samedi 17 juin 2023

Côte-St-Luc, Rhodésie…

Capture d'écran du journal Le Devoir

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Au royaume du Speak White, l'enclave rhodésienne de Côte-St-Luc continue de faire des siennes. Les anciens maîtres, les héritiers de Durham supportent très mal que les serviteurs de jadis veuillent défendre - même faiblement et poliment - la langue française jusque sur l'avenue Westminster et le boulevard Cavendish, dans le centre-ouest de l'île de Montréal.

La Loi 96 du Québec est tellement faible qu'elle n'aura pas le moindre effet sur la dynamique d'anglicisation. Mais le peu qu'elle contient, c'est déjà trop. À la simple limitation de l'admissibilité aux services municipaux en anglais, réservés à ceux qui s'identifient comme anglophones, Côte-St-Luc répond avec un message moqueur et condescendant sur sa ligne téléphonique...

Privilégiés depuis la conquête et protégés par la constitution canadienne depuis 1867 (on ne peut en dire autant des francophones hors Québec), les colonisateurs d'hier nous préfèrent le plus souvent à genoux. Et leurs coups portent. Le mentalité de colonisé est difficile à extirper. La Loi 96 prévoyait que les municipalités bilingues où le nombre d'anglos avait chuté sous le seuil des 50% devraient, conformément aux dispositions de la Loi 101, devenir françaises.

C'était trop beau. Évidemment. Le courage du gouvernement Legault étant ce qu'il est quand l'anglais doit être confronté, les municipalités touchées par cette mesure n'avaient qu'à adopter une résolution pour conserver le statut bilingue... Seriez-vous surpris d'apprendre que toutes (y compris Côte-St-Luc bien sûr) l'ont fait? Même Otterburn Park où il n'y a que 7% d'anglos? À genoux tout le monde!

Dans l'enceinte unilingue anglaise du conseil municipal de Côte-St-Luc, on digère mal qu'on puisse même songer à s'interroger sur les privilèges accordés aux Anglo-Québécois depuis deux siècles et demie. Contre le tire-pois 96, on ne niaise pas. On sort l'artillerie lourde: les tribunaux avec leur armée de juges fédéraux, s'appuyant sur une constitution anti-québécoise imposée, qui remettront les indigènes à leur place. Et, cerise sur le sundae, on se présente en victime des méchants Québécois devant le tribunal de l'opinion publique...

La réalité de réseaux de santé et d'éducation anglais surfinancés, d'une métropole où le français décline à vue d'oeil, ne suffit pas. Il faudrait éradiquer toute référence aux symboles québécois de francisation. Leur plus récent cheval de bataille? La nouvelle loi fédérale sur les langues officielles ne fait que mentionner l'existence de la Loi 96 québécoise et de la Charte de la langue française. Comme des taureaux enragés devant une cape rouge, ils foncent avec leurs gommes à effacer constitutionnelles contre cette trahison ultime du gouvernement de la majorité anglo-canadienne.

Je ne voudrais pas être un résident francophone de Côte-St-Luc. J'ai été Franco-Ontarien pour les premières 29 années de ma vie et j'aurais l'impression de retrouver les milieux anti-français de ma ville natale, Ottawa. À Côte-St-Luc, les francophones, formant autour de 20% de la population, s'assimilent tranquillement à l'anglais comme s'ils vivaient à Sudbury ou à Moncton. Le taux d'assimilation s'approche du seuil de 15% selon le recensement de 2021.

Les résidents de langue maternelle anglaise ne forment que 43% de la population totale, mais avec les gains chez les allophones, grimpent aux alentours de 60% selon le critère de la langue d'usage (langue la plus souvent parlée à la maison). La langue d'intégration, la langue commune, la langue officielle à Côte-St-Luc, c'est l'anglais. On est au Canada ici, pas au Québec. Anthony Housefather serait sans doute élu roi de ce coin du West Island...

L'anglais n'est pas en danger à Côte-St-Luc. À Montréal non plus. En Outaouais non plus. En Estrie non plus. Les élus de Côte-St-Luc et leurs semblables ailleurs au Québec le voient bien. La proportion élevée d'unilingues anglais autour d'eux démontre qu'on n'a même pas besoin du français. Leur combat suinte de mépris et de colère contre ceux et celles qui veulent protéger et promouvoir le caractère français du Québec. Avec la pusillanimité du gouvernement actuel et la trouille tentée d'indifférence de la majorité des francophones, ils pourraient bien gagner.

La Rhodésie aux Rhodésiens!!!


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