mercredi 9 janvier 2019
Jamaïque 101 en six jours...
Passer le Jour de l'An sous le soleil des tropiques. Je n'avais jamais fait ça... Mais voilà, l'occasion, imprévue, s'est présentée et par un glacial dimanche matin, ce 30 décembre 2018, j'ai pris l'avion vers Montego Bay, en Jamaïque, accompagné de mon épouse, d'une de mes filles et de ses deux enfants.
Je dois avouer que je ne connaissais rien à la Jamaïque et que ce pays des Antilles ne m'intéressait guère. Après une semaine dans un centre de villégiature pour familles à Runaway Bay, sur la côte nord de l'île, cependant, je suis revenu enchanté de mon séjour, de l'accueil chaleureux des Jamaïcains, des journées de 30 degrés à répétition, de la cuisine locale savoureuse et souvent plus épicée que la nôtre, du patois (incompréhensible pour nous) qui remplace l'anglais dès que les touristes s'éloignent, de la verdure et surtout des palmiers... mon arbre préféré il va sans dire.
Que peut-on vraiment apprendre en six jours d'un pays que l'on n'a jamais visité, sans quitter d'une semelle une station touristique d'à peine 75 chambres (Franklyn D. Resorts)? Plus que l'on pense, je crois, en se donnant la peine de tendre l'oreille et de jaser avec les Jamaïcains que l'on croise quotidiennement. Dès notre arrivée, dans la navette nous transportant de l'aéroport vers Runaway Bay, le conducteur à barbe frisée grisonnante nous a livré un mini-cours passionnant de géographie et d'histoire de la Jamaïque, depuis les époques coloniales - espagnole puis britannique - jusqu'à l'indépendance, acquise depuis 1962.
Mais sommes-nous vraiment indépendants, pestait-il, quand nos lois doivent recevoir l'approbation de la Reine Elizabeth II d'Angleterre et que cette dernière nomme toujours notre chef d'État (un gouverneur-général), même si ces actes sont symboliques... J'aurais pu lui répondre que leur situation est semblable à celle du Canada et du Québec et qu'ici aussi, au nord du 45e parallèle, dans le bassin du Saint-Laurent, nous restons - sans l'avoir voulu - des «sujets» de Sa très britannique Majesté...
Quelques heures en sol jamaïcain suffisent pour comprendre qu'il n'y a là-bas qu'une langue seule officielle - l'anglais. L'affichage, les bannières commerciales, les lois et règlements, les médias, tout se passe dans la langue de Shakespeare... Et pourtant, il existe une seconde langue, tout aussi répandue, celle que les Jamaïcains utilisent quand ils communiquent entre eux. Ils appellent cette langue «patois» (prononcé patwa) et à moins d'être imprégné de culture jamaïcaine, vous n'y comprendrez rien. Ce n'est pas de l'anglais. On m'a expliqué qu'il s'agit d'une langue parlée. Elle ne s'écrit pas, on ne l'enseigne pas dans les écoles. C'est la langue d'usage, dans la rue, à la maison. Voilà sans doute la preuve que, dans certaines situations, une langue n'a pas besoin de statut officiel pour rester dominante dans une société.
En route vers la station touristique, nous n'avions vu qu'un seul animal le long de la routes. Des chèvres, en petit troupeau, et en liberté, ça et là. Notre chauffeur en a profité pour nous parler de cuisine jamaïcaine, et d'insister fortement que l'on goûte, pendant notre séjour, au cari de chèvre (curried goat), une des grandes spécialités de l'île antillaise. Ce mets ne figurait pas au menu du restaurant jamaïcain du centre de villégiature, du moins pas les jours où nous y étions, mais le chef cuisinier a accepté d'en mijoter un plat juste pour nous, la veille de notre départ. Nous y avons fait honneur et je dois dire que si les restos d'ici proposaient des repas de chèvre (la viande la plus consommée sur la planète!), je m'en régalerais le plus souvent possible!
J'entendais souvent, aussi, le mot «jerk» associé à des aliments, notamment les ailes et poitrines de poulet. J'ai vite appris qu'il s'agissait d'un mélange d'assaisonnements épicés utilisé dans la cuisson, selon une tradition authentiquement jamaïcaine. Peut-être a-t-on eu pitié des étrangers en préparant ces mets pour nous, touristes du nord, mais il m'a semblé qu'on aurait pu les épicer davantage. Enfin, si jamais j'aperçois «jerk wings» ou son équivalent en français au menu d'un resto ici, je serai preneur.
Inutile, sans doute, d'ajouter que la Jamaïque est un paradis pour amateurs de musique, et en particulier du reggae. Nous sommes, après tout, au pays de Bob Marley. J'en ai entendu toute la semaine, bien sûr, mais le soir du Jour de l'An, nous avons eu droit à quelques heures de vrai reggae live, avec le groupe «Fab 5» (ils étaient 6 ou 7 sur scène, cependant). J'y serais resté cloué toute la nuit! Mon petit-fils de sept ans, Cédric, a persévéré sur le plancher de danse jusqu'à l'épuisement total... Je pense qu'il a aimé le reggae presque autant qu'un concert des Petites Tounes...
Avec un climat «hivernal» comme celui de la Jamaïque (24 la nuit, 30 le jour pendant toute la semaine...), il va sans dire que les restaurants sont en plein air... Un délice pour les oiseaux noirs qui volent de table en table... Et pourtant, pas d'insecte en vue autre que l'occasionnelle mouche ou guêpe... Un matin où je suis sorti très tôt, au lever du soleil, j'ai compris pourquoi en m'étouffant dans un nuage de fumigation... Il faut par ailleurs être prudent à la plage le soir. Se mettre les pieds à l'eau devient risqué avec la présence de nombreuses méduses dont la piqure est fort douloureuse, comme l'ont appris ma petite-fille Sophie et son amie Allyson. Mieux vaut aussi regarder en l'air quand on marche sous les palmiers géants, surtout quand l'un d'eux perd une feuille (géante) qui s'écrase à quelques centimètres de nous. Et à nous qui sommes habitués au murmure estival des criquets et cigales, le bruit assourdissant et les notes aiguës des grillons jamaïcains après le coucher du soleil et pendant la nuit constituent une expérience plutôt unique... Je pense que nous étions à quelques pas de leur quartier-général...
Enfin, comme à toute destination tropicale, il y a le charme de rencontrer des gens sympathiques d'un peu partout, des étrangers qui se côtoient pendant une semaine ou deux et qui, selon toutes probabilités, ne se reverront jamais. Une famille d'Albany, New York, qui souffre à la seule mention du nom de Donald Trump... Un couple de l'ouest d'Ottawa dont la fille adolescente a appris le français et cherche toujours des occasions de le parler (elle a trouvé Sophie)... Et que dire de nos hôtes jamaïcains, toujours souriants, polis et prêts à engager la conversation. Ceux et celles que j'ai rencontrés n'ont jamais vécu la neige et le froid, et notre climat pique un peu leur curiosité. Si j'étais eux, je n'irais pas visiter le Québec au mois de janvier...
Une semaine sous le soleil antillais... j'ai bien mangé, bien lu (près de trois livres), fait des mots croisés, joué aux cartes, écouté de la musique et même vu à la télé les émissions de la veille du Jour de l'An à Radio-Canada (d'En direct de l'univers au Bye Bye) grâce à aux compétences technologiques de ma fille Véronique. J'ai engraissé d'au moins un kilo, j'ai un peu bronzé, et je crois être prêt à affronter le coeur de l'hiver sur les rives de l'Outaouais...
Awignahan!
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