Derrière ces données se cache une réalité dont personne (du moins dans les milieux officiels) ne semble vouloir entendre parler. Cette réalité chiffrée reflète à sa façon la vie quotidienne des francophones de l'Est ontarien, notamment à Ottawa, ainsi que dans les comtés unis de Prescott-Russell, Alexandria et la ville de Cornwall. Une réalité où la francophonie perd du terrain et où le nombre d'anglophones unilingues est en croissance constante...
En 1951, environ la moitié de la population des comtés de Prescott et Russell était unilingue française. En 2016, cette proportion a chuté à 11,4% (colonne de gauche, en rouge). L'unilinguisme, qu'il soit anglais ou français, est un bon indicateur de la capacité de vivre dans son milieu en n'utilisant qu'une seule langue. Vous remarquerez que plus on s'approche d'Ottawa (Clarence-Rockland et Russell), plus la proportion d'unilingues français est faible, alors que le pourcentage d'unilingues anglophones augmente de façon appréciable.
En comparant les colonnes LMF (langue maternelle française) et LUF (en rouge, langue la plus souvent parlée à la maison), on a une bonne idée des transferts linguistiques en cours (c.-à-d. de l'assimilation ou de l'anglicisation). Dans toutes les municipalités, les francophones s'anglicisent lentement, même quand ils sont en forte majorité. Les taux d'assimilation varient entre 3% à Hawkesbury et 17% à Russell. Les colonnes LMA et LUA sont le «pile» de ce «face»...
Langues
officielles (unilinguisme, bilinguisme), langue maternelle et langue d’usage
dans Prescott-Russell, recensement 2016, en pourcentages
Territoires
|
%unil. français
|
% unil. anglais
|
% bilingues
|
LMF en %
|
LUF en %
|
LMA en %
|
LUA
En %
|
||
Clarence-Rockland
|
8,4
|
22,5
|
69,1
|
62,4
|
54,9
|
32,1
|
40,7
|
||
Russell
|
4,8
|
36,8
|
58,3
|
42,7
|
35,5
|
52,1
|
61,2
|
||
Champlain
|
11,1
|
19,1
|
69,8
|
61,3
|
56,7
|
33,5
|
40,1
|
||
Alfred-Plantagenet
|
16,9
|
12,9
|
69,6
|
75,7
|
71,3
|
19,9
|
25,1
|
||
Casselman
|
15,3
|
10,3
|
74,4
|
79,1
|
73,9
|
17,4
|
23,4
|
||
La Nation
|
11,8
|
18,8
|
69,3
|
66,5
|
60,1
|
28,8
|
36,0
|
||
Hawkesbury
|
22,0
|
9,5
|
68,4
|
78,0
|
75,4
|
15,2
|
19,1
|
||
Hawkesbury-Est
|
14,3
|
16,2
|
69,4
|
59,5
|
56,0
|
33,5
|
40,0
|
||
Prescott-Russell
|
11,4
|
20,8
|
67,4
|
63,0
|
57,1
|
31,7
|
38,9
|
LMF – langue maternelle française
LUF – langue d’usage (français) – langue la
plus souvent parlée à la maison
LMA – langue maternelle anglaise
LUA – Langue d’usage (anglais)
Au rythme actuel, le français comme langue d'usage risque d'être minoritaire d'ici une quinzaine ou une vingtaine d'années dans les municipalités de Clarence-Rockland et Champlain. Une autre note en passant: dans les années 1950, il y avait trois fois plus d'unilingues français que d'unilingues anglais. En 2016, il y a deux fois plus d'unilingues anglais que d'unilingues français dans Prescott-Russell. De toute évidence, les anglophones n'ont pas besoin du français quand plus de 80% des francophones sont bilingues...
Données pour Ottawa, Cornwall et Alexandria, recensement 2016, en pourcentages
territoire
|
% unil. français
|
% unil. anglais
|
% bilingues
|
LMF
|
LUF
|
LMA
|
LUA
|
|
Ottawa
|
1,4
|
59,5
|
37,6
|
13,0
|
9,3
|
60,9
|
73,7
|
|
Cornwall
|
0,9
|
57,1
|
41,7
|
22,6
|
10,0
|
68,7
|
84
|
|
Alexandria
|
4,8
|
31,3
|
64,1
|
48,4
|
41,4
|
46,4
|
55,0
|
La situation des francophones, qui étaient majoritaires à Cornwall il y a 60 ans, est désormais catastrophique dans cette ville de l'Est ontarien. Le taux d'assimilation dépasse 55% et à peine 10% de la population conserve le français comme langue d'usage...
Quant à Alexandria, une petite municipalité entre Hawkesbury et Cornwall, les habitants de langue maternelle française sont plus nombreux que ceux de langue maternelle anglaise, mais quand on y ajoute la langue d'usage, les francophones deviennent fortement minoritaires. Notons qu'au recensement de 1971, les habitants de langue maternelle française y formaient plus des deux tiers de la population; aujourd'hui, c'est 48,4%...
Enfin, faites ce que vous voulez de ces chiffres... Ils serviront tout au moins à ranger les lunettes roses et à s'attaquer aux vrais problèmes avec de vraies données...
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