jeudi 7 septembre 2017

Le recul du français dans l'Est ontarien...

Les tableaux de chiffres ci-dessous, vous ne les trouverez nulle part ailleurs... Ils ont été confectionnés en utilisant les récentes statistiques linguistiques du recensement de 2016...

Derrière ces données se cache une réalité dont personne (du moins dans les milieux officiels) ne semble vouloir entendre parler. Cette réalité chiffrée reflète à sa façon la vie quotidienne des francophones de l'Est ontarien, notamment à Ottawa, ainsi que dans les comtés unis de Prescott-Russell, Alexandria et la ville de Cornwall. Une réalité où la francophonie perd du terrain et où le nombre d'anglophones unilingues est en croissance constante...

En 1951, environ la moitié de la population des comtés de Prescott et Russell était unilingue française. En 2016, cette proportion a chuté à 11,4% (colonne de gauche, en rouge). L'unilinguisme, qu'il soit anglais ou français, est un bon indicateur de la capacité de vivre dans son milieu en n'utilisant qu'une seule langue. Vous remarquerez que plus on s'approche d'Ottawa (Clarence-Rockland et Russell), plus la proportion d'unilingues français est faible, alors que le pourcentage d'unilingues anglophones augmente de façon appréciable.

En comparant les colonnes LMF (langue maternelle française) et LUF (en rouge, langue la plus souvent parlée à la maison), on a une bonne idée des transferts linguistiques en cours (c.-à-d. de l'assimilation ou de l'anglicisation). Dans toutes les municipalités, les francophones s'anglicisent lentement, même quand ils sont en forte majorité. Les taux d'assimilation varient entre 3% à Hawkesbury et 17% à Russell. Les colonnes LMA et LUA sont le «pile» de ce «face»...

Langues officielles (unilinguisme, bilinguisme), langue maternelle et langue d’usage dans Prescott-Russell, recensement 2016, en pourcentages



Territoires

%unil. français
% unil. anglais
% bilingues
LMF en %
LUF en %
LMA en %
LUA
En %

Clarence-Rockland

8,4
22,5
69,1
62,4
54,9
32,1
40,7

Russell


4,8
36,8
58,3
42,7
35,5
52,1
61,2

Champlain


11,1
19,1
69,8
61,3
56,7
33,5
40,1

Alfred-Plantagenet

16,9
12,9
69,6
75,7
71,3
19,9
25,1

Casselman


15,3
10,3
74,4
79,1
73,9
17,4
23,4

La Nation


11,8
18,8
69,3
66,5
60,1
28,8
36,0

Hawkesbury


22,0
9,5
68,4
78,0
75,4
15,2
19,1

Hawkesbury-Est

14,3
16,2
69,4
59,5
56,0
33,5
40,0











Prescott-Russell

11,4
20,8
67,4
63,0
57,1
31,7
38,9


LMF – langue maternelle française
LUF – langue d’usage (français) – langue la plus souvent parlée à la maison
LMA – langue maternelle anglaise

LUA – Langue d’usage (anglais)

Au rythme actuel, le français comme langue d'usage risque d'être minoritaire d'ici une quinzaine ou une vingtaine d'années dans les municipalités de Clarence-Rockland et Champlain. Une autre note en passant: dans les années 1950, il y avait trois fois plus d'unilingues français que d'unilingues anglais. En 2016, il y a deux fois plus d'unilingues anglais que d'unilingues français dans Prescott-Russell. De toute évidence, les anglophones n'ont pas besoin du français quand plus de 80% des francophones sont bilingues...

Données pour Ottawa, Cornwall et Alexandria, recensement 2016, en pourcentages


territoire

% unil. français
% unil. anglais
% bilingues
LMF
LUF
LMA
LUA









Ottawa


1,4
59,5
37,6
13,0
9,3
60,9
73,7
Cornwall


0,9
57,1
41,7
22,6
10,0
68,7
84
Alexandria


4,8
31,3
64,1
48,4
41,4
46,4
55,0

Avec la disparition des quartiers francophones d'Ottawa depuis les années 1960, la dispersion des Franco-Ontariens a favorisé un taux d'assimilation accru, qui avoisine aujourd'hui les 30%. Jadis, dans la Basse-Ville, dans Vanier, à Orléans, il était possible de vivre en français. Au début des années 1950, près de 8% de la population d'Ottawa était unilingue française... Aujourd'hui, c'est 1,4% et en chute libre... Et moins de 10% des habitants de la capitale indiquent le français comme langue la plus souvent parlée à la maison...

La situation des francophones, qui étaient majoritaires à Cornwall il y a 60 ans, est désormais catastrophique dans cette ville de l'Est ontarien. Le taux d'assimilation dépasse 55% et à peine 10% de la population conserve le français comme langue d'usage...

Quant à Alexandria, une petite municipalité entre Hawkesbury et Cornwall, les habitants de langue maternelle française sont plus nombreux que ceux de langue maternelle anglaise, mais quand on y ajoute la langue d'usage, les francophones deviennent fortement minoritaires. Notons qu'au recensement de 1971, les habitants de langue maternelle française y formaient plus des deux tiers de la population; aujourd'hui, c'est 48,4%...

Enfin, faites ce que vous voulez de ces chiffres... Ils serviront tout au moins à ranger les lunettes roses et à s'attaquer aux vrais problèmes avec de vraies données...







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