mardi 26 septembre 2017

Combien y a-t-il de Franco-Ontariens?

photo Radio-Canada

Hier, 25 septembre, c'était la «Journée des Franco-Ontariens». Le jour où mon ancienne patrie célèbre des siècles de résistance aux tentatives répétées d'écraser la langue française aux quatre coins de l'Ontario. Sommes-nous en présence d'une des dernières générations de résistants? À entendre les dirigeants franco-ontariens, les choses vont de mieux en mieux mais en grattant sous la surface des statistiques gonflées, on aperçoit plutôt un gouffre à l'horizon...

Le recensement 2016 n'avait vraiment, mais vraiment rien de bon à annoncer aux parlant français de l'Ontario... Alors le Commissaire aux services en français de la province, François Boileau, s'est chargé de remonter le moral des troupes en divulguant les chiffres «roses» de la DIF (définition inclusive de la francophonie, voir détails à la fin du texte), qui permettent de transformer la catastrophe annoncée en léger progrès: il y aurait donc 622 340 francophones en Ontario, soit 11 000 de plus qu'en 2011. Nous ne sommes pas loin, ici, du mythique pays des merveilles...

Les recensements fédéraux brossent un tableau bien plus réaliste d'une minorité assiégée, ébranlée même dans ses châteaux-forts de l'Est et du Nord ontariens. Essayez de voir derrière ces colonnes de chiffres de Statistique Canada les visages de milliers de Franco-Ontariens dans leurs villes et villages, dans leur quotidien, à la maison, au travail, dans leurs loisirs, dans leur vie culturelle. Ce qu'ils font, ce qu'ils ont été, ce qu'ils sont et ce qu'ils deviendront finissent par se retrouver dans les ordinateurs fédéraux du recensement...

Le portrait n'est pas encore désespéré, mais il n'est certainement pas rose... Le nombre d'habitants de langue maternelle française stagne depuis 45 ans en chiffres absolus, et dégringole comme proportion de la population totale de l'Ontario, passant de 6,3% en 1971 à 3,7% en 2016. C'est pire encore quand on consulte les données sur la langue d'usage (la langue parlée le plus souvent à la maison), où il y a depuis 45 ans une baisse appréciable, tant en chiffres absolus qu'en pourcentage.

Le nombre d'Ontariens ayant le français comme langue d'usage a décru de 21% depuis 1971, et le nombre d'unilingues français - bon indicateur de la possibilité de vivre en français dans une localité - a diminué de moitié, passant de 92 845 à 40 040... (voir tableau ci-dessous)...
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Langues officielles (unilinguisme, bilinguisme), langue maternelle et langue d’usage en Ontario, recensements 1971, 2006, 2011 et 2016



Ontario
% unil. 
français*
% unil. anglais***
% de bilingues
en Ontario
Langue
maternelle
française 
Langue d'usage – français****
1971
92 845*
(19,3%)**
87,3
9,3
482 040
6,3%
352 465
4,6%
2006
49 210
(10,1%)
85,9
10,8
488 815
4,1%
289 035
2,4%
2011
42 980
(8,7%)
86,3
11,0
493 300
3,9%
284 115
2,2%
2016
40 040
(8,2%)
86,0
11,2
490 715
3,7%
277 045
2,1%

* total de la population qui ne connaît que le français comme langue officielle
** proportion du total de la population de langue maternelle française
*** % de la population qui ne connaît que l’anglais comme langue officielle

**** - LUF – langue d’usage (français) – langue la plus souvent parlée à la maison
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Les Franco-Ontariens sont massivement bilingues et à chaque recensement, ce bilinguisme collectif laisse au sein de la génération suivante un nombre croissant d'unilingues anglais... Les écoles françaises ont beau faire des miracles avec leurs programmes de construction identitaire, elles tentent constamment de monter les marches d'un escalier qui roule en sens contraire...

Voici une partie de la situation qui se répercutera dans les recensements de 2021 et d'après:

* Selon Statistique Canada, les deux tiers des Franco-Ontariens vivront dans des couples exogames (anglais-français) et trois-quarts de leurs enfants parleront essentiellement l'anglais...

*Même dans les couples où les deux conjoints sont de langue française, 10% des enfants seront anglicisés...

* La région où le nombre de francophones augmente le plus vite est celle de Toronto, là où le taux d'assimilation reste parmi les plus élevés. Ces francophones seront anglicisés en quelques générations...

* Selon Statistique Canada, à peine 10% des Franco-Ontariens utilisent surtout des médias de langue française, ce qui ne peut manquer d'éroder leur identité francophone...

* À peine 20% des Franco-Ontariens utilisent surtout le français au travail, dans les commerces et institutions...

* Même quand des services sont disponibles en français, une proportion plus qu'appréciable des francophones continuent de les demander en anglais...

Loin de moi de vouloir prononcer l'extinction imminente des Franco-Ontariens, le milieu dont je suis issu et qui reste au coeur de mon identité, mais il y a une limite à prétendre qu'on voit le soleil quand il pleut à verse... Mieux vaut dire «ça va mal, qu'est-ce qu'on fait» que de se contenter de parader avec des petits drapeaux blancs et verts à chaque dévoilement d'un monument de la francophonie ça et là...

Il faut retrousser ses manches et foncer dans le tas, comme à l'époque du Règlement 17, comme pour la lutte de Montfort, comme les étudiants l'ont fait depuis cinq ans dans le dossier de l'université franco-ontarienne... où le gouvernement n'offre toujours que des pinottes...

Vous pensez que j'exagère? Peut-être un peu, mais pas beaucoup... Et ce que les recensements exposent en Ontario commence à apparaître au Québec, notamment en Outaouais et dans la grande région montréalaise... On n'est pas sortis du bois...


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DIF - les personnes pour lesquelles la langue maternelle est le français, de même que les personnes pour lesquelles la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais, mais qui ont une bonne connaissance du français comme langue officielle et qui utilisent le français à la maison.

2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blogue.

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  2. Il me semble que le monsieur est mêlé........... aucun rapport avec le texte. Ils appellent ça les deux solitudes, ha ! ha !

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