vendredi 1 décembre 2023

Université franco-ontarienne... Médias mal informés...

capture d'écran de la lettre ouverte du RÉFO et de la FESFO, décembre 2016

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Quand un dossier d'actualité demeure actif pendant plus d'une dizaine d'années, comme pour la plus récente des campagnes en faveur d'une gouvernance francophone universitaire en Ontario, la plupart des journalistes qui traiteront du sujet en 2024 n'auront aucune souvenance et peu de connaissances des luttes qui ont eu lieu aux moments les plus déterminants - 2012 à 2016 - alors que le projet se définissait.

La mémoire médiatique s'estompe d'ailleurs depuis cinq ou six ans, au point où l'on voit régulièrement des quotidiens ou des bulletins de nouvelles télévisés affirmer que la soi-disant Université de l'Ontario français à Toronto constitue «l'aboutissement» des années de luttes pour la création d'une université franco-ontarienne.

Or rien n'est plus faux et nos journalistes trimballent cette erreur sans sourciller, sans vérifier, se copiant les uns les autres sans prendre la peine de consulter les archives. Le projet - le vrai - voulait assurer une gouvernance francophone de tous les programmes universitaires en français, d'un bout à l'autre de l'Ontario, y compris ceux des deux universités bilingues, Ottawa et Laurentian (ex-Laurentienne).

Lancé en 2012, ce projet piloté par le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) et deux alliés, la FESFO (étudiants du secondaire) et l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, avait été torpillé non pas par la bande à Doug Ford en 2018 mais par les libéraux de Kathleen Wynne, Madeleine Meilleur en tête, vers 2015, avec la complicité des universités bilingues, Ottawa en particulier. On avait lancé des miettes aux francophones sous la forme d'un petit campus à Toronto (devenu l'UOF), miettes que Ford a tenté de reprendre après son élection.

J'ai toujours été très engagé dans ce dossier, depuis le début, d'abord  comme éditorialiste au Droit (jusqu'en 2014) puis comme blogueur jusqu'à aujourd'hui. J'ai beau le répéter aussi souvent que je le peux, j'en ai même parlé à des journalistes, le message ne passe pas dans les médias de langue française, qui persistent à présenter le maigre campus Toronto (l'UOF) comme une victoire, comme l'aboutissement des revendications étudiantes de la décennie précédente.

Dans l'espoir que quelqu'un, quelque part, soit toujours intéressé à s'informer et à cesser de colporter des faussetés, je reproduis ici des extraits d'un communiqué du RÉFO et de la FESFO (abandonnés cette fois par leur allié plus collé au pouvoir, l'AFO). Si, après avoir lu, on persiste à présenter l'UOF comme l'université que voulaient les deux grandes organisations étudiantes, alors il 'y a plus rien à faire. Le mensonge restera incrusté et impossible à déloger.

À la fin de 2016, le gouvernement libéral ontarien avait créé un Conseil de planification en vue de la création d'une université franco-ontarienne dans la région de Toronto. Aucun étudiant n'était invité à y siéger et la dimension provinciale de la revendication était éviscérée. Les chefs de file du mouvement étudiant franco-ontarien ont publié, fin novembre ou début décembre 2016, une lettre ouverte (voir lien en bas de page) qui passera à l'histoire comme l'ultime cri du coeur de ceux et celles qui montaient aux barricades depuis 2012. Ils écrivaient donc, entre autres:

«Il arrive un moment où l’on ne peut plus passer sous silence notre indignation, alors que toutes les voies diplomatiques ont été épuisées. Nous en sommes arrivés à cette conclusion, lorsqu’aucun.e représentant.e de la jeunesse franco-ontarienne n’a été nommé.e pour siéger au Conseil de planification pour une université de langue française. Le gouvernement refuse aussi toute possibilité d’élargir le mandat de ce conseil afin qu’il puisse étudier un projet d’envergure provinciale desservant toutes les régions de la province. Par ce refus, on prive ce projet de l’oxygène nécessaire à sa réussite.

«À force d’ignorer nos recommandations et de demander notre patience, ce gouvernement a dilué le grand projet d’université de langue française provinciale qui a été imaginé par des représentant.e.s de tous les secteurs et toutes les régions de notre communauté lors des États généraux sur le post secondaire en Ontario français.

«Cette large consultation a sonné l'alarme quant à la minorisation de la population francophone dans les universités bilingues, la nécessité d'augmenter l'offre de programmes en français en Ontario et particulièrement dans le Centre-Sud-Ouest, la fragilisation de certains programmes en français existants et le manque de gouvernance par et pour les francophones au sein des universités bilingues.

«Afin de sortir de cette crise, les États généraux proposaient de créer un conseil des gouverneurs composé d’experts qui connaissent le régime universitaire franco-ontarien actuel et qui pourraient dénouer l’impasse en proposant un nouveau modèle adapté aux réalités de la francophonie ontarienne du Sud, du Nord et de l’Est de la province. Or, le mandat accordé au Conseil de planification ne va pas en ce sens et évacue la possibilité d’atteindre une véritable gouvernance universitaire par et pour les francophones sur l’ensemble du territoire ontarien

Impossible d'être plus clair. Alors allez-y, chers collègues des médias, continuez de raconter vos belles histoires qui ne collent pas à la réalité des dix dernières années. Si vous avez lu le cri de désespoir ci-haut des maîtres-d'oeuvre du combat pour une véritable université de langue française en Ontario, vous n'avez plus aucune excuse...

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Lien à la lettre ouverte du RÉFO et de la FESFO - https://us7.campaign-archive.com/?u=b22bfee8a1e299f52742ef0a4&id=05d24d9e5f


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