jeudi 18 avril 2024

Les Acadiens et le serment d’allégeance… de 1755 à 2024…

Capture d’écran d’ONFR

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Les images des trois mousquetaires péquistes, Paul St-Pierre Plamondon en tête, se faisant interdire l'accès à l'Assemblée nationale pour avoir refusé de prêter serment d'allégeance au roi Charles III, ont fait le tour du monde en décembre 2022. Leur entrée au Salon bleu après l’adoption d’un projet de loi mettant fin à cette exigence colonialiste fut tout aussi médiatisée.

Au-delà du débat éternel sur les rapports entre les Québécois francophones et la monarchie britannique, cet épisode historique mettait en lumière la capacité d’un peuple de prendre ses propres décisions quand il est majoritaire sur son territoire et à sa législature. Un pouvoir dont nous sommes privés dans un pays anglo-majoritaire comme le Canada.

À preuve, l’effort  rabroué de rendre optionnel le serment de fidélité monarchique au Parlement fédéral, initiative du député acadien René Arseneault, devenu l’écho dramatique du traitement réservé aux parlant français de ce pays depuis les conquêtes britanniques du 18e siècle. Pour les ressortissants de l’Acadie, le serment au roi brûle comme un fer rouge dans une plaie mal cicatrisée. À partir de 1755, les Anglais avaient répondu au refus des Acadiens de prêter serment à leur monarque par une déportation génocidaire.

Avec l’arrivée de la Confédération en 1867, l’Acte de l’Amérique du Nord britannique (AANB) avait créé une obligation constitutionnelle de jurer fidélité au monarque pour pouvoir siéger au Parlement fédéral. Les députés québécois, qui n’ont jamais apprécié cette génuflexion colonialiste, peuvent au moins se réjouir que leurs homologues de l’Assemblée nationale s’en soient débarrassés. Mais pour les Acadiens, cela reste et restera un rappel douloureux des odieux Monckton, Lawrence et semblables… mais aussi de leur impuissance minoritaire.

Seule une poignée de députés acadiens siègent à la Chambre des Communes. Ils ne peuvent rien contre l’écrasante majorité anglophone qui occupe les bancs du gouvernement et de l’opposition. Même avec l’appui de la totalité des voix francophones (70 ou 75 des 338?) et des grappes républicaines du Canada anglais, le Parlement canadien reste acquis à la monarchie britannique… René Arseneault, fort d’un impitoyable réquisitoire contre 300 années d’oppression et d’injustice, ne plaidait pas seulement pour le droit de refuser de s’agenouiller devant Charles III, mais aussi - et surtout - pour le retrait d’une exigence qui avait valu à son peuple le déracinement et la déportation.

Mais il était seul, ou presque. Il a même été trahi par ses deux collègues ministres, Dominic LeBlanc et Ginette Petitpas, qui se sont opposés au projet de loi de René Arseneault sur l’ordre scandaleux d’un Québécois, Justin Trudeau, qui s’est souvenu qu’à titre de premier ministre du Canada, il incarne la majorité anglophone et son héritage francophobe. Le temps d’un vote, Trudeau, LeBlanc, Petitpas et les autres ministres collabos ont symboliquement endossé les anciens «habits rouges», envoyant promener (au sens figuré cette fois) les descendants de ces Acadiens qui avaient, au 18e siècle, refusé coûte que coûte de jurer fidélité à la Couronne britannique. Et pour doubler le tort d’un affront, on leur a chanté le God Save the King en pleine face, à la Chambre des Communes… 

Ce jour de honte doit servir à rappeler que les minorités n’ont aucun pouvoir contre une majorité hostile. Et que si la tendance se maintient, ce qu’on a fait à René Arseneault et aux Acadiens, on le fera un jour aux Québécois… et on nous infligera le God Save The King au Salon bleu… Vivement la souveraineté avant que notre majorité déclinante nous prive du droit de décider…

2 commentaires:

  1. Il faut créer une province pour les Acadiens. En ce moment, les seuls territoires où ils sont majoritaires, ce sont les municipalités du nord et de l'est du Nouveau-Brunswick, ainsi que certaines municipalités de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard. Avec une province acadienne, ils auraient au moins les pouvoirs dévolus à une province où ils seraient majoritaires, pliutôt que les seuls pouvoirs dévolus à une municipalité. Et dans cette province acadienne, même si elle se limitaire au seul Nouveau-Brunswick, ils seraient deux fois plus nombreux que tous les résidents de l'Île-du-Prince-Édouard...

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  2. Population Île du Prince Édouard 167,680 (province) comparé à Longueuil 251,820 (ville) !!!
    Il faut sortir au plus vite de ce pays qui n'a aucun sens !!!

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