jeudi 7 décembre 2023

Une ville sans coeur? Oui, parfois...

À Gatineau ce genre de chose arrive... Alors que des itinérants gèlent - et meurent - dans un campement de plus d'une centaine de tentes près d'un ruisseau et d'un aréna, en pleine ville, des promoteurs immobiliers achètent de vieilles maisons, les laissent dépérir pour ensuite les démolir avec l'assentiment des élus municipaux. Pendant ce temps, d'autres gens d'affaires (dont d'importants promoteurs immobiliers) se cotisent pour apporter, entre autres, des chaufferettes dans les abris de fortune des itinérants...

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Capture d'écran Noovo Info

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Il y a quelques jours, à Gatineau (vieux Hull), on apprenait dans Le Droit la mort d'un deuxième personne itinérante en moins d'un mois dans le «village» de tentes et d'abris improvisés en bordure du Ruisseau de la Brasserie et du vieil aréna Guertin. À l'été, une femme avait accouché au camp des itinérants, et une seconde, également sur le point d'accoucher, avait été prise en charge in extremis.

La veille, en manchette, le journal Le Devoir révélait que le nombre de démolitions avait plus que triplé en 2022 à Gatineau. Le directeur des communications au bureau du maire France Bélisle précisait en toute candeur: «Les maisons allumettes (maisons ouvrières patrimoniales du vieux Hull) se sont fait acheter par des promoteurs qui les laissent aller pour les démolir.»

Ainsi, concluait Le Devoir, des terrains bien placés sont acquis de la sorte pour relativement peu d’argent. «Les promoteurs disent que c’est la crise du logement, que les bâtiments ne sont pas en bon état et qu’il faut les démolir», ajoute la conseillère municipale Caroline Murray, citée par le quotidien montréalais.

A-t-on besoin d'en rajouter pour comprendre que nous avions ici une situation qui frise l'indécence? Des promoteurs véreux achètent à bas prix de vieilles maisons qui pourraient servir à loger quelques victimes d'une pénurie criante de logements abordables, et attendent que l'état de négligence de ces maisons justifie une demande de démolition. Et le conseil municipal, qui fréquente plus souvent l'élite d'affaires que le pauvre monde, s'en fait complice.

Puis un jour, capitalisme 101, quelques-uns de ces promoteurs auront suffisamment de terrains vacants pour construire un bloc ou une tour qui leur rapportera beaucoup, beaucoup d'argent. On devine qu'ils ne ciblent pas une clientèle d'itinérants. Avec leurs profits, ils pourront aller porter eux aussi des appareils de chauffage, des couvertures ou des vêtements chauds à ces personnes qui, le plus souvent parce qu'elles n'ont pas le choix, passent des nuits à moins 20 degrés au bord d'un ruisseau gelé ou blottis contre un vieil aréna où des morceaux de glace chutant du toit risquent de les blesser ou de les tuer.

Un conseil municipal qui se respecte aurait depuis longtemps agi pour tenter, par tous les moyens, de venir en aide aux plus démunis et pour punir ceux qui les condamnent à la pauvreté et, même, à l'itinérance. Si on pouvait obliger les coupables et leurs complices à passer quelques dizaines de nuits dans une tente ou un abri en plein hiver, entourés de personnes en situation d'itinérance, quelque chose changerait...


1 commentaire:

  1. L'itinérance est d'une tristesse incroyable dans un pays riche comme le nôtre !!!

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