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Ça n’a guère pris plus d’une centaine de jours au pouvoir pour que déjà, le gouvernement de la CAQ vacille en matière d’enseignement en français pour les futurs étudiants en médecine de l’Outaouais, que la bureaucratie québécoise a placés sous la tutelle de McGill University.
Après avoir réitéré que «ça n’a aucun bons sens» d’être obligé de compléter une année
préparatoire en sciences en anglais (obligatoire pour l’entrée à la faculté de
médecine), le ministre de l’Outaouais, Mathieu Lacombe, semble avoir beaucoup de
difficulté à démêler les morceaux du casse-tête que les libéraux lui ont laissé…
Le plus récent texte de Justice Mercier dans
le quotidien Le Droit, publié ce 14
janvier, se termine ainsi : Il
(Mathieu Lacombe) ne s’engage toutefois pas à ce que l’année préparatoire soit
offerte en français d’ici la fin du présent mandat, en rappelant qu’il ne
s’agissait pas d’un engagement électoral et que le gouvernement actuel «est
pris avec ça».
Bien sûr qu’il ne s’agissait pas d’un «engagement» électoral. Le scrutin avait
lieu le 1er octobre et le public n’a rien su avant le début de
novembre, quand le quotidien Le Droit
a fait état d’une vidéo de McGill, diffusée sur YouTube, où l’université anglo-montréalaise précisait que l’année
préparatoire se déroulerait en anglais…
Reste que les candidats de la CAQ avaient pris des positions très fermes dans ce dossier et s’étaient opposés à tout compromis sur la langue d’enseignement. Le parcours des étudiants de l’Outaouais se ferait uniquement en français, disaient-ils. Et voilà que d’ici la fin du mandat du gouvernement Legault, c’est-à-dire d’ici la fin de 2022, des cégépiens francophones du Québec devront étudier les sciences en anglais pendant une année complète pour pouvoir accéder à une faculté de médecine dont on n’est toujours pas certain qu’elle pourra offrir en français l’ensemble de sa formation théorique…
Tout cela paraît tellement compliqué pour nos
politiciens, mais ce ne l’est pas. Le
principe est simple : les étudiants francophones du Québec ont le droit le
plus absolu de faire leurs études primaires, secondaires, collégiales et
universitaires en français. Tout ce qui pourrait faire obstacle au respect de
ce principe doit être sommairement écarté.
Sur le plan de l’enseignement de la médecine,
la bureaucratie québécoise a octroyé à McGill la gestion des programmes
universitaires sur une partie de l’île de Montréal, la Montérégie, l’Outaouais
et le Nord-Ouest québécois. Or McGill est une université anglaise. Elle n’a pas
à se franciser pour quelque raison que ce soit. Et à ce titre, ce n’est pas
dans son mandat de créer des programmes en français pour des étudiants
francophones.
Alors voilà. Quand des étudiants de langue
française de l’Outaouais (ou de quelque autre région sous le giron de McGill)
veulent étudier en médecine, ils ont droit de le faire dans leur langue, la
langue nationale du Québec, et dans une institution universitaire de langue
française comme l’Université de Montréal, Laval, Sherbrooke, ou, encore mieux,
l’Université du Québec en Outaouais. Pas
de discussion. Pas d’exception. Les normes bureaucratiques s’y opposent ?
On déchire ces normes et on en édicte de nouvelles.
Si, pour fignoler d’autres normes, il faut
quelques mois ou quelques années, on s’organise pour que les étudiants en
médecine soient immédiatement pris en charge par une institution de langue
française. Si l’enseignement se fait par visioconférence, comme cela était
prévu, que le signal télévisé provienne de la faculté de médecine de
l’Université de Montréal à la place de McGill ne me semble pas un obstacle
insurmontable. Cela réglerait du même coup le problème de l’année préparatoire
en sciences, sans doute offerte par cette même université.
Quand on songe que nos étudiants de
l’Outaouais pourraient étudier en sciences et en médecine en français à
l’Université d’Ottawa, sur la rive ontarienne, et qu’on les en empêche – même
temporairement - au pays de la Loi 101,
il y a de quoi avoir honte !
Allez, M. Lacombe. Vous êtes nouveau dans ce
métier. Vous n’avez pas à porter le fardeau des erreurs et fautes du passé.
Faites table rase de certaines pratiques. Dites à vos sous-ministres et
cadres : «faites-les étudier la médecine en français dans une université
de langue française et arrangez-vous avec les problèmes: n’êtes-vous pas
des experts en gestion de crise? Je ne vous demande pas de régler la faim dans le monde, de négocier le libre-échange ou de freiner les changements climatiques. Juste de permettre à une vingtaine d'étudiants québécois de pouvoir étudier en français au Québec...»
Et n’oubliez pas d’exiger des résultats, parce
que le public est en droit d’en attendre de vous et de votre
gouvernement !
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