Quelqu'un pourrait-il expliquer aux médias d'ici et aux journalistes qui en émanent que la ridicule expression «mot en "n"», en plus d'être un barbarisme et un anglicisme, n'a aucun sens... Et pourquoi ne pas ajouter du même coup qu'en l'utilisant, les organisations médiatiques pratiquent une censure qu'elles sont censées combattre...
Je l'ai entendu sur les ondes de Radio-Canada encore, récemment, au téléjournal, dans un reportage sur une entente survenue entre l'Université d'Ottawa et la professeure Lieutenant-Duval (voir https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2013849/affaire-lieutenant-duval-controverse-uottawa). En 2020, cette dernière, qui donnait alors un cours en anglais, avait prononcé le mot raciste-injurieux nigger pour en expliquer le contexte historique.
Ce rappel du racisme américain avait choqué des auditeurs sensibles, chez qui la simple évocation de ce mot, même dans un but purement pédagogique, provoque des démangeaisons. Les médias de langue anglaise, aussi pudiques que la direction de l'Université d'Ottawa, ont trouvé un substitut louche - «n-word» - pour en parler. Cela ressemble un peu à «celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom» pour éviter de dire tout haut «Voldemort» dans les aventures de Harry Potter.
L'emploi de «mot en "n"» par les francophones n'est qu'un calque de «n-word». Et comme son pendant anglais, il sera toujours ambigu. Fait-il référence à nigger ou negro? C'est pire en français, où le «mot en "n"» peut évoquer nègre ou les deux mots anglais. Et nos bons journalistes, pétrifiés par les lynchages médiatiques de ceux et celles qui osent utiliser le mot juste en pareilles circonstances, sont dans l'obligation de lancer «mot en "n"» à tort et à travers, sans même pouvoir expliquer à l'auditoire le fond de l'histoire qu'ils racontent... En passant, cela s'appelle censure.
Mais au-delà de l'ambiguïté de l'expression et d'une auto-censure qui déshonore nos médias, l'expression «mot en"n"» n'a vraiment pas de sens. Regardez ci-dessous les 15 emplois possibles du mot «en» et dites-moi si l'un seul d'entre eux justifie le recours à ce tout petit mot pour créer le désormais omniprésent «mot en "n"». Bonne chance... Vous n'en trouverez pas...
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Capture d'écran du dictionnaire Larousse |
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Les trois mots dont il est question dans cette expression ont un «n»: c'est la toute première lettre. Ils ne sont pas faits de «n» comme une montre est faite d'or. On compte plus de «g» que de «n», et autant de «e» et de «r». La lettre «n» n'est pas un lieu, une manière d'être, une date ou un vêtement. Et on parle toujours «du» mot-en-«n», comme s'il n'y en avait qu'un, alors qu'il s'agit d'une trinité. Si au moins on disait «l'un des mots anglais commençant par "n"» ou «le mot français commençant par "n"», il y aurait toujours censure mais au moins la censure se ferait en français acceptable.
Devant cette détérioration de notre langue et les génuflexions face à la censure de la rectitude politique, nos médias de dérobent. Il faut pouvoir nommer librement le mal pour l'abattre. Tous les mots font partie de notre coffre d'outils pour combattre le racisme. Arracher ou torturer des pages du dictionnaire ne réglera rien.
Je suis d'accord avec vous. Je pense toutefois aux enseignant-e-s, surtout les plus vieux ou les plus vieilles qui risquent de perdre leur situation ou leur pension à cause d'une jeune personnes trop sensible qui trouve inacceptable d'entendre certains mots supposément offensants. Les mots vagin, pénis ou anus réfèrent à des réalités corporelles et biologiques difficilement contournable. Je souligne aussi que l'existence de rivières latino-américaines ou ibériques dénommées rivière noire (i.e. Rio Negro en portuguais comme en espagnol impliquerait, à cause de l'influence de cette tournure d'esprit, de rebaptiser des dizaines de milliers de cours d'eau, petits et grands, à cause du banissement... d'une couleur. J'ai trois filles, deux adolescentes et une post-adolescente qui ont préféré m'ignorer pendant des mois à cause d'une offense 'ressentie' par elles, au nom de leur mère d'origine africaine, à la suite d'une publication Facebook. Cela montre bien l'impact incroyable de la culture anglo-américaine sur nos vies, un peu partout sur la planète. J'en suis moi-même imbibé. Pourtant, les mots négritude ou études négroïdes n'ont pas en soi d'intention blessante ou choquante. Il faudrait peut-être recentrer les choses et insister que les gens blancs sont en réalité plutôt rosâtres et les gens noirs sont généralement brunâtres. De même, les Asiatiques sont vaguement jaunâtres et non jaunes citron comme tel. Pour ce qui est des Amérindiens, le mot cuivré est plus précis que 'rouge'. Le temps d'exposition d'un peuple au soleil, calculé en millénaires, pourrait être un critère scientifiquement valable pour ce genre de teintes variées. Un blanc qui aurait la couleur d'une feuille de papier serait en fait gravement malade et rares sont les Noirs ayant la teinte prononcée d'une nuit profonde ou du vide spatial. Génétiquement parlant, toutefois, il me semble que nos très lointains ancêtres devaient avoir une fourrure complètement noire, puis une peau initialement complêtement noire elle aussi, avec dégradation progressive pour ceux et celles qui s'éloignaient des tropiques.
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