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Je pensais avoir tout écrit ce qu’il était possible d’écrire sur l’agonie de mon ancien journal quotidien, Le Droit, agonie s’étant terminée le 30 décembre avec l’ultime publication du magazine papier hebdomadaire, seul survivant des coupes à blanc…
Puis j’ai entendu, sur les ondes de l’émission «Les matins d’ici» de Radio-Canada, une entrevue de circonstance avec la rédactrice en chef du Droit, Marie-Claude Lortie. Et cette dernière a réussi - de façon parfois méprisante - à jeter quelques poignées de sel sur les blessures encore vives de ceux et celles qui voient le largage de l’imprimé (et de l’édition quotidienne numérique) comme une tragédie.
Il y a quelques années, le directeur général de l’époque avait traité de «nostalgiques» les défenseurs de l’imprimé. Mais Mme Lortie semble plutôt les considérer comme des dinosaures. «Dans le monde de l’information on n’est plus dans le papier depuis vraiment très longtemps», lance-t-elle, disant même ne plus se souvenir en quelle année son ancien quotidien, La Presse, avait abandonné le papier. (C’était en 2017, Mme Lortie, ça fait six ans, pas plus…)
La rédactrice en chef du Droit ne doit pas sortir très souvent. Elle verrait des tas de journaux imprimés en kiosque, dont, tout près d’elle, le Journal de Montréal et Le Devoir. Des brontosaures qui persistent à trouver des lecteurs assidus. L’imprimé est durement attaqué, mais il n’est pas mort et le débat sur sa valeur se poursuit.
«On ne pense plus papier, c’est fini le papier depuis tellement longtemps», ajoute-t-elle. J’espère qu’elle parle pour sa bande de convertis au tout-numérique. Sinon, cette affirmation est fausse, et ce, de façon évidente. Ciel, son propre ex-journal vient de publier hier sa dernière édition papier, qu’elle juge suffisamment importante pour inciter les abonnés à la conserver!
Se rendant sans doute compte qu’elle devait modérer un peu ses élans, Mme Lortie concède son affection pour les livres imprimés (on se demande pourquoi) mais pas pour les journaux qui finissent par «allumer les feux de cheminée» ou tapissent «les litières de chats». Pour cette seule affirmation, elle se montre indigne de porter l’étendard de sa profession.
Confrontée à un camelot de 19 ans (!) qui avoue son amour pour le papier et parle de l’inquiétude d’abonnés devant sa disparition, la rédactrice en chef reconnaît qu’il y en a «qui étaient habitués à ça» mais que c’est un changement «nécessaire». Et elle lance une pointe aux vieux en ajoutant qu’il y a sûrement «un côté générationnel là-dedans»… Des jeunes de 19 ans pour l’imprimé? Impossible!
Assez! Le Droit (le journal quotidien) est mort. Vive Le Droit et tous ses artisans depuis 110 ans! Et surtout ceux et celles qui restent pour affronter la jungle du Web.
Les braises restent chaudes. Le débat doit se poursuivre!
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Lien au segment de l´émission Les matins d´ici - https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/Les-matins-d-ici/segments/rattrapage/469057/derniere-parution-papier-du-journal-le-droit-le-30-decembre
Pierre, bien raison sur toute la ligne. Les journaux de grande qualité comme le Devoir, le Globe and Mail, le Monde, etc... sont toujours publiés sur papier. Dans la dernière année, le Droit était devenu un hebdomadaire provincial... qui reprenait le samedi les nouvelles de la semaine!!! On nous dit que le papier était trop dispendieux! Alors pourquoi l'abonnement au numérique sera seulement un dollar de moins que l'abonnement papier (incluant l'édition du samedi) ?
RépondreEffacerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreEffacerLe Globe and Mail et le Monde sont des journaux de référence très connus et réellement de bonne qualité. Je ne dirais pas la même chose du Devoir, ni du Soleil et encore moins du Droit, les deux derniers étant maintenant uniquement disponible en format numérique et probablement promis à une disparition plus ou moins rapide. À ma connaissance, trois quotidiens québécois existent encore en format papier (et numérique aussi). Deux sont probablement en meilleure santé financière que le troisième, simplement parce qu'ils reflètent mieux les aspirations, espoirs et craintes de leurs lecteurs, n'ayant pas fait l'objet de noyautage politique (une manoeuvre de détournenement qui peut être assimilable à un navire pirate s'emparant d'un navire marchand) de la part de formations libérales (vous devinez lesquelles). Le troisième (LeDevoir) ne survit sous forme papier uniquement à cause du fait qu'il peut se le permettre, s'adressant non pas à la masse des gens mais à un genre élite d'élite économique qui souhaite surtout entendre parler de ses préoccupations très pointues et trop détachées des réalités populaires. Cette élite pseudo-intellectuelle est bien sûr constituée de ceux qui sympathisent avec (et se reconnaissent dans) l'équipage du bateau pirate qui a abordé et pris le contrôle du Devoir. Pour rester dans la même image, LeDevoir est donc lu et apprécié par les militants de la formation ayant pris le contrôle effectif du média dirigé autrefois par le très catholique et très fédéraliste Claude Ryan, à une autre époque. Ce journal est donc devenu le reflet des valeurs économiques et capitalistes des héritiers des pirates qui en sont devenus propriétaires, au siècle dernier, plutôt que le reflet des valeurs catholiques antérieures. J'ajouterais pour finir que le propriétaire (nationaliste, indépendantiste et péquiste) du Journal de Montréal et du Journal de Québec (et fils de leur fondateur) est un homme d'affaires bien enraciné dans le terreau québécois, notre terroir nationaliste, comparativement aux élites fédéralistes qui font vivre ce très élitiste journal qu'est LeDevoir (au même titre que LeSoleil et LeDroit, d'ailleurs, tous deux maintenant numérisés), ce propriétaire, donc, a beaucoup investi ces dernières années dans un bureau d'enquête qui ne se contente pas de répéter les lignes de presse et les points de vue des chambres de commerce du Québec, ainsi que dans des chroniques d'actualité assez diversifiées, réflétant mieux la palette des opinions prévalant aujourd'hui dans la société québécoise, comparativement au Devoir, au Soleil ou au Droit, des publications qui, en réalité, se contentent d'être les porte-paroles officieux (et parfois dupes) d'un certain parti provincial ou d'un certain parti fédéral, ainsi que des milieux d'affaires actifs dans leur localité respective. Les trois journaux susnommés ont en effet pour fonction réelle de répandre la bonne parole idéologique, l'orthodoxie économique et l'évangile du jour, individualiste ou diversitaire, auprès des populations (qu'il perçoivent évidemment comme des 'clientèles' à gagner ou conserver) vivant dans les agglomérations de Montréal, de Québec et de Gatineau, lesquelles sont bien sûr les trois concentrations urbaines les plus populeuses de la province.
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RépondreEffacerUn quatrième commentaire: vous auriez pu (ou dû) omettre le point d'interrogation à la fin de votre titre, vu que les prétentions des représentants actuels de votre journal ne sont guère crédibles à des oreilles plus nombreuses que l'on pourrait croire, les lecteurs du Journal de Montréal et du Journal de Québec étant à la fois plus nombreux et mieux informés que les descendants des sympatisants des pirates d'hier ou d'avant-hier, dépendamment de l'âge que l'on peut avoir. Ce point d'interrogation est révélateur de l'attachement (compréhensible) qui subsiste en vous envers cette publication et envers ses 'artisans', pour recourir à votre propre vocabulaire.
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