mardi 13 novembre 2018

Se «plier à la langue anglaise par gentillesse et par politesse»...

Image McGill reproduite dans Le Droit

Ce matin, 13 novemdre 2018, dans Le Droit, des organismes franco-ontariens évoquaient certains comportements qui mettent le français en péril: par exemple, «tenir pour acquis les services en français et plier à la langue anglaise par gentillesse et par politesse». «Pour anéantir l’Ontario français, disent-ils, il faut continuer à faire ces choses-là.»

Leur message mériterait d'être diffusé sur la rive nord de l'Outaouais, dans ce Québec pourtant à forte majorité francophone. Militer à Gatineau (à Montréal aussi, j'imagine) pour la promotion du français est souvent vu avec suspicion. L'oeuvre de fauteurs de trouble, sûrement... Ici, vous dira-t-on, presque tout est bilingue et on s'entend très bien avec nos compatriotes de langue anglaise... avec qui on communique plus souvent qu'autrement en anglais «par gentillesse et par politesse»... «Pour anéantir le Québec français, pourrait-on ajouter, à l'instar des Franco-Ontariens, il faut continuer à faire ces choses-là»...

Pour illustrer cette servilité envers la langue anglaise, on n'a guère besoin d'aller plus loin que le dossier de l'établissement d'une faculté satellite de médecine en Outaouais par l'Université McGill. Si quelques intervenants clés et les médias n'avaient pas protesté, la première cohorte en 2020 aurait été obligée de suivre tous les cours théoriques des 18 premiers mois en anglais seulement... A-t-on assisté à des manifs en faveur du français? A-t-on entendu des protestations d'associations étudiantes outrées? De groupes de médecins scandalisés? Non! Le message officiel, largement diffusé et accepté, c'était qu'on devait se taire et se compter chanceux d'être associé à la prestigieuse Université McGill. «Ça ou rien», avait déclaré l'ineffable députée (réélue) de Hull, Maryse Gaudreault.

Politesse, gentillesse... Plutôt une attitude de colonisé...

Après deux années de dénonciations par des organismes comme Impératif français, et par des lecteurs dans les pages d'opinion, après quantité d'éditoriaux du Droit et de textes de blogue, après (peut-être) quelques remords de conscience au sein du groupe de fossoyeurs du français, McGill en est venue à promettre - presque - de franciser la totalité de la formation théorique. Sera-t-on prêt pour 2020? Ça «devrait» aller, dit-on au conditionnel... Pas de garantie cependant...

Et alors que tout semblait se calmer dans ce dossier, voilà que Le Droit nous apprend que les cégépiens désireux de fréquenter cette faculté de médecine devront compléter une année préparatoire à McGill, en anglais... Ça on ne nous l'avait pas dit... Et ne venez pas me faire croire que les autorités de McGill n'en étaient pas conscients depuis l'annonce de septembre 2016... Peut-être parce que cette fois, l'université montréalaise n'a pas de solution de rechange, pas de Plan B... En anglais ou rien! A-t-on vu des manifs? Des protestations d'étudiants, de médecins? Non! Quelques organismes, toujours les mêmes, ont accusé McGill de mentir ou de manquer de transparence.

Les libéraux anglophiles ne sont plus au pouvoir, mais le nouveau gouvernement de la CAQ, au-delà de réaffirmer le droit d'étudier en français au Québec (!!!!!), n'a pas annoncé de démarches pour rappeler McGill à l'ordre. «C'est un enjeu sur lequel (le gouvernement) doit se pencher», a déclaré au Droit le ministre Mathieu Lacombe. Comme politesse et comme gentillesse, on ne peut imaginer mieux... Espérons que dans ce gant de velours se cache une main de fer... 

Pendant ce temps, sur la rive ontarienne, à l'Université d'Ottawa, les étudiants disposent d'une faculté de médecine de langue française. Ils n'ont pas à réussir une année préparatoire en anglais à Toronto ou ailleurs. Et si on tentait de leur imposer ce qu'on a tenté d'imposer aux francophones de l'Outaouais, il y aurait eu des manifs, des protestations d'associations étudiantes et autres, de groupes de médecins et d'enseignants, et peut-être même quelques taloches en provenance des responsables fédéraux en langues officielles... En Outaouais, c'est le calme plat...

Si jamais un jour on finit par se réveiller, il sera peut-être déjà trop tard... On aura anéanti le Québec français à coups de politesse et de gentillesse... 















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