«Les francophones hors Québec plus attachés à la monarchie que les Québécois»? Ce titre en page A4 du Devoir du lundi 26 mai m'a fait sursauter. Si j'avais lu «Les francophones hors Québec moins hostiles à la monarchie que les Québécois», j'aurais moins sursauté...
Ayant passé les 29 premières années de ma vie en sol ontarien, à Ottawa plus précisément, j'ai passé en revue mes souvenirs de cette époque sans y redécouvrir d'«attachement» à la Couronne britannique. Fascination, curiosité, jalousie peut-être devant ces aristocrates bijoutés d'un univers inatteignable pour le commun des mortels, mais aussi l'incarnation de cette domination anglo-britannique qui avait fait payer très, très cher aux Franco-Ontariens leurs luttes pour conserver la langue et la culture françaises.
Si je me fie au titre du Devoir, le monde hors Québec que j'ai connu serait révolu. «Le Canada anglais que je connaissais quand j'étais jeune n'existe plus. C'est terminé tout ça», affirme sans offrir de preuve l'historien franco-manitobain Philippe Mailhot, rappelant sa jeunesse plutôt anti-monarchique alors que les anglophones «s'enveloppaient dans la Couronne».
Avoir été historien, j'aurais étayé mon argument à l'aide d'exemples: recherches personnelles, études bien documentées, quelques sondages d'opinion, etc. Si ce type d'information existe, il aurait été mentionné dans l'article de journal, mais M. Mailhot n'en fait pas état. Il faut donc conclure que l'opinion de l'historien est fondée sur son expérience personnelle et professionnelle, au Manitoba. Rien n'autorise à en tirer une conclusion pour l'ensemble de la francophonie hors Québec.
Un autre historien, Damien-Claude Bélanger, de l'Université d'Ottawa, va plus loin que son collègue franco-manitobain dans son appréciation des sentiments de la diaspora canadienne-française envers la monarchie. «C'est sûr, dit-il, qu'historiquement parlant, il y a eu plus d'attachement à l'égard de la couronne chez les francophones hors Québec qu'au Québec en tant que tel.»
Ah, la certitude, ennemi mortel de l'information. «C'est sûr...» Cet historien québécois, spécialiste des rapports des Canadiens avec la monarchie, n'offre toutefois aucun exemple, aucun fait susceptible de justifier cette certitude. À sa place, j'aurais immédiatement ajouté: voyez ce qui s'est produit ici, là, consultez telle étude démontrant les écarts d'attitude entre la francophonie québécoise et hors-Québec. Non. Rien.
La seule tentative de démontrer effectivement des gestes d'appui ou de soutien envers la monarchie se limite à un paragraphe, dont on ne sait trop s'il doit être attribué à M. Mailhot. On y lit: «Certains groupes francophones hors Québec (lesquels?) montrent depuis plusieurs années leur soutien à la monarchie. Lors du décès de la reine en 2022, l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario avait demandé que les drapeaux franco-ontariens soient mis en berne.»
J'avoue mon ignorance ici. Je n'ai pas entendu ou lu d'information sur un soutien quelconque d'organismes canadiens-français ou acadiens pour la monarchie britannique. J'ai cependant la conviction qu'on ne peut interpréter des drapeaux en berne comme un soutien à la monarchie, et que les motifs de l'AFO lors du décès d'Elizabeth ont probablement plus à voir avec la rectitude politique qu'un quelconque loyalisme envers la royauté de la mère-patrie des anglos.
Je ne conteste pas la possibilité que les francophones hors Québec soient davantage attachés à la monarchie que les Québécois. Compte tenu de leur taux d'anglicisation catastrophique, il est même probable que ces collectivités adoptent des comportements et attitudes qui les rapprochent de la majorité anglophone. Mais de là à l'affirmer sans preuve, notamment dans une manchette de journal, il y a un pas que les professionnels de l'information ne doivent pas franchir.
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RépondreEffacerLe Devoir est incorrigible, imbibé de fédéralisme canadien et sans espoir de rédemption. C'est ce même journal qui s'interrogeait sur ''le silence assourdissant'' des fédéralistes québécois dans la foulée du référendum de 1995. Le rédacteur en chef de ce journal s'attendait-il à un embrasement soudain de la population envers ce bon vieux Canada, ces magnifiques Rocheuses et ce brave Parti libéral du Canada, toujours prêt à noyauter des journaux (y compris Le Devoir lui-même) et à frauder des référendums pour noyer le poisson, dans le but de continuer sur sa lancée de formation politique rassemblant un grand nombre de profiteurs sans scrupules, cérébralement morts et moralement en voie de décomposition? Seul un inconscient sans dessein et vivant dans une bulle coupée du vrai monde trouverait normal de prendre une chambre d'hôtel à 8 000 $ la nuit lorsque les déficits annuels se succèdent sans arrêt d'une année à l'autre, que la dette fédérale grimpe sans cesse en conséquence et que la majorité des gens qui composent ce pays se démènent pour vivre et survivre du mieux possible. Le PLC est devenu un club de privilégiés de plus en plus déconnectés de la réalité, un genre de ''nomenklatura'' canadienne, du genre de celle qui est apparue lors des dernières décades de l'Union soviétique.
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