mardi 26 septembre 2023

Un manuel d'histoire pour les députés...

Anthony Rota


Pendant près de deux jours après l'incident, survenu le vendredi 22 septembre, personne n'a dénoncé les hommages rendus (erronément) à un ancien soldat de la 14e division SS par le président de la Chambre des Communes, Anthony Rota. Personne ne s'en était rendu compte, apparemment, jusqu'à ce que des organisations juives «sonnent l'alarme» dimanche, 24 septembre.

M. Rota va perdre son poste. Il ne pourrait en être autrement. Mais le président de la Chambre ne saurait porter seul le bonnet d'âne. Le personnel politique qui a orchestré la présence de Yarodlav Hunka lors des hommages à M. Zelensky est tout aussi coupable, sinon plus. Mais au-delà de ceux et celles qui ont participé directement à l'hommage rendu à cet ancien Nazi, les membres du gouvernement Trudeau et l'ensemble des députés siégeant à la Chambre des communes ce jour-là doivent aussi faire leur mea culpa.

Voici le texte de l'allocution de M. Rota: 

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«Vos paroles (celles du président de l'Ukraine) aujourd'hui nous rappellent également celles d'un autre dirigeant étranger qui s'était adressé aux deux Chambres canadiennes en temps de guerre. En décembre 1941, pendant la Seconde Guerre mondiale, le premier ministre britannique, sir Winston Churchill, était venu à Ottawa et avait prononcé un discours passionné au nom de la population britannique pour demander que l’on continue de soutenir son pays en guerre. C'est un tournant de l'histoire, un moment qu'il ne faut jamais oublier.

«Nous comptons parmi nous un vétéran canado-ukrainien de la Seconde Guerre mondiale qui s'est battu pour l'indépendance de l'Ukraine face aux Russes et qui continue de soutenir les troupes, encore aujourd'hui, à 98 ans. Il s'appelle Yaroslav Hunka. Je suis très fier de dire qu'il vient de North Bay et de ma circonscription, Nipissing—Timiskaming. C'est un héros ukrainien et un héros canadien, et nous le remercions des services qu'il a rendus. Merci.»
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Avec une connaissance minimale de l'histoire, tous les auditeurs auraient dû se gratter la tête tellement c'était louche. M. Rota évoquait Churchill, la Seconde Guerre mondiale et, du même souffle, M. Hunka qui a nettement l'âge requis pour avoir combattu vers la fin du conflit, ayant atteint ses 18 ans en 1943 ou 1944. Le problème, bien sûr, c'est que les Ukrainiens de l'époque étaient soviétiques et combattaient avec les Russes, pas contre les Russes, aux côtés des Alliés (dont le Canada) pour abattre l'Allemagne hitlérienne.

La seule façon dont un Ukrainien de cette époque aurait pu lutter «pour l'indépendance de l'Ukraine» aurait été de joindre des unités allemandes ou celles des alliés d'Hitler. Et il est bien connu que les divisions des fanatiques SS recrutaient des apprentis nazis dans les pays occupés par l'Allemagne y compris la France, la Belgique, le Danemark... et l'Ukraine.

Personne, du côté des Alliés, n'a combattu pour l'indépendance de l'Ukraine dans le Second conflit mondial, et après la victoire de 1945, l'Ukraine est demeurée une république fédérée de l'Union soviétique jusqu'à la dissolution de l'URSS au début des années 1990. Quand l'Ukraine est devenue un pays indépendant, la génération de M. Hunka avait atteint l'âge de la retraite. De toute façon, les plus récents textes publiés laissent entendre que ce dernier avait émigré au Canada peu après la Deuxième Guerre mondiale... Le président des Communes, M. Rota, devait donc, nécessairement, évoquer les années où Yaroslav Hunka faisait partie de la 14e Division SS (Galicie).

Qu'aucun des députés de la Chambre des communes - ou un journaliste - n'ait immédiatement bondi pour mettre en doute cette hérésie historique majeure en dit long sur leur connaissance de la Seconde Guerre mondiale... et sur la faiblesse de l'enseignement de l'histoire dans nos écoles. Anthony Rota doit démissionner pour avoir fait de M. Hunka «un héros canadien» et pour l'avoir «remercié des services (sic) qu'il a rendus». Et il pourrait offrir à tous les députés de la Chambre, comme cadeau de départ, un bon manuel d'histoire de la Seconde Guerre mondiale...

2 commentaires:

  1. Vous avez bien raison, députés, ministres et mêmes les médias de masse devraient lire l'histoire de la Deuxième Grande Guerre.

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  2. Ainsi le président de la chambre ne connaît pas son histoire. Rien de nouveau sous le ciel d'Ottawa. Au début des années soixante, une délégation de la Chambre des communes est en visite en France. Parmi les membres de la délégation se trouve le député Prosper Boulanger. Lors d'une réception avec des politiciens et parlementaires français Prosper Boulanger se trouve face à face avec Pierre Mendès-France. Il s'introduit: "Bonsoir, je suis Pierre Mendès-France." Notre député canadien répond: "Prosper Boulanger-Canada." Devant cette gaffe monumental, l'ambassade du Canada en France envoie un message dans lequel on demande au bureau du premier de ministre (ironiquement le PM est l'ancien ministre des affaires étrangères Lester B Pearson) de fournir les instructions et informations nécessaires aux députés. Mais au moins Prosper Boulanger dispose d'une bonne excuse. Google et le téléphone intelligent n'ont pas encore été inventés.

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