mercredi 28 décembre 2022

Connaissez-vous «Olivia from Amazon»?



26 décembre 2022... Les «Joyeux Noël» sont rangés pour une autre année... La grande famille s'est vue et revue, en personne, pour la première fois depuis 2019... Les saluts, les embrassades, les jasettes , bouffe à n'en plus finir... Tout à coup, en fin de journée, le lendemain, on retrouve avec un brin de nostalgie le silence relatif d'un vieux couple qui vit toujours dans la maison familiale...

Puis, vers 18 heures, le téléphone sonne. Sûrement l'un des enfants qui donne un coup de fil, ou un proche, un ami... Mais non! Juste à voir le numéro à l'écran, je sais que c'est un appel de fraudeur comme on en reçoit beaucoup trop depuis quelque temps. Toujours des numéros locaux qu'on voit en double sur l'écran du téléphone, dont le message - en anglais - sent l'arnaque à plein nez!

«Hello, this is Olivia from Amazon»... «This is the computer fraud department to talk about your credit card»... «This is the National Revenue Agency, your banks accounts will be seized»... Vous voyez le genre. Tous des messages enregistrés, ou à l'occasion, de longs silences avant que l'appel ne s'interrompe. On les reconnaît facilement, mais c'est une irritation constante.

Alors ce lundi 26 décembre à 18 h 05 (j'ai vérifié l'heure exacte avec mon téléphone), j'ai écouté pendant quelques secondes Olivia from Amazon et j'ai raccroché. Une demi-heure plus tard, drring... drring... Un autre appel de cette chère Olivia, qui est décidément en verve aujourd'hui... Clac! On voudrait bien lui répondre, lui dire des bêtises, mais c'est une machine...

À 18 h 39, le téléphone sonne de nouveau. Même identification visuelle du numéro. Un appel local, avec un numéro différent des deux appels précédents, qu'on voit en double à l'écran de l'appareil. Pas d'Olivia cette fois, un silence et au bout d'une vingtaine de secondes, notre interlocuteur humain ou numérique raccroche. Je commence à noter les numéros et l'heure des appels... Réflexe de journaliste...

Pendant les deux heures et quelque qui ont suivi le premier appel de 18 h 05, le téléphone a sonné pas moins de 13 fois. La plupart du temps de longs silences, avec une ou deux Olivia dans le tas... À 18 h 47, 19 h 09, 19 h 20, 19 h 24, 19 h 28, 19 h 36, 19 h 40, 19 h 47, 19 h 55 et finalement, 20 h 22! Là, je suis fâché. Même si c'est le 26 décembre, il doit y avoir un endroit où je puisse me plaindre...

Premier essai au 3-1-1, la ligne d'aide municipale de Gatineau. Je rejoins assez rapidement un humain qui m'informe que la municipalité ne peut rien faire pour m'aider, mais que la police pourrait constituer une avenue prometteuse. Après une brève conservation, me voilà de nouveau dans un cul-de-sac. La sûreté municipale est consciente de la prolifération de ce type d'appels mais n'a pas les moyens d'y mettre fin.

On me suggère de noter les numéros (ce que j'avais fait) et de m'adresser soit à mon fournisseur de service téléphonique (Vidéotron dans mon cas) ou au Centre antifraude du Canada. Ce que je fais illico. Mais voilà, nous sommes en soirée et tant le service à la clientèle de Vidéotron que le personnel du Centre antifraude travaillent le jour (à compter de 8 h du matin) du lundi au vendredi... Nouveau cul-de sac!

Le lendemain matin, j'avais plus ou moins remisé les appels frauduleux et l'ire suscitée par 13 sonneries téléphoniques en moins de 90 minutes quand, à 11 h 07, ce 27 décembre, les appels d'Olivia from Amazon ont repris de plus belle. Quatre de suite au cours des 20 minutes suivantes. Juste assez pour me décider à poursuivre mes démarches.

Vidéotron d'abord qui, dans son message d'accueil, m'offre cinq options (appuyez sur le 1, appuyez sur le 2, etc.) dont aucune ne semble inclure un problème du type appel frauduleux. Je sélectionne le 3, celui réservé aux pannes et aux problèmes techniques en espérant que l'humain qui répondra pourra au moins me diriger vers le poste approprié.

«Votre temps d'attente sera de huit minutes», m'annonce le répondeur (la répondeuse plutôt, on dirait que c'est toujours une voix féminine). Après huit minutes, j'écoute toujours le fond musical trop bruyant et il n'y a personne. Finalement, après 15 minutes, une voix humaine prend mes coordonnées et s'informe du motif de mon appel.

Ayant refait l'historique des 17 appels d'Olivia from Amazon et autres depuis la veille, mon interlocuteur - qui semble bien au courant de ce type de problème - confirme que j'ai peu d'options pour contrer ces intrusions de pirates téléphoniques bien plus habiles que les corps policiers et agences de surveillance étatiques. Leur technologie permet d'utiliser un numéro différent à chaque appel, tous de mon code régional, pour cacher le fait que les fraudeurs peuvent se trouver n'importe où sur la planète Terre.

Vidéotron, me dit la personne ressource, ne peut m'empêcher de recevoir des appels. Je pourrais bloquer chaque numéro après chaque appel mais plusieurs de ces numéros appartiennent à de vraies personnes de Gatineau qui ne savent pas qu'on les pirate à des fins de fraude. Je pourrais inscrire mon numéro de téléphone à la Liste nationale de numéros de téléphone exclus du Canada, mais cela n'éliminerait que le télémarketing légal. Je n'aurais plus à me mettre en colère contre le cabinet d'astrologie montréalais qui nous harcèle depuis des années, mais les fraudeurs ne seraient nullement importunés.

La meilleure stratégie, me propose Vidéotron, c'est de ne pas répondre quand le téléphone a un écran qui affiche les numéros de téléphone entrants, permettant d'apprendre à reconnaître les potentiels fraudeurs. Apparemment, les appels cesseront graduellement si personne ne décroche le combiné. C'est ce que j'ai décidé de faire, plutôt que d'entreprendre une démarche avec le Centre antifraude du Canada... 

Mais l'impression que je retiens de tout cela, c'est que le citoyen (comme la municipalité, la police et le fournisseur de services téléphoniques) est à peu près sans défense contre les auteurs d'appels frauduleux. En tout cas, si l'un d'entre vous connaît Olivia from Amazon, dites-lui ne ne plus appeler chez nous - et d'apprendre le français quand elle appelle au Québec...


1 commentaire:

  1. J'ai vécu exactement la même situation hier soir mercredi le 4 janvier 2023 pendant plus de deux heures .C'est interminable et très déstabilisant.

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