lundi 31 octobre 2022

Le français en perdition...

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capture d'écran du communiqué de l'AFO

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En ce matin du 31 octobre, je me demande toujours s'il s'agit d'un «poisson d'avril» de l'Halloween, d'un déguisement pour faire comme tout le monde ou d'un réel passage au «coté sombre de la force»... Depuis deux jours, je m'interroge au sujet d'un communiqué officiel que j'ai reçu par courriel de l'AFO (Assemblée de la francophonie de l'Ontario), portant sur l'élection de Fabien Hébert à la présidence de l'organisme.

Le massacre à la «tronçonneuse inclusive» de la langue française s'accélère depuis quelques années et les lames semblent plus en plus aiguisées ces jours-ci. Entre la rectitude politique «wôkiste» et le langage soi-disant inclusif qu'à peu près personne n'utilise dans la rue mais qu'on entend et lit fréquemment à la télé et dans les médias écrits, le français fonce droit vers le précipice...

Que des exceptions se profilent va de soi. Le français en déborde. Le problème survient quand les exceptions deviennent la règle. Récemment, un/une candidat/candidate à la mairie d'Ottawa, Catherine McKenney, qui s'identifie comme «personne non binaire», disait préférer qu'on emploie «iel» comme pronom quand on parle d'elle-de lui. Ça, à la limite, je peux toujours comprendre. 

Mais imposer à l'ensemble de la langue française une orthographe non «genrée» relève de l'absurde. Pour les médias, le milieu où j'ai évolué, ça devient un véritable casse-tête. On l'a vu avec M.-Mme McKenney durant la campagne électorale récente à Ottawa. Enlever «M.», «Mme», «il» et «elle» de l'arsenal linguistique complique singulièrement la vie aux journalistes, en plus d'aboutir - dans ce cas-ci - à une répétition excessive des noms McKenney et Catherine McKenney.

Enfin, quoiqu'il en soit, c'est de ce communiqué* de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario que je veux parler. Le titre commence bien mal: «Une nouvelle présidence à la tête de l'AFO pour les 2 années à venir». La «présidence» c'est la fonction de président ou de présidente, et non la personne elle-même. Dans une assemblée, quand on s'adresse à la présidence, on s'adresse à la fonction, peu importe la personne qui l'assume. Fabien Hébert peut bien être élu à la présidence de l'organisme parapluie des Ontariens francophones, il n'est pas la présidence. Il est président. Je me suis dit que c'était peut-être une coquille, une erreur sans plus mais non. Le texte renchérit.

Dès le premier paragraphe, on nous annonce que les membres de l'AFO ont élu «une nouvelle présidence». Et la citation du second paragraphe est attribuée à Fabien Hébert, «la nouvelle présidence de l'AFO». Puis à la phrase suivante, on fait l'éloge de Carol Jolin, «l'ancienne présidence de l'AFO». Pour bien enfoncer le clou de l'inclusion, le texte ajoute que quatre «positions» (anglicisme) «d'administrateur.trice.s» étaient aussi en jeu et que quatre «candidat.e.s» ont été «élu.e.s» sans opposition. Comme moyen de rendre le français plus attrayant et accessible à tous, toutes, j'ai déjà vu mieux...

Deux fois dans le communiqué on emploie le mot président (au masculin) pour désigner Fabien Hébert et Carol Jolin mais nulle part on ne verra les signes les plus fréquents de la masculinité ou de la féminité: M., Mme, il, ils, elle ou elles... Pourtant, trois des quatre administrateurs élus sont des femmes. À moins qu'il ne s'agisse de «personnes non binaires». On ne sait pas. On ne saura plus, si la tendance se maintient.

Une note finale sur le congrès annuel 2022 (devenu réunion annuelle virtuelle) de l'AFO. Il fut un temps où les médias, moins dégarnis, auraient couvert les assises de l'organisme qui affirme représenter l'ensemble de la collectivité franco-ontarienne. Sur Internet, je n'ai trouvé qu'une poignée de comptes rendus de l'élection à la présidence, offerts par Radio-Canada, ONfr+, Le Droit, L'express de Toronto, etc. Quant au reste des assises, les décisions, les orientations, les bilans... rien. Sur l'organisme lui-même, ses membres, sa structure, son fonctionnement... rien.

Misère...

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