Voici le texte de blogue que j'avais mis en ligne le 14 juin 2015 quand l'ancienne ministre Madeleine Meilleur (libéral) affirmait que l'université franco-ontarienne verrait le jour seulement quand le budget ontarien le permettrait... C'était déjà scandaleux. C'est pire maintenant sous la «FordNation»...
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Pas d'argent pour une université franco-ontarienne? Quoi?
Qu'en 2015, le gouvernement ontarien n'ait toujours pas mis sur pied d'université de langue française constitue déjà une très grave injustice. Mais d'affirmer par l'entremise de sa ministre francophone Madeleine Meilleur, que telle université verra le jour seulement quand le budget le permettra? Ça, c'est proprement scandaleux!
L'Ontario a accumulé une énorme dette, plus que centenaire, envers les Franco-Ontariens. Une dette que la province est loin, très loin d'avoir remboursée. Une dette de justice, mais aussi une dette de $$$… Un retour sur le dernier siècle, depuis le Règlement 17, permet à quiconque veut fouiller de constater que les gouvernements Whitney et ses successeurs, jusqu'à l'époque contemporaine, ont privé d'argent les écoles de langue française... après les avoir carrément abolies pendant une quinzaine d'années (1912-1927).
Encore au début des années 1960, dans son livre Le scandale des écoles séparées en Ontario, Joseph Costisella avait fait état de la discrimination fiscale dont étaient victimes les écoles séparées, y compris celles de langue française. Sous-financement, répartition inéquitable des impôts des entreprises, taux d'imposition plus élevés pour de nombreuses entreprises francophones… combien de deniers publics ontariens que la justice aurait destinés aux écoles de langue française ont-ils été détournés vers les écoles anglaises… ou tout simplement ailleurs…
Et combien de millions de dollars, voire de milliards, Queen's Park a-t-il économisés aux dépens des Franco-Ontariens en attendant 100 ans pour leur octroyer un réseau adéquat d'écoles primaires et secondaires, et quelques décennies de plus pour quelques collèges communautaires? Et en les privant toujours d'un réseau universitaire de langue française? Combien de centaines de milliers d'Ontariens d'ascendance française sont-ils anglicisés aujourd'hui parce que systématiquement, les gouvernements ontariens leur ont refusé leurs droits scolaires et empoché l'argent?
Et on vient leur dire aujourd'hui, par la bouche d'une francophone par surcroit, qu'«il y aura une université franco-ontarienne quand les finances de l'Ontario le permettront?» Non mais quel genre de valeurs ce gouvernement (comme ceux qui l'ont précédé) véhicule-t-il? Il peut ainsi faire table rase du passé et mettre l'université de langue française tel un enjeu comme les autres, un enjeu qui - aux dires de Mme Meilleur - n'était même pas prioritaire en 2013 quand le Regroupement étudiant franco-ontarien avait déjà entrepris de mobiliser ses effectifs…
Cette université, les Franco-Ontariens y ont droit. Ce n'est pas qu'un vulgaire privilège offert en prime à la suite d'un théorique équilibre budgétaire en 2018… et c'est aussi bien plus qu'un petit campus ouvert éventuellement dans le sud-ouest ontarien (ce qui semble déjà devoir être une grosse concession du gouvernement ontarien…). L'université franco-ontarienne doit avoir son siège social là où sont la masse des étudiants francophones… et ça c'est à Ottawa, ainsi qu'à Sudbury.
Bien sûr ça va coûter cher. Allez voir ce que coûtent au trésor québécois les trois universités de langue anglaise, grassement soutenues depuis la Confédération! Et il faudrait attendre un budget équilibré en Ontario? Je n'en reviens tout simplement pas, et je ne comprends pas que les organismes franco-ontariens ne portent pas la lutte sur ce plan, au lieu de voir dans les «peut-être», les «si» et les «éventuellement» de Queen's Park des marques d'ouverture et des pas dans la bonne direction.
Toronto peut poser un geste tout de suite sans trop dépenser. Que Queen's Park donne son accord immédiat au principe de cette université et mandate sur-le-champ un groupe d'experts (il en a des tonnes à sa disposition) pour voir comment elle peut être créée sans délai (pas d'ici 2025…), en englobant dans sa juridiction tous les programmes de langue française existants, y compris ceux d'Ottawa, de Sudbury, de Hearst et de Toronto…
De quoi je me mêle, direz-vous? J'habite à Gatineau. Mais j'étais Franco-Ontarien, je le reste dans mes tripes, et je faisais partie d'un groupe qui a cherché sans succès, de 1968 à 1970, à franciser l'Université d'Ottawa alors que les francophones y étaient majoritaires. Je cite ici la conclusion du mémoire présenté en février 1970 par l'Assemblée provinciale des mouvements de jeunes de l'Ontario français (APMJOF), position appuyée dans un second mémoire par l'Association canadienne-française de l'Ontario: «Nous croyons que seul l'unilinguisme français à l'Université d'Ottawa rend justice aux francophones d'Ontario.»
Quarante-cinq années plus tard, il n'y a toujours aucune université autonome de langue française en Ontario et les francophones ne forment plus que 30% du corps étudiant à l'Université d'Ottawa… Mettez cette injustice là en dollars, ajoutez-la à toutes les autres depuis 1867, et dites-moi ce que ça donne… Sans doute mieux qu'un «peut-être si jamais on équilibre notre budget»…
Misère!
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L'Ontario a accumulé une énorme dette, plus que centenaire, envers les Franco-Ontariens. Une dette que la province est loin, très loin d'avoir remboursée. Une dette de justice, mais aussi une dette de $$$… Un retour sur le dernier siècle, depuis le Règlement 17, permet à quiconque veut fouiller de constater que les gouvernements Whitney et ses successeurs, jusqu'à l'époque contemporaine, ont privé d'argent les écoles de langue française... après les avoir carrément abolies pendant une quinzaine d'années (1912-1927).
Encore au début des années 1960, dans son livre Le scandale des écoles séparées en Ontario, Joseph Costisella avait fait état de la discrimination fiscale dont étaient victimes les écoles séparées, y compris celles de langue française. Sous-financement, répartition inéquitable des impôts des entreprises, taux d'imposition plus élevés pour de nombreuses entreprises francophones… combien de deniers publics ontariens que la justice aurait destinés aux écoles de langue française ont-ils été détournés vers les écoles anglaises… ou tout simplement ailleurs…
Et combien de millions de dollars, voire de milliards, Queen's Park a-t-il économisés aux dépens des Franco-Ontariens en attendant 100 ans pour leur octroyer un réseau adéquat d'écoles primaires et secondaires, et quelques décennies de plus pour quelques collèges communautaires? Et en les privant toujours d'un réseau universitaire de langue française? Combien de centaines de milliers d'Ontariens d'ascendance française sont-ils anglicisés aujourd'hui parce que systématiquement, les gouvernements ontariens leur ont refusé leurs droits scolaires et empoché l'argent?
Et on vient leur dire aujourd'hui, par la bouche d'une francophone par surcroit, qu'«il y aura une université franco-ontarienne quand les finances de l'Ontario le permettront?» Non mais quel genre de valeurs ce gouvernement (comme ceux qui l'ont précédé) véhicule-t-il? Il peut ainsi faire table rase du passé et mettre l'université de langue française tel un enjeu comme les autres, un enjeu qui - aux dires de Mme Meilleur - n'était même pas prioritaire en 2013 quand le Regroupement étudiant franco-ontarien avait déjà entrepris de mobiliser ses effectifs…
Cette université, les Franco-Ontariens y ont droit. Ce n'est pas qu'un vulgaire privilège offert en prime à la suite d'un théorique équilibre budgétaire en 2018… et c'est aussi bien plus qu'un petit campus ouvert éventuellement dans le sud-ouest ontarien (ce qui semble déjà devoir être une grosse concession du gouvernement ontarien…). L'université franco-ontarienne doit avoir son siège social là où sont la masse des étudiants francophones… et ça c'est à Ottawa, ainsi qu'à Sudbury.
Bien sûr ça va coûter cher. Allez voir ce que coûtent au trésor québécois les trois universités de langue anglaise, grassement soutenues depuis la Confédération! Et il faudrait attendre un budget équilibré en Ontario? Je n'en reviens tout simplement pas, et je ne comprends pas que les organismes franco-ontariens ne portent pas la lutte sur ce plan, au lieu de voir dans les «peut-être», les «si» et les «éventuellement» de Queen's Park des marques d'ouverture et des pas dans la bonne direction.
Toronto peut poser un geste tout de suite sans trop dépenser. Que Queen's Park donne son accord immédiat au principe de cette université et mandate sur-le-champ un groupe d'experts (il en a des tonnes à sa disposition) pour voir comment elle peut être créée sans délai (pas d'ici 2025…), en englobant dans sa juridiction tous les programmes de langue française existants, y compris ceux d'Ottawa, de Sudbury, de Hearst et de Toronto…
De quoi je me mêle, direz-vous? J'habite à Gatineau. Mais j'étais Franco-Ontarien, je le reste dans mes tripes, et je faisais partie d'un groupe qui a cherché sans succès, de 1968 à 1970, à franciser l'Université d'Ottawa alors que les francophones y étaient majoritaires. Je cite ici la conclusion du mémoire présenté en février 1970 par l'Assemblée provinciale des mouvements de jeunes de l'Ontario français (APMJOF), position appuyée dans un second mémoire par l'Association canadienne-française de l'Ontario: «Nous croyons que seul l'unilinguisme français à l'Université d'Ottawa rend justice aux francophones d'Ontario.»
Quarante-cinq années plus tard, il n'y a toujours aucune université autonome de langue française en Ontario et les francophones ne forment plus que 30% du corps étudiant à l'Université d'Ottawa… Mettez cette injustice là en dollars, ajoutez-la à toutes les autres depuis 1867, et dites-moi ce que ça donne… Sans doute mieux qu'un «peut-être si jamais on équilibre notre budget»…
Misère!
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