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À Gatineau, les tours d'habitation luxueuses aux abords de la rivière des Outaouais champignonnent au même rythme que les tentes et abris de fortune d'itinérants sur les rives du ruisseau de la Brasserie, en bordure de l'île de Hull. Un cliché parfait des effets d'une société capitaliste qui carbure aux signes de piastres, où l'on produit d'abord pour ceux qui peuvent payer et assurer les profits. Y'a pas d'argent à faire avec les pauvres qui couchent dehors trois saisons par an pour ensuite chercher un peu de chaleur intérieure en hiver.
Ce matin, on annonçait que le nombre de sans-abri avait quintuplé en moins de cinq ans à Gatineau. De moins de 150 à plus de 700. Les campements d'itinérants qu'on aperçoit du coin de l'oeil dans le secteur Hull en roulant sur l'autoroute 50, de l'autre côté du ruisseau de la Brasserie, sont devenus un véritable village. Heureusement, quand les grands froids sévissent, l'ancien aréna des Olympiques de Hull, situé à quelques centaines de mètres, peut servir de refuge chaleur.
Le maire de Gatineau, France Bélisle, avait brièvement suscité l'intérêt des médias en révélant qu'une femme avait dû accoucher seule dans un boisé près des campements. Les révélations d'aujourd'hui sur le nombre d'itinérants ont fait le tour des médias avec un certain fracas. On entend de nouveau jérémiades et dénonciations. Les gouvernements lancent, comme d'habitude, des millions de billets verts dans la soupe aux piastres. Québec veut ouvrir plus de refuges pour l'hiver. Ottawa coupe la TPS pour la construction d'appartements locatifs, espérant naïvement que les économies ainsi réalisées serviront à réduire les loyers...
Mais les détenteurs des leviers du pouvoir politique, favorisés par la désintégration des médias traditionnels, en particulier la presse écrite, se gardent bien de mettre le doigt sur le vrai bobo : les excès d'un système capitaliste totalement hors de contrôle. On peut comprendre. Ces vils pilleurs du peuple sont leurs copains. Nos élus les ont laissés hausser les prix abusivement, sans justification. Et cette bande de voleurs restera impunie. La Banque du Canada ne punit pas les coupables. Elle attaque les victimes en haussant les taux d'intérêt. L'épicerie coûte plus cher, le loyer et l'hypothèque coûtent plus cher, tout coûte plus cher. Qui empoche ces $$$? Et dans quelles poches les prend-on? Répondez à ces questions et tout devient clair.
Le système est érigé sur le profit. C'est le moteur, et il ne fonctionne pas à l'électricité. Il est polluant. Très polluant. En matière de logement, les constructeurs veulent mettre sur le marché des maisons, des appartements et des condos qui attireront une clientèle capable de payer les sommes qu'ils exigeront. Les propriétaires de blocs locatifs existants augmentent eux aussi les loyers et visent une clientèle similaire. Ils ne sont pas du tout intéressés à accueillir les gens qui peuvent difficilement arrondir les fins de mois. Et bien sûr personne, dans le secteur privé, ne se lance tête baissée dans les «logements abordables». Ce n'est pas payant.
Ce n'est pourtant pas compliqué. La facture d'essence grimpe de 100 $ par mois. La facture d'épicerie gonfle de 100 $ par mois. Dans tous les magasins, c'est la même chose. Même les prix des «spéciaux» sont plus élevés que les prix réguliers d'il y a deux ans. Par dessus le marché, pour ceux et celles de la classe moyenne qui renouvellent une hypothèque, la claque de fin de mois peut être haussée de 200$ ou 300$. Et les revenus ne suivent pas... Pas besoin de faire un dessin. De plus en plus de gens perdent leur logement, en sont expulsés et n'ont pas accès à un logement social parce que l'entreprise privée n'a aucun intérêt à construire pour les pauvres.
Les gouvernements, complices d'un système qui écrapoutit la population dont ils ont la garde, construisent des logements sociaux au compte-goutte. Même s'ils en construisaient des milliers de plus, cela serait, comme on disait jadis, un cataplasme sur une jambe de bois. C'est le système capitaliste lui-même qui doit être remis en question. On n'aboutira pas à grand chose en se contentant d'aider à renflouer les fins de mois des victimes d'un immense réseau de voleurs qui se croient (et qui sont) plus puissants que nos gouvernements. Le problème du logement abordable, de l'itinérance, des sans-abri subsistera tant qu'on aura pas mis ces voleurs à leur place, tant qu'on ne les empêchera pas de nous voler et qu'on ne les punira pas quand ils commettent des abus.
On pourrait peut-être commencer par obliger deux ou trois ministres, le président de la Banque du Canada, des actionnaires de grandes banques à charte, de pétrolières, de chaînes d'alimentation et quelques grands magnats de l'immobilier à passer une semaine sous la tente ou dans un abri de fortune le long du ruisseau de la Brasserie, à Gatineau. Les obliger à subir un peu les conditions qu'ils ont aidés à créer. Ce serait là un bon début. Après, on pourrait commencer à parler des mérites du capitalisme des années 2020...
Il est vrai que le système capitaliste est cruel par nature. Les gouvernements sont là pour encadrer les activités économiques et diminuer les abus autant que possible. Que faut-il faire, cependant, lorsque certains dirigeants trouvent normal de prendre des suites d'hôtel à 8 000 $ la nuit et si d'autres, enrichis par la pratique de la médecine en Arabie saoudite, en tant que neurochirugien, perdrent contant avec les coûts hedbomadaires d'épicerie de ceux et celles qui gagnent moins de 150 000 $ par année...Les retraités comme vous, ou les pré-retraités comme moi, peuvent exprimer par écrit ce que les médias modernes, surtout ceux dont la ligne éditoriale est étroitement contrôlée par des corporations très à l'aise, merci ,ne peuvent pas vraiment dire. C'est pourquoi, sans doute, dans les sociétés actuelles, il y a une gauche qui revendique et une droite qui a intérêt à ne rien changer.
RépondreEffacerVous avez tous les deux raison, mais que pouvons nous faire pour changer les choses pour diminuer la pauvreté radicalement a Québec dans un temps raisonnable ???
Effacercorrection: au Québec...
RépondreEffacerLe gouvernement du Canada a dépensé plus de 8 milliards en Ukraine depuis février 2022. (CBC) . La part du Québec dépensé lè-bas serait d'un peu moins de 2 milliards. Le gouvernement canadien promet de dépenser un autre 1.5 milliards tant qu'il restera un Ukrainien vivant.
RépondreEffacerAvec 2 milliards de $ combien de logements pourrait-on construire ?
Il y aura toujours des pauvres, malheureusement. Peu importe le régime.