal et de l'Outaouais pour réaliser que, même ici, nous sommes sur la pente dangereuse de l'envahissement migratoire qui favorise la noyade des francophones.
En plus, vos amis mercenaires d'Ottawa n'ont pas légalisés le cannabis pour rien. C'est une autre façon d'endormir les gens pour arriver à leurs fins, c'est-à-dire la disparition complète des francophones au Canada. Les données sont sans équivoque, le génocide est à l'horizon.
Multiculturalisme vs génocide ou ethnocide = même combat.
EffacerGilles Sauvageau
L'Assomption
Bravo Gilles,tu es réaliste et j'admire ta lucidité !!!
RépondreEffacerMerci Simon !!!
EffacerMalgré mes 79 ans....... bien comptés ??? Ha ! ha ! ha !
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