mardi 30 avril 2024

Il n'y a pas de façon amicale d'imposer le français au Québec

Capture d'écran du Devoir

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Le titre du Devoir du 29 avril 2024 m'a fait sursauter (voir lien en bas de page). En gros caractères: «Le déclin du français sera "rapidement inversé", dit Québec.» La source? Le ministre Jean-François Roberge, qui devait en avoir fumé du bon avant d'élucubrer en conférence de presse la veille... Même avec des mesures massue que le gouvernement Legault évitera comme la peste - appliquer la Loi 101 aux cégeps, franciser l'immigration pour vrai, réellement imposer le français comme langue de travail - inverser le déclin serait lent et ardu...

Qu'on l'admette ou pas, la dynamique linguistique a toujours eu des allures de guerre ici, et ce, depuis plus de 200 ans. La langue française a été traitée en ennemi depuis la Conquête. Bon dieu, étudiez l'histoire. On a interdit notre langue au Canada-Uni de 1840, et les Canadiens français et Acadiens ont été persécutés dans toutes les provinces à majorité anglaise après la Confédération de 1867. L'objectif a toujours été clair: nous effacer comme peuple, comme nation, en nous anglicisant. Et nous en subissons toujours les séquelles en 2024.

Après un sursaut national à l'époque de la Révolution tranquille, qui nous a valu l'élection du PQ en 1976 et la Loi 101 l'année suivante, les coups de matraque fédéraux ont rétabli l'ordre. Les générations rebelles de fin du 20e siècle vieillissent et l'esprit de colonisé a nettement repris le dessus. De moins en moins de guerriers montent aux barricades pour défendre le français contre la vague oppressive et trop souvent haineuse qui rétrécit notre îlot gaulois nord-américain. Et nos gouvernants se rendent au front en pantoufles...

Dépenser des centaines de millions de dollars pour accroître et mieux encadrer l'offre de francisation à un nombre d'immigrants excessif ne donnera pas les résultats escomptés si l'on n'agit pas pour modifier les milieux où une forte proportion de ces arrivants feront face à l'omniprésence de l'anglais et finiront par hériter de préjugés tenaces et haineux envers «nous», envers notre culture et notre histoire. Pas besoin de leur faire un dessin pour comprendre que l'anglais domine en Amérique du Nord, au Canada et sur une grande partie de l'île et de la couronne de Montréal, et ailleurs (p. ex. Gatineau). La masse des francophones, loin de s'affirmer, se bilinguise à vitesse grand V. Chez les plus jeunes (et les moins jeunes), un «chiac» anglicisé corrompt de plus en plus le langage et l'écriture. Nous alimentons le mépris dont nous sommes victimes, au lieu de le combattre.

Pendant qu'il nous reste du temps et une majorité, il faut se tenir debout «sans jamais fléchir les genoux», comme le chante Jacques Michel. Il n'y a pas de façon amicale d'imposer le français. La nation, si elle doit survivre, doit faire la loi et la faire respecter. Au Canada, nous sommes minoritaires et les anglophones n'ont jamais raté une chance de nous le rappeler. Ils font les lois, nomment les juges, distribuent les dollars fédéraux, sabotent nos référendums et nous imposent une constitution. Nous devons en tirer des leçons. La majorité d'ici doit s'affirmer: le Québec sera français, tenez-vous le pour dit! Nous sommes chez nous, ici, depuis des siècles et la nation métissée dont nous sommes les héritiers a le droit de se perpétuer.

Si cela signifie que les nouveaux arrivants et les francophones n'auront  pas accès aux cégeps de langue anglaise, qu'il en soit ainsi. Si pour éliminer le «bonjour-hi» et les «hi» tout courts il faut mettre des commerces à l'amende, qu'on le fasse. Nous avons toujours ouvert les bras aux immigrants qui ont choisi de s'intégrer, en apportant du leur à notre parcours de petite nation francophone. Nous continuerons de le faire. Mais on doit cesser d'organiser des «love-in» pour ceux et celles qui nous méprisent et jouent les victimes à chaque fois que nous tentons de résister au bulldozeur anglo-américain. 

Au rythme actuel, le français perdra sa suprématie numérique au Québec d'ici un demi-siècle. Quand nous serons minoritaires et que les collectivités francophones hors-Québec auront à peu près disparu, le sort qui nous attend ne sera pas beau à voir. La désintégration de notre nation sera douloureuse. On voit déjà le précipice à l'horizon, droit devant, à Montréal, en Outaouais. Nous n'irons nulle part avec la CAQ. Il nous reste une élection. Celle de 2026. Une ultime chance de réaliser notre souveraineté culturelle et politique.

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Lien au texte du Devoir - https://www.ledevoir.com/politique/quebec/811818/francisation-coeur-plan-action-quebec-langue-francaise


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