samedi 24 novembre 2018

Rester en mode «résistance» !!!


La semaine dernière, le gouvernement de Doug Ford a asséné un double coup de matraque aux Franco-Ontariens en abolissant à la fois le Commissariat aux services en français et l'embryon de campus universitaire de langue française à Toronto (mal nommé Université de l'Ontario français). Dans les jours suivants, la francophonie ontarienne a encaissé deux autres crochets sournois de la FordNation: le retrait de la subvention annuelle à La nouvelle scène (un centre de théâtre francophone à Ottawa) et la suppression de trois magazines éducatifs en français pour enfants du primaire (financés avec des fonds fédéraux!).

Branle-bas de combat! Les médias québécois et canadiens sont à l'écoute cette fois, et l'indignation générale nourrit les appels à la résistance active lancés par les organismes franco-ontarien, l'AFO (Assemblée de la francophonie de l'Ontario) en tête. Des manifestations sont prévues dans une quarantaine de localités ontariennes le 1er décembre et le ton monte dans les médias sociaux... Tiens tiens... on aurait dit que l'ineffable M. Ford ne l'avait pas vu venir, ce mouvement de révolte... Mais à Queen's Park, les gouvernements retombent vite sur leurs pieds. On revient alors aux vieilles techniques éprouvées et efficaces: après le coup de massue, offrir quelques sucreries et des lueurs d'espoir, juste assez pour désamorcer les franges plus molles de la résistance...

Alors que fait Ford? Il rétablit le ministère des Affaires francophones, qu'il avait aboli juste après l'élection. Et c'est tout... Rétablit-il le Commissariat aux services en français? Non. Remet-il sur les rails ce qui restait du grand projet d'Université de l'Ontario français? Non. Redonne-t-il la subvention de 2,9 millions $ à La nouvelle scène? Non. Permet-il de poursuivre la publication des trois magazines scolaires en français? Non. Et pourtant le grand titre du quotidien Le Droit, le lendemain, se lit comme suit: «Une ouverture saluée». Après avoir écouté en direct la conférence de presse de Guy Jolin, président de l'AFO, vendredi soir, c'est ce que je craignais le plus. Par le ton et le contenu, il ouvrait la porte à un «spin» médiatique qui favorise une baisse de régime et risque d'affaiblir la résistance.

Tout le monde évoque aujourd'hui un «recul partiel» de Doug Ford, alors qu'il n'a reculé sur aucune des suppressions annoncées depuis le «jeudi noir» (15 novembre 2018). La situation du projet d'université, le plus important sur le plan financier, est proprement catastrophique. Ford affirme exactement ce que le gouvernement Wynne avait répété pendant des années: il y aura une université franco-ontarienne quand les finances le permettront. Et quand finalement les libéraux ont annoncé la création de l'Université, ce n'était pas du tout le grand plan d'une gouvernance franco-ontarienne sur l'ensemble de l'offre universitaire en français (incluant l'Université d'Ottawa et l'Université Laurentienne), mais un tout petit campus dans la région de Toronto... qu'on a à tort appelé Université de l'Ontario français.

Mais au moins pourra-t-on dire qu'il s'agissait d'«un pied dans la porte», un petit tremplin permettant d'élargir l'institution au fil des ans. Pas énorme, mais quelque chose quand même. Et Doug Ford l'a supprimée, revenant au langage de 2015 des libéraux et de Madeleine Meilleur, quand on plaçait les finances publiques au-dessus de l'urgence de compléter la pyramide scolaire des Franco-Ontariens. Personne, ni les libéraux, ni les conservateurs, ni les néo-démocrates, n'ont reconnu que les gouvernements successifs à Queen's Park depuis plus d'un siècle avaient volé aux Franco-Ontariens des milliards $ en les privant d'écoles et de services en français. L'université franco-ontarienne est une dette en souffrance, et il est plus que temps de payer! Ce rattachement du projet d'université à l'assainissement des finances de l'État, c'est de la bouillie pour les chats... et les Franco-Ontariens doivent le clamer haut et fort.

Les coupes annoncées par Doug Ford avaient rougi les braises, pour ne pas dire rallumé les flammes d'un mécontentement profond, issu d'injustices répétées et toujours lentes à corriger. Alimenté par milliers d'internautes sur Facebook et Twitter, le langage était au combat, le mot «résistance» et les poings levés dominant toute cette ébullition. Des appuis médiatiques importants, même du Québec et du Canada anglais, soufflaient sur les braises d'une révolte comme on n'en avait pas vue depuis SOS Montfort. L'espoir d'une participation importante aux 40 manifs prévues grandissait d'heure en heure. Et tout à coup, un communiqué de presse de Doug Ford pour amadouer les élites franco-ontariennes, qui a été salué comme un geste d'ouverture en dépit de l'absence de concessions relatives aux quatre coupes annoncées depuis le 15 novembre. Quel effet cette réaction aura-t-elle sur les militants en marche?

Il est encore temps de sauver la mise. Si l'AFO sent le besoin d'adoucir le ton pour protéger ses voies de communication avec le bureau de Doug Ford, d'autres doivent se relever et maintenir la pression. Le Regroupement étudiant franco-ontarien, grand initiateur de la campagne en faveur d'une université franco-ontarienne, et son allié la FESFO (étudiants du secondaire) sont tout indiqués pour fouetter les troupes au moment où elles en ont grand besoin. Et le débat doit continuer à s'alimenter à même les plus importantes pages Facebook de l'Ontario français (Fier d'être franco-ontarien, Je suis Franco-Ontarien, Franco-Ontariens du Nord de l'Ontario) qui comptent ensemble plus de 35 000 membres. Sur la page Facebook de l'AFO, où était diffusée en direct la conférence de presse de vendredi soir, les commentaires d'appui provenaient par centaines de tous les coins de l'Ontario, de Windsor à Hearst, d'Alfred à Thunder Bay. L'énergie était presque palpable.

Des occasions comme celle-ci sont rares. Très rares. Il y a eu le Règlement 17. Il y a eu Montfort. Et aujourd'hui, il y a les coupes francophobes de Doug Ford. Les astres sont parfaitement alignés Ce que feront les Franco-Ontariens dans les prochaines semaines en dira long sur l'avenir du fait français en Ontario et au Canada tout entier, y compris au Québec. 

Le mot clef demeure «résistance» !



1 commentaire:

  1. Il ne faut surtout pas lâcher et encore moins MAINTENANT !!! Continuons le combat....... jusqu'à la fin !!!

    Gilles Sauvageau
    L'Assomption
    Québec

    RépondreEffacer